Passée la quarantaine, Heinrich Kley espérait toujours être reconnu comme peintre. Il avait bien participé dès 1888 à d’importantes expositions à Munich et Berlin, mais sans rencontrer le succès désiré.

En rejoignant en 1896 le Karlsruher Künstlerbund (l’association d’artistes de Karlsruhe), inspiré par la Munich Secession, Kley pensait que sa situation pourrait s’améliorer. Cette organisation avait pour but de promouvoir les artistes locaux à la fois en Allemagne et à l’étranger. Des expositions de groupe auxquelles Kley a participé – avec un succès mitigé – furent ainsi organisées. Il y présentait ses peintures réalisées en Belgique et aux Pays-Bas au tournant du siècle.

Ses commandes pour la firme Krupp l’aidèrent à acquérir une certaine notoriété, mais c’est seulement en 1908 qu’eut lieu le véritable tournant de sa carrière. Nous n’avons pas réussi à mettre la main sur un des paysages de cette époque, mais nous en avons trouvé un plus tardif. Étaient-ils de la même veine ?

Heinrich Kley, 1914

Cette année là, le célèbre acteur de théâtre Konrad Dreyer (1859-1944) se rendit chez son ami Kley après un spectacle, donné à Karlsruhe, auquel ce dernier avait assisté.

Kley lui montra les dessins humoristiques qu’il faisait – comme il l’a dit quelques années plus tard dans une interview – pour se détendre et amuser sa femme. Konrad Dreyer lui conseilla vivement de les montrer à l’éditeur Albert Langen (1869-1909) qui dirigeait le magazine Simplicissimus et qui recherchait alors des nouveaux contributeurs pour sa revue.

Portrait de l’éditeur Albert Langen dans son jardin, par Thomas Theodor Heine (1906)

Albert Langen fut tellement séduit qu’il en publia aussitôt et suggéra même aux Kley de venir s’installer à Munich. Ce qu’ils firent dès l’année suivante.

Nous publions ci-dessous quelques uns des dessins de Kley publiés dans Simplicissimus en 1908. Le premier l’a été le 31 août. En publiant celui du 16 novembre intitulé Zeppelins Schatten, Albert Langen ne pouvait pas imaginer qu’il allait décéder quelques mois plus tard des suites d’une pneumonie contractée pendant un voyage en zeppelin.