La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Ordonnances littéraires

On interroge souvent les gens, connus ou pas, sur leurs lectures. Et on obtient des réponses sincères, ou pas. Renversons donc l’exercice : prescrivons. Votre cas, madame, monsieur, exige la lecture de ce livre, de cet auteur, et vous le lirez chaque soir, à raison de quinze minutes pour commencer, avant de doubler la posologie.

Des ordonnances littéraires, destinées à des patients choisis en toute liberté, et qui n’auront en commun que le fait de n’avoir rien demandé. Et les ouvrages prescrits pourront être fraîchement imprimés, ou dater de quelques mois, années ou même siècles. Les vieux remèdes peuvent en effet parfois faire des miracles et nous piocherons ainsi dans la pharmacopée littéraire contemporaine mais aussi ancienne.

par Nathalie Peyrebonne et ses invité·e·s
Une femme de rêve

Une femme de rêve

Ordonnance pour un passager anonyme croisé au hasard d’un trajet en métro. Paris, matin d’automne, station Mairie des Lilas. Les regards sont happés par un point blanc qui roule d’avant en arrière, un petit cylindre brillant sous la lumière artificielle et borgne. Roulis métropolitain. Un homme âgé replie le journal pour suivre les mouvements de cet électron libre matutinal. Presque amusé. Et puis, tout à coup, son regard se détourne de l’Objet Roulant Non Identifié et reprend la lecture du quotidien. Qu’a-t-il vu ? Un tampon ! Dans mon esprit, cela n’a fait ni une ni deux. Tampon, femme, vie en rose… la couverture rose de La Faculté des rêves s’impose. Rose comme de la chick lit girly. Mais dans La Faculté des rêves de Sara Stridsberg, pas de romance. Mais du roman, du vrai ! (Lire la suite)

Paola Pigani pour le cas Morano

Paola Pigani pour le cas Morano

Vous allez me dire, d’accord, vous voulez prescrire de la lecture à Nadine Morano, très bien, mais est-on bien sûrs que cette dame lise des livres ? Je vous répondrai : nous ne sommes sûrs de rien, et alors ? Ce n’est pas parce que vous ne prenez habituellement pas de médicaments que votre médecin se gardera de vous en prescrire. Donc, Nadine Morano. Qui déclare, à propos des dénommés “migrants” : “Aujourd’hui le sentiment d’envahissement que ressentent les Français, ce n’est pas un sentiment, c’est une réalité.” Que prescrire ? Un remède intéressant, me semble-t-il, est sorti en 2015, et je serais d’avis de l’essayer sur un cas que d’aucuns jugent sérieux. Il s’agit du roman de Paola Pigani, Venus d’ailleurs, paru aux éditions Liana Levi. (Lire la suite)

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