La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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À se tordre de rire
| 28 Oct 2016

Tous les matins, ça recommence, à l’heure du petit déjeuner, c’est-à-dire à l’heure où l’on branche la radio, c’est inévitable, on se tord de rire. Que de bonnes blagues, de bonne nouvelles. On se tord et ça fait mal au ventre. Le bouquin de François Hollande par exemple : mort de rire ! Les déclarations de Donald Trump : plié en deux. En parlant d’Hillary Clinton, il dit : “Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ?” Mdr ! Et encore : “Je préviens les gens qui viennent ici de Syrie, parmi cette vague d’immigration massive, que si je gagne, ils devront retourner chez eux !” Lol ! On coupe la radio.

On fait un tour sur Facebook et de nouveau, c’est la crise de fou rire à avoir mal au bide. Les gens postent des chats, des tas de chats, leurs chats ou ceux de la voisine, des chats qui roupillent, des chats la patte dans un aquarium, des chats qui glissent et tombent, des chats mouillés, des chats horrifiés qui se découvrent dans un miroir, des chats qui griffent des chiens ou qui leur donnent la papatte, des chats déguisés, des chats savants…on n’en peut plus. On a beau avoir la ceinture abdominale solide, on commence à fatiguer à s’éboyer de rire. Parce que l’on sait que ce n’est pas terminé, que demain, un mot encore plus hilarant va déclencher une nouvelle crise convulsive, comme celui de démantèlement. Démanteler la jungle, c’est pas poilant !

Dans Ha ! Ha !, un spectacle de 2006, un concert vocal et gestuel pour sept danseurs et des mannequins, Maguy Marin nous avait prévenus : on ne peut pas rire de tout avec tout le monde. Elle y évoquait entre autres les blagues racistes, sexistes, antisémites. Mais aujourd’hui, on est quasiment certain qu’elle se tord elle aussi. Et quitte à se tordre, autant le faire avec Rachid Ouramdane (directeur avec Yoann Bourgeois du Centre chorégraphique national de Grenoble). Il reprend un duo qu’il avait créé en 2014 pour deux interprètes : Tordre. Il s’agit d’un double portrait de deux femmes qui ont chacune fait de leur handicap une projection. Annie Hanauer danse avec une prothèse qui prolonge son bras trop court. Lora Juodkaite ne cesse de tourner sur elle-même comme elle le fait depuis qu’elle est enfant. C’est un duo tendre, lumineux et estomaquant. “Tordre, c’est ça, dit le chorégraphe : contourner la chose la plus ostentatoire, aller à contre-sens, déconstruire les préjugés du spectateur, la pré-organisation de son regard.”

Allez une petite dernière pour la route: vous connaissez la blague de la chaise ? Elle est pliante.

Tordre, de Rachid Ouramdane, au Théâtre de la Cité Internationale, avec le Festival d’Automne à Paris et le Théâtre de la Ville, du 3 au 10 novembre.

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