La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Arrivée à Stratford-upon-Avon
| 10 Sep 2025
Edwin Austin Abbey. Paysage dessiné l’été qui a précédé son départ pour l’Angleterre.

En décembre 1878, c’est accompagné de quelques amis et artistes et de sa joyeuse bande du Tile Club qui réunissait une douzaine d’illustrateurs dont Winslow Homer et Arthur Burdett Frost, qu’Edwin Austin Abbey s’embarque à 26 ans sur le Germanic de la White Star Line pour son premier voyage en Angleterre, où il y était envoyé, comme nous l’avons déjà dit, par le Harper’s magazine afin d’y préparer des illustrations de textes de Robert Herrick.

Le SS Germanic

Le SS Germanic

À l’approche de Liverpool en plein hiver, tout lui paraît sale:

L’eau est sale, les bateaux que nous croisons sont affreusement sales, les voiles presque noires et misérable; certainement les gens à l’aspect le plus misérable que j’aie jamais vus. À côté d’eux, nos vagabonds sont des princes.

Le lendemain de son arrivée, Abbey quitte Liverpool pour se rendre à Stratford-upon-Avon où il descend au Red Horse Hotel, dans la chambre même où Washington Irving avait logé au début du siècle.

La chambre d'Edwin Austin Abbey (et avant lui de Washington Irving), Red Horse Hôtel, Stratford-on-Avon, en Angleterre

La chambre d’Edwin Austin Abbey (et avant lui de Washington Irving), Red Horse Hôtel, Stratford-on-Avon, en Angleterre

Sa copieuse correspondance permet de le suivre à la trace.

Dessiner dehors est une tâche difficile – et quasiment impossible. La neige tombe toutes les deux ou trois heures, et se termine parfois en bruine; ensuite le soleil se lève pour quelques minutes, un soleil bien maladif, puis vient le brouillard; et à trois heures, il commence à faire sombre… il y a des quantités de motifs pittoresques partout dans la ville, beaucoup plus grande que je ne l’avais imaginée. La difficulté est de choisir les sujets. Tout est remarquablement propre – les rues sont propres comme un sou neuf (the streets are as neat as a pin).

Edwin Austin Abbey. Marché de Stratford-on-Avon. Hiver 78

Edwin Austin Abbey. Marché de Stratford-on-Avon. Hiver 78

Après ce court séjour à Stratford-upon-Avon, lieu de naissance de William Shakespeare dont Abbey illustrera plus tard de nombreuses pièces, il part à Londres. Il avait mal estimé le coût de la vie en Angleterre et se retrouve « fauché dans la plus grande ville du monde ».

Il rencontre heureusement rapidement des artistes locaux qui lui ont été recommandés avant son départ et qui l’accueillent chaleureusement. Au cours des soirées auxquelles il est invité, il croise aussi bien Whistler qu’Henry James ou Johannes Brahms, excusez du peu!

Avant de présenter dans le prochain article des dessins de son premier grand-œuvre dans le domaine de l’illustration, She stoops to conquer (Elle s’abaisse pour triompher) de Goldsmith paru en 1887, nous publions quelques croquis de ses paysages et architectures (aquarelles ou dessins à la plume) réalisés en Angleterre et en Écosse (le Loch Linnhe manifestement dessiné sous la pluie!), dont un du marché de Stratford exécuté l’hiver de son arrivée.

Pour finir, comme Abbey racontait qu’à son arrivée en Angleterre, il avait l’impression de voir partout des personnages de Dickens, voici une illustration qu’il a réalisée en 1886 pour Le Retour au pays natal (The Return of the Native) de Thomas Hardy qui nous fait regretter – ainsi que celle du marché – qu’il n’ait pas trouvé le temps de revenir plus tard à l’auteur d’Oliver Twist.

Edwin Austin Abbey. Illustration pour Thomas Hardy.

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