Le rideau tiré, je m’tire. Sur une banquette du métro, épaulé à la vitre, tête renversée, j’ferme les yeux. Je suis pas là. Dans la voiture bondée, y’a personne à l’heure de pointe. Un corps peut-être, ou du moins l’apparence d’un corps au milieu des autres, chahutés par les secousses du train. Enveloppe vide, car l’esprit flotte, ne connaît pas les limites de la matière. État de conscience modifié : j’erre entre veille et sommeil. La fatigue bien sûr mais surtout : l’ennui. À Maraîchers je m’fais la belle en songe. J’décampe à la campagne. Et c’est l’printemps sous mes paupières. Je marche entre les arbres d’un verger. Le bout de mes doigts frôle la fraîcheur un peu rêche des fétuques. Ça sent la chlorophylle, le parfum épais de la sève qui monte. (Lire la suite, voir les  photos)