Il y a un mois, alors qu’il classait vieux papiers et dessins, un illustrateur du Val-de-Marne (94) eut la surprise de trouver dans un tiroir une missive à lui adressée, reçue dix ans plus tôt et inexplicablement restée fermée.
Une lettre manuscrite d’une admiratrice ! La première – et la dernière – jamais reçue…
Jolie l’écriture, gentille la lettre, pleine de promesses et se terminant par le timide espoir d’une réponse.
Pauvre admiratrice, comme elle a dû être déçue de ne point en recevoir!
Il n’est peut-être pas trop tard. L’admiré prend sa plume, écrit un bref message et court porter sa lettre dans la boîte la plus proche. Qui eût surpris la gravité de son geste aurait pu croire qu’il lançait une bouteille à la mer.
Deux jours plus tard, une réponse de l’admiratrice, déjà!
Depuis dix ans, elle attendait un signe qui tardait bien un peu, mais elle n’avait jamais perdu confiance. Elle se donnait encore cinq ou six ans avant d’envisager un discret rappel.
La réponse se terminait bien vite par une proposition de rendez-vous, simple et bien innocente.
Acceptée tout aussi simplement.
La rencontre se ferait le mardi suivant à 16h au jardin du Luxembourg… en toute simplicité.
Le jour dit, à 16h précises, c’est une fine silhouette, simplement vêtue d’une jolie robe printanière, portant à la main (la silhouette, pas la robe) une petite boîte de chocolats, qui pénètre dans le jardin par l’entrée du boulevard St-Michel.
Il est déjà là!
Il reçoit le petit cadeau en rougissant un peu et s’excuse de n’avoir à proposer en échange que deux modestes barquettes à la crème de marrons*.
D’un commun accord, ils s’installent sur un banc juste devant la statue de la bouche de la vérité.
Il la trouve jolie et tellement simple.
Et malicieux ses yeux!
Elle le trouve gentil et pas compliqué.
Et si bonnes ses barquettes !
Vite partis les chocolats, vite mangées les barquettes, tout en se dévorant les yeux!
Ils semblent hésiter un peu puis, dans un même élan irrépressible, ils se prennent la main. Tout simplement!
Sans doute bouleversés par leur audace, c’est dans le plus grand silence, qu’ils traversent lentement le jardin.
Un silence – seulement troublé par des œillades éloquentes et des regards en disant long – qu’elle est la première à rompre.
– Et si…? sussure-t-elle.
– Bien sûr! Je n’osais… murmure-t-il.
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Ce matin d’avril, à la mairie de l’Haÿ-les-Roses, ils se sont dit oui.
Étonnant comme tout est simple dans ce monde !
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