“L’Amérique de…” : une chronique éphémère sur des Américain.e.s qui font ou ont fait l’histoire des États-Unis. Cette semaine, l’Amérique de Pocahontas.
En 1614, Pocahontas, la fille du chef de la tribu amérindienne de Virginie des Powhatan, se convertit au christianisme et épouse le colon britannique John Rolfe, connu pour avoir introduit la culture du tabac en Amérique du Nord. En 1616, ils traversent l’Atlantique avec leur fils et voyagent en Angleterre pour faire la promotion de la toute nouvelle colonie de Virginie, créée neuf ans auparavant. En mars 1617, Pocahontas meurt d’une maladie inconnue. Elle est enterrée à l’église Saint-George, dans le Kent. En mars 2017, la British Library organisera à Londres une conférence à l’occasion du 400e anniversaire de sa mort.
L’Amérique de Pocahontas, ce sont les femmes amérindiennes. C’est Pocahontas, qui signifie “enjouée”. C’est Minnie Hollow Wood qui participa à la bataille de Little Big Horn en 1876. C’est Marie Louise Bottineau Baldwin, première Amérindienne à devenir avocate en 1914. C’est Maria Tallchief, née dans une réserve indienne en Oklahoma en 1925. Elle épouse le chorégraphe George Balanchine en 1946 et dirige le Chicago City Ballet de 1981 à 1987.
L’Amérique de Pocahontas, ce sont les traités qui dépossédèrent les tribus amérindiennes de leurs terres. C’est la décision de la Cour Suprême de 1823, qui déclare le “droit de découverte” (des colons européens et de leurs descendant.e.s) supérieur au “droit d’occupation” (des Amérindien.ne.s). C’est l’Indian Removal Act, proposé par le président Andrew Jackson en 1830, qui déplace des milliers d’Amérindien.ne.s à l’ouest du Mississippi. C’est le président Andrew Jackson, esclavagiste et officier de l’armée américaine pendant les guerres indiennes dans les années 1810. C’est la Piste des Larmes (Trail of Tears), le déplacement forcé de Cherokees entre 1831 et 1838, durant lequel des milliers d’autochtones meurent de faim et de froid.
L’Amérique de Pocahontas, c’est la résistance. C’est Leonard Peltier, membre de l’American Indian Movement, qui fut condamné en 1977 à la prison à vie pour le meurtre de deux agents du FBI, malgré ses protestations d’innocence et une procédure entachée d’irrégularités. C’est le mouvement de protestation contre le projet de construction d’un oléoduc qui doit traverser la réserve sioux de Standing Rock dans le Dakota du Nord –et donc les terres sacrés de la tribu– et qui représente une menace pour son approvisionnement en eau. Ce sont les plus d’un million et demi d’utilisateurs/ices Facebook qui ont déclaré ces derniers jours être présent.e.s sur la réserve en signe de solidarité. C’est #NoDAPL (“No Dakota Access Pipeline”).
Hélène Quanquin
L’Amérique de…
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