La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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[No-]go zone

Goutte d’Or–Barbès, quartier-monde, oxymore urbaine, marge au cœur de Paris.  Enclave en mutation, exclusion et gentrification sur le même trottoir. Jamais aussi attractif que depuis qu’il a été déclaré “no-go zone”.

par Sébastien Rutés et Thomas Gayrard
32, rue Polonceau : une histoire criminelle

32, rue Polonceau : une histoire criminelle

Refuge de malfaiteurs, théâtre de crimes passionnels et cachette de receleurs, l’hôtel du 32, rue Polonceau a abrité toutes les passions humaines depuis sa construction jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Il fait la preuve une fois encore, si besoin était, de cet esprit des lieux qui, à la Goutte d’Or, survit aux changements de propriétaires comme aux démolitions. (Lire l’article)

Rue Ordener

Rue Ordener

Perçu par certains comme un réduit islamiste, la Goutte d’Or a été et est encore un quartier juif. Elle est aussi un quartier juif, voudrait-on dire. Car, au-delà des stéréotypes et des préjugés, la Goutte d’Or n’appartient ni aux uns ni aux autres : depuis ces premières vagues de réfugiés qui fuyaient les pogroms jusqu’aux migrants d’aujourd’hui, elle reste un quartier cosmopolite où les solidarités prennent le pas sur les différences. (Lire l’article)

Siffler en travaillant

Siffler en travaillant

S’il lui est étroitement associé, le quartier n’a pas attendu le hip-hop pour jouer un rôle dans l’histoire de la musique. Sans surprise, plutôt du côté des besogneux que des virtuoses. Pour la musique, il en va de même : la Goutte d’Or fut longtemps un quartier de facteurs d’instruments, sans doute à cause de la proximité des fonderies. Ainsi l’histoire de la musique à la Goutte d’Or épouse-t-elle l’histoire ouvrière. (Lire l’article)

Cultures, culture : 1-8, quartier hip hop

Cultures, culture : 1-8, quartier hip hop

Depuis vingt ans que j’habite à Marcadet-Poissonniers, il est un work in progress dont je ne me lasse pas de contempler les mues : les 300 mètres du mur graffé de la rue Ordener, le plus grand peint à la bombe en Europe paraît-il. Fresque-palimpseste, vivante trace de la longue aventure commune entre ce XVIIIe Est et la culture hip hop, l’un des plus riches, populaires et complexes mouvements de notre pays depuis 30 ans, qui trouve dans un tel quartier un royaume de prédilection. Balade parmi les repères & repaires du rap made in 1-8… (Lire l’article)

Culture, cultures

Culture, cultures

La Goutte d’Or n’est pas très présente en littérature, mais une seule œuvre a suffi. La Goutte d’Or, c’est L’Assommoir. Aujourd’hui, une placette mal fichue est ainsi baptisée. Pour le reste, Boris Vian donne son nom à un escalier décrépit et Carco à un coude insalubre où vécut l’ogresse Jeanne Weber qui étrangla une dizaine d’enfants du quartier à la fin du XIXe siècle… Et c’est à peu près tout pour la littérature. En apparence car, à la Goutte d’Or, quartier en tension entre le visible et le clandestin, même la culture se cache. (Lire l’article)

Cité radieuse

Cité radieuse

Comme l’Enfer l’est de bonnes intentions, le Ghetto est pavé de bonnes volontés. Sur ces mêmes trottoirs de misère et de violence où nous avons  slalomé entre putes et toxs, reviens au point de départ, et s’il te faut y croire à nouveau un jour de déprime, suis plutôt le chemin de choix qu’ont tracé âmes généreuses et cœurs vaillants sur le goudron de la Goutte d’Or. Te voilà parti pour un voyage sans fin, à relier les fils de ce réseau invisible qui tresse si impressionnant maillage militant, fils d’Ariane vers la lumière dans le dédale du pâté de maison. (Lire l’article)

Yeehaw !

Yeehaw !

