La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Chroniques
Footbologies, par Sébastien Rutés
Foot, Footbologies, Footbologies 2015-2016

J36 – L’ordre des choses

Un coup d’œil au classement à deux journées de la fin du championnat fait apparaître une curieuse équivalence : en tête le Paris Saint-Germain (premier budget de Ligue 1), devant l’Olympique Lyonnais (troisième budget) à égalité de points avec l’AS Monaco (deuxième budget). Les plus riches aux premières places, les plus pauvres en fin de classement. Pas de surprise, chacun à sa place. Bien sûr, le supporteur préfèrerait voir son club remporter le championnat contre toute attente, mais l’ordre des choses le rassure. (Lire l'article)

Footbologies. Une chronique de la Ligue 1 par Sébastien Rutés
Foot, Footbologies 2016-2017

J31 – Les divins enfants

Pépite, petit prince, diamant brut : chacun y va de sa métaphore pour qualifier Killian Mbappé, le joueur monégasque de 18 ans qui a connu la semaine dernière sa première sélection en équipe de France. Ce sont les mêmes qu’on a appliquées avant lui à d’autres jeunes promesses tombées dans l’oubli depuis. D’où vient la fascination du football pour les jeunes prodiges ? La conjonction du talent et de la précocité n’explique pas tout. Entre scandales sexuels, évasion fiscale et corruption, ce qui fascine dans le jeune prodige, c’est l’innocence. (Lire l'article)

Altaf Tyrewala - Le ministère des sentiments blessés - Actes Sud
Ordonnances littéraires

Le Ministère des sentiments blessés pour Gilles Le Gendre, député trop subtil

Il est des patients qui découragent les meilleures volontés médicales. Monsieur Gilles Le Gendre, président du groupe La république en marche à l’Assemblée nationale, en fait partie. Après avoir affirmé, voici quelques semaines, que le seul tort de la majorité présidentielle était d’avoir été trop intelligente, subtile et technique, il a été admis en urgence par le Dr R. qui, depuis, rechigne à le soigner tant elle le trouve antipathique. Le sens du devoir médical finit par l’emporter et elle lui prescrit non sans subtilité quelques extraits d’un long poème d’Altaf Tyrewala, Le Ministère des sentiments blessés, récemment conditionné en français aux éditions Actes Sud. La lumineuse clarté de cette subtile poésie aidera-t-elle notre patient... dont le Dr R. pourra enfin se débarrasser ? Espérons-le. (Lire l'ordonnance)

Foot, Footbologies 2016-2017

J22 – Le pouvoir de l’image (poétique)

Personne ne représente mieux la pensée cartésienne que ces commentateurs sportifs pour qui la raison se veut l’unique mode d’accès à un réel dont la description bannit tout recours à l’imagination au profit du seul prisme de la statistique. Leur discours sur le football se veut objectif, leur lexique lorgne du côté de la science jusqu’à l’hypercorrection (la « technicité » plutôt que la « technique ») et toute approche poétique de la réalité est bannie. Or, par la grâce d’un commentaire sportif imagé, le match peut se transformer en parabole ou en fable, avec la possibilité d’une morale. Le match au sommet entre le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco offrait la possibilité d'une telle approche déréalisante. (Lire l'article)

Diogène en banlieue: une chronique de Gilles Pétel. Chapitre 5: Contact
Diogène en banlieue

Contact

Après avoir examiné les visages fermés des élèves de ma terminale scientifique, je compris qu’il me faudrait d’abord regagner leur confiance. Cela signifiait affronter une forme de suspicion que je n’avais jamais rencontrée au cours de ma carrière : les élèves me prenaient pour un professeur au rabais. Je tombais du ciel avec trois semaines de retard et ils s’imaginaient à l’évidence que je ne possédais aucune qualification. (Lire l'article)

Choses revues, Détournements

Le Smart-Aphone

De même qu'il est important de se nourrir en privilégiant les circuits courts, de ne plus voyager loin, et de préférence en train, il est important de revenir au plus vite à des conversations de proximité.

