À la veille de la première manifestation d’ampleur pour l’interdiction des traces d’avions, nous avons pu rencontrer Abel Wouth, le fondateur d’ÉtherNu. Il nous raconte son combat.
Pourquoi un tel combat ?
Eh bien, je fais partie de ceux et celles qui ne supportent plus que l’on raye, que l’on défigure le ciel, notre bien à tous. Beaucoup se mobilisent aujourd’hui contre l’installation d’éoliennes qui dénatureraient – soi-disant – le paysage. C’est parfois vrai, mais rien à voir avec ces balafres visibles de partout, qui ne permettent plus d’apprécier la beauté du firmament. Je fais déjà partie de ceux qui souhaitent depuis des lustres (rires) réduire l’éclairage urbain la nuit afin de pouvoir regarder les étoiles, tout en réduisant la consommation d’électricité. À présent, je veux défendre le droit d’admirer les nuages sans « estafilades ».
Faites-vous partie de ceux qui diffusent les théories des chemtrails* ?
Bien sûr que non. Nous n’avons rien à voir avec ces inepties complotistes. Notre combat est esthétique et écologique à la fois.
Pouvez-vous nous en dire plus et éclairer nos lectrices** ?
Vous savez sans doute que les traînées des avions sont dues, non pas à la diffusion de produits chimiques, comme le prétendent les ânes que vous évoquiez, mais à la condensation de la vapeur d’eau émise par les moteurs d’avion, lorsqu’ils se trouvent dans la haute troposphère, où l’air est à environ –40°. C’est dans cette couche de l’atmosphère terrestre située entre 8 000 et 15 000 m d’altitude que circule l’aviation commerciale.
Et que proposez-vous ?
C’est très simple, faire voler les avions plus bas et moins vite ! Un Boeing ou un Airbus décollent à moins de 300 km/h. Il suffit qu’il se maintiennent à cette vitesse, ou tout du moins un peu au dessus de la vitesse de décrochage ! En outre, faisons les voler à une hauteur où la température ne permettra pas la conden-sation fatale dont je viens de vous parler, responsable de ces fâcheuses traînées. Et puis de leurs hublots, les voyageurs pourront ainsi regarder à la fois le plancher des vaches… et les vaches ! (rires)
S’ils volent plus bas, les avions ne seront-ils pas plus bruyants ?
Certainement, mais nous avons pensé au problème et croyons l’avoir résolu. Nous suggérons qu’ils suivent les principaux axes routiers et ferroviaires. Leur bruit se mêlera ainsi à celui des trains et des voitures. Les riverains n’y verront que du feu… mais ils pourront à nouveau profiter du ciel ! (rires)
Ne craignez-vous pas que les voyageurs ne délaissent des avions qui – si j’ai bien compris – n’iront pas plus vite que les trains ?
Je ne le crains pas, je l’espère. D’ailleurs, c’est un des buts recherchés. Quand les passagers verront que les TGV vont aussi vite qu’eux ou même parfois les doublent, ils changeront peut-être leurs habitudes. Qu’ils prennent donc le train !
Si malgré tout un avion décrochait ?
Il se poserait au milieu des vaches… ou tomberait de moins haut (rires) !
La vitesse étant réduite à 300 km/h. Quid des vols internationaux ?
Tout est prévu, s’ils survolent des océans, ils n’auront la possibilité d’accélérer et de prendre de l’altitude qu’à une bonne distance des côtes. Nous proposons un minimum de 500 km. Et si des compagnies font le choix de la lenteur et d’une altitude basse, les voyageurs auront plus de chances de voir baleines et dauphins ! (rires***)
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