No doubt, la Goutte d’Or, c’est la no-go-zone, les chiffres sont là, no trespassing, les statistiques, go away ! Mais, revers de la médaille, la zone de non-droit a justement cet avantage qu’on ne s’y embarrasse guère des lois. Goutte d’Or aux deux facettes : la liberté pour contrepartie de l’insécurité. Les Américains n’y sont pas sensibles ? Il est loin le temps de la conquête de l’Ouest… (Lire l’article)

Cité autonome

Cité autonome

Si la Goutte d’Or est une enclave dont on glose l’extraterritorialité, le square Léon fait office d’enclave dans l’enclave, de cercle dans le cercle. Indéniablement, un territoire à part, avec ses règles et sa sociologie propres. Dans le passé, des vignes poussaient là, ces fameuses vignes à l’origine du nom du quartier, autour d’un moulin connu comme le moulin Fauvet, du nom du propriétaire d’une guinguette. Aujourd’hui, on y deale… (Lire l’article)

En trop

En trop

Trottoir plein de déchets comme une liste à la Prévert, bazar des étals où se vend tout et n’importe quoi, polyphonie des langues du monde et cacophonie des sirènes de secours… Ainsi la caverne d’Ali Barbès s’ouvre-t-elle trésor au visiteur : tout ici est excès, surenchère, saturation. (Lire l’article)

En manque

En manque

La Goutte d’Or est un quartier en manque de commerces. Presque aucune librairie, la plupart des commerces de bouche absents, aucune banque. La pénurie s’inscrit dans le bâti même. Quartier de terrains vagues qui affichent à chaque coin de rue ce qu’il a été et n’est plus, souvenirs d’époques plus fastes envahis d’herbes folles. (Lire l’article)

Land of the dead

Land of the dead

Du pavé de Château-Rouge au quai de Marcadet-Poissonniers, je suis de ceux qui tous les jours, croisent les regards de la Méduse. Il n’y a guère de spectacle humain plus douloureux que le reflet morbide qu’offre au passant le grand toxicomane. En sus de sa peine des Enfers, il est à fuir comme une peste, porteur de la mauvaise nouvelle de notre sort – misère, vieillesse, maladie, accident, tous nos cavaliers de l’Apocalypse enchaînés dans une seule chair. Mais si c’est sur un pont de mon quartier que je peux rencontrer tel zombie de cauchemar, ici plutôt que dans le XVIe arrondissement, c’est que tout ce chaos est un ordre. (Lire l’article)

King Kong à la Goutte d’Or

King Kong à la Goutte d’Or

Certaines nuits, on entend des hurlements place de l’église Saint-Bernard. Des cris qui font penser à la forêt et se blottir sous les couvertures en frissonnant. Ce sont les bandes d’enfants du square Alain-Bashung. Pendant quelques jours, la presse n’a parlé que d’eux, avant de les oublier. Ils sont venus de Tanger, où ils vivaient de faire les poches aux touristes à la sortie des bateaux. On voudrait les rêver en Peter Pan et les Enfants Perdus mais ceux-là n’ont pas refusé de grandir. Au contraire, ils ont grandi trop vite. (Lire l’article)

Du mauvais côté

Du mauvais côté

Il y a comme deux arrondissements dans le XVIIIe, et il n’est qu’à longer le boulevard Barbès une nuit d’été pour voir se tracer une frontière sur la carte de la ville. Une frontière qui reconstitue en miniature la géopolitique de la capitale et de l’Île-de-France : les plus riches à l’ouest, les vrais pauvres à l’est. Une partition héritée du XIXe siècle et de sa révolution industrielle, quand l’urbanisme et la sociologie de la métropole se sont fixés… en suivant le sens du vent. (Lire l’article)

Franciade

Franciade

À l’angle des rues Saint-Bruno et Saint-Luc, juste en face de l’école maternelle où s’alignent les trois mots de la République, on a tagué à l’encre noire : “La France est annulée jusqu’à nouvel ordre”. Je vais prendre ma photo, un monsieur fait de même avec son téléphone portable. En me montrant une voiture de la mairie stationnée le long de l’église, il confesse : “Moi, c’est pour le faire effacer”. Il a l’air un peu gêné. “Moi, c’est pour m’en souvenir.” Il sourit, l’air complice. Si ça ne tenait qu’à lui… (Lire l’article)

Le centre du monde

Le centre du monde

Je suis une ordure. Un salaud de gentrificateur, de la vermine d’envahisseur bobo, une saleté de mec cool et content de lui. Moi qui me crois avant-garde des arts et lettres, je ne suis qu’avant-poste de l’embourgeoisement de mon quartier. De la Brasserie Barbès à la rue Myrha, la lèpre s’est répandue partout. Alors quoi, vaut-il mieux que chacun reste cantonné dans son ghetto respectif, et tout ira bien ? (Lire l’article)

Corée du Nord

Corée du Nord

La Goutte d’Or, c’est un peu comme la Corée du Nord. En général, on n’y pense pas. Mais, de temps en temps, un missile en part, qui va s’abîmer au milieu de l’océan. Alors, le monde se sent menacé et regarde vers la Corée du Nord. Et puis les choses se calment, le monde se lasse et les Coréens retournent à leur isolement. De la même façon, on redécouvre périodiquement la Goutte d’Or… (Lire l’article)

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