M. X avait toujours souffert de sa petite taille. À l’école, déjà, il fut la victime des plaisanteries de ses camarades de classe peu charitables. On l’affublait sans cesse de surnoms toujours désobligeants, le plus souvent cruels.
Il parvint tout de même à la hauteur de 1,66m, ce qui – à condition d’être bien proportionné – n’a rien de déshonorant. Après tout, il n’était – et sans talonnettes – qu’à 1 petit cm* de certain président de la république!
Quoi qu’il en soit, il était bien obligé de “faire avec” (ou plutôt sans…) et préférait pratiquer l’auto-dérision, avant même que l’on se moquât de lui. Il disait à qui voulait bien l’entendre (il s’en trouvait) que tel Alexander Pope** (Londres 21 mai 1688- Twickenham 30 mai 1744. NDLR), il avait été victime dans son enfance des séquelles du mal*** de Pott. Dans des milieux moins cultivés, il se contentait de reprendre – en version originale – les paroles désolées des pygmées averyens (Tex. NDLR) : “I’ve been sick.”
Mais nous nous sommes trop éloignés de notre projet initial: narrer le désolant – ou désopilant, c’est selon – fait divers auquel ce fâcheux complexe a finalement conduit le pauvre myrmidon****.
Complexe qui ne l’avait pas empêché, à sa grande surprise d’ailleurs, de séduire, puis de convoler avec une charmante personne qui le dominait de la tête, sinon des épaules. Elle l’avait dans un premier temps trouvé charmant,“petit mais bien pris!”
Puis vint le temps de l’ironie. “Mon cher, il serait peut-être bon que vous vous***** décidiez à être enfin à la hauteur de la situation!” Le pauvre hommelet qui croyait avoir été récompensé de tous ses malheurs passés et avoir lui aussi droit au bonheur prit cette cinglante réflexion comme une gifle. Une gifle qui a bien failli lui être fatale, comme vous allez voir!
Il lui fallait réagir. C’est à peu près à cette époque qu’il lut quelque part****** que – si la nature n’avait pas tout à fait achevé son travail – on pouvait encore gagner de précieux centimètres en se suspendant quelques minutes chaque jour à la branche basse d’un arbre ou à défaut, pour les citadins, au haut d’une porte.
C’est cette dernière solution qu’adopta le petit monsieur, en cachette pour éviter les moqueries de madame. Le mieux était de profiter des absences d’icelle qui – curieuse coïncidence – se firent de plus en plus fréquentes dès lors que furent décochées ses premières piquantes plaisanteries.
Elle se rendait de plus en plus souvent en Alsace rendre visite à sa mère!
Peu soupçonneux, le pauvre mari, quand il lui était arrivé d’appeler son épouse au cours de ses déplacements, ne s’était jamais étonné d’entendre dans l’écouteur le bruit des vagues ou le rire sarcastique des mouettes !
Venons en au drame!
Vendredi dernier, sa femme étant partie de très bonne heure pour un weekend de trois jours, Monsieur décida de profiter de cette solitude bienvenue pour faire de “longues séances de suspension”.
Pourquoi ne pas commencer tout de suite? Il faisait beau, toutes les fenêtres du logis étaient grandes ouvertes. Il entrouvrit la porte séparant la chambre nuptiale de la salle de bain, monta sur un tabouret, se suspendit au haut de la porte et repoussa le siège du pied.
Vlan! Un violent courant d’air referma brutalement la porte, emprisonnant les doigts de l’infortuné. Impossible de crier. Quelle honte ce serait d’être retrouvé par les voisins dans une situation aussi ridicule! L’insupportable douleur aux doigts et les crampes dans les bras eurent vite raison du malheureux qui s’évanouit.
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Son épouse le retrouva le lundi soir dans cette intéressante – mais ô combien dramatique!– situation. Elle appela aussitôt les pompiers qui le conduisirent inanimé à l’hôpital Georges Pompidou, où – par miracle – des chirurgiens de la main parvinrent à sauver les siennes.
À son réveil, la première question que bégaya d’une voix mourante l’accidenté fut: J’ai pris combien de centimètres?
Simon Persavet
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