Si l’on excepte l’admirable ouvrage consacré il y a déjà deux ans au grand peintre Émile de Boucheau, il est rare que les Éditions Pharidon s’éloignent des sentiers battus.
Saluons donc comme il se doit le magnifique volume qu’elles publient à la gloire d’un artiste méconnu du grand public, Iphigénin Plomp. Pour beaucoup, ce livre sera une révélation. La grande exposition organisée au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris (MHN), qui devait être une des premières grandes manifestations culturelles d’après le premier confinement, a dû fermer ses portes peu après son inauguration. Elle n’aura donc pas permis au public d’admirer – et pour la plupart de découvrir – les œuvres de cette personnalité hors du commun.
Né en 1771, Iphigénin Plomp est un pur enfant du Siècle des Lumières, dont il a “su alimenter la flamme très avant dans la sinistre grisaille de l’ère industrielle”, comme le disait si justement son premier biographe Achille Daliénez (1835-1918) in Iphigénin Plomp, un peintre allumé (Émile Testard éditeur. Paris, 1895).
La rencontre en 1784 du jeune Fulbert Geoffroy Saint-Hilare (1770-1840) – d’un an son aîné – sera décisive. Le père de celui-ci, Fulcrand Geoffroy Saint-Hilare, frappé par l’insatiable désir d’apprendre du jeune homme, lui ouvre les portes de son immense bibliothèque. C’est la lecture des ouvrages de Pierre-Louis Antoine de Malpartis, de Gaspard Théodule de Courcaillais et de Jean-Baptiste de Parcy-Monyeux qui déclenchera sa vocation.
Il poursuit ses études au collège de Navarre à Paris, suit les cours de Louis Jean-Marie Doutretombe au Collège de France et d’Antoine-François Fourvoy au Jardin du Roy. Il s’initie au dessin animalier auprès du très curieux peintre de genre et taxidermiste Bachelais.
En 1798, à seulement 27 ans, il parvient à intégrer l’expédition scientifique accompagnant Bonaparte pendant le campagne d’Égypte. Dès lors, il ne cessera de voyager sur toutes les mers et de parcourir les cinq continents. Il s’embarque à bord de La Méprise en compagnie du zoologiste Matthieu Aubernoir et visite les îles Peuouprou, Takatitakité et Atuéatoua. Il en rapporte des centaines de croquis et d’aquarelles. Il fait ensuite plusieurs voyages en Afrique, où il étudie les curieux marabouléos et les non moins étranges termitiers. Ces témoignages d’espèces à présent disparues sont d’un intérêt inestimable.
Ce sont ces dessins magnifiquement reproduits ici qui constituent la richesse de cet ouvrage que nous ne saurions trop conseiller à tous les amateurs d’histoire naturelle. Notre seul regret, que l’auteur n’évoque que brièvement le talent de portraitiste d’Iphigénin Plomp, un art qu’il avait perfectionné dans l’atelier de Maltravers. Nous aurions également aimé en savoir plus sur la fin de la vie de l’artiste. Qu’est-il devenu après 1842 et quels voyages a-t-il bien pu faire – s’il en a fait – jusqu’à sa mort en 1857? Aucune image, pas la moindre peinture ou gravure de cette période. Il serait inconcevable qu’il n’ait rien produit pendant ces quinze années. Un portrait photographique réalisé en 1854 par Félix Nadar le montre pourtant manifestement en pleine possession de