La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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La Toussaint
| 29 Oct 2020
 Les mots de notre quotidien, anodins ou loufoques, parfois nous font de loin un petit clin d’œil, pour nous inviter à aller y voir de plus près. Mot à mot, une chronique pour suivre à la trace nos mots et leurs pérégrinations imaginaires.

Vestidos Calacas © Christilla Vasserot

Le 1er novembre, c’est férié, c’est la Toussaint. C’est l’époque où l’on part, sous la pluie, rendre visite aux défunts. Sauf qu’on se trompe. La Toussaint et la fête des morts sont pour l’Église deux choses bien distinctes. La première, comme son nom l’indique, célèbre tous les saints, ceux qui ont été canonisés quoi, la seconde c’est pour le reste des mortels, enfin des morts, puisqu’elle est consacrée à la commémoration de tous les fidèles défunts.

Mais on mélange, grands dieux, parce que l’une tombe le 1er novembre et l’autre le 2, alors, évidemment… et puis aussi parce que Toussaint, défunts, ça rime, c’est tout un. Qu’est-ce qu’on va faire des différences entre les morts maintenant ! De toutes façons, y z’étaient pas plus saints que moi…

Je suis bien d’accord.

Et quitte à ne pas faire de différences… n’y a-t-il pas comme un paradoxe, une ironie, enfin ne peut-on voir un petit clin d’œil dans le fait que tant de personnalités, de célébrités comme on dit, se retrouvent à Paris, justement au… Père Lachaise ? Parce qu’entre nous, comme nom, je trouve que ce n’est pas distingué-distingué.

Moi, le Père Lachaise me fait irrémédiablement penser à la Mère Michel et, tout à la fois, à une chaise percée. L’image n’est pas très élogieuse. Mais elle ne manque pas de logique, comme toute association d’idées.

Tout le monde sait que la défécation a ceci de commun avec le cimetière, que, célèbre ou pas, quand il faut y aller, faut y aller. Ça dédramatise la chose.

Figure tutélaire du lieu, le Père Lachaise est, comme vous et moi et comme tous ceux qui y sont enterrés, un bon bougre qui, pas plus saint qu’un autre, a dit adieu à ce bas monde sans manières et de rabelaisienne façon.

Quand à l’appellation de Père, elle donne un aspect bonhomme à l’affaire et gomme d’un coup les hiérarchies. Comme si notre Père Lachaise, mais surtout comme si notre Créateur, allez, était un brave homme qui, comme tout un chacun, se retrouvait, de temps en temps, sur le trône, cul à l’air.

J’aime bien.

Jacqueline Phocas Sabbah
Mot à mot

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