Ordonnances littéraires

Les Géants d’Ermanno Cavazzoni pour les Schtroumpfs

Le service de médecine littéraire s'interroge sur ses propres pratiques thérapeutiques. Sur ce, les Schtroumpfs, atteints de stress post-traumatique, y débarquent. Débarrassés de Gargamel, ils ne supportent nerveusement pas l’activisme de Jupiter. Nous leur proposons un protocole psychiatrique en plusieurs étapes basé sur la somme unique d’Ermanno Cavazzoni, Les Géants, de leurs caractéristiques physiques et sociales à l’histoire de leur chute. La thérapie devrait rassurer les patient.e.s sur leur propre condition. (Lire l'article)

An irish story, spectacle de Kelly Rivière au théâtre de Belleville
Le coin des traîtres, Théâtre, Traduction

Kelly Rivière remonte à la source

À partir d'un secret de famille (un grand-père irlandais disparu dont personne ne veut parler), Kelly Rivière, seule en scène, offre une hilarante pièce intime solidement construite. Dans sa quête des origines, elle passe sans cesse d'une langue à l'autre, jusqu'à brouiller les repères, comme si les barrières linguistiques étaient emportées par le flux de son histoire. Une incertitude linguistique qui fait écho aux incertitudes d'un final qui laisse beaucoup plus de questions que de réponses.

Daniele da Volterra - David et Goliath (verso) - ca.1555 - Musée du Louvre, Paris
Sciences du fait-divers

Arme blanche et misère noire

“Il sort un plus gros couteau que son agresseur.” D’abord, admirons de ce titre la belle économie de moyens : en quelques mots, nous avons le champ et le contrechamp, le pile et le face ainsi que la monnaie de la pièce. Il est question ici de l’attaque d’une petite épicerie de Fall River dans le Massachusetts, avec défense héroïque de son propriétaire machette en main et fuite piteuse de l’agresseur armé d’un poignard juste un peu plus petit. Et interrogeons-nous sur la scène elle-même, où se trouve résumée toute la misère du monde occidental. (Lire la suite)

Courrier du corps

Daron, ceinturon, téléportation

Il y a un gag récurrent sur Vine (ou Instagram), chez les jeunes garçons dont les parents sont originaires d'Afrique de l'Ouest : le fils se retrouve face à son père armé d'une ceinture qui le frappe, en général sans motif probant, sinon que, puisque la ceinture existe, il faut s'en servir. Et à quoi d'autre, logique de l'absurde, si ce n'est à sévir ? Nous adultes, nous savons pourquoi le père veut toujours taper le fils : parce qu'un ordre social plus grand que le fils demande que celui-ci y soit intégré, ordre dont le fils n'a pas la moindre idée. Le running gag du père frappeur participe d'un ensemble de saynètes qui racontent avec humour un prolétariat classiquement désireux d'élévation sociale. (Lire la suite)

Footbologies, une chronique de la Ligue 1 de Football, par Sébastien Rutés
Foot, Footbologies, Footbologies 2015-2016

J26 – Le déni de réalité

Le latéral du Paris Saint-Germain Serge Aurier a insulté ses coéquipiers et son entraîneur au cours d’un vidéo-chat public. Le lendemain, sa première ligne de défense fut de crier à la manipulation : la vidéo aurait été truquée. Plus tard, il a accepté les faits et présenté ses excuses. Ce qui frappe, c’est la similitude entre sa réaction initiale et celles qui sont la norme sur un terrain : le déni de réalité. On entend souvent dire que les footballeurs ne vivent pas dans la réalité. L’argent en serait la cause, qui les enfermerait dans une tour d’ivoire. Mais ne serait-ce pas tout simplement la société du spectacle qui le voudrait ? (Lire l'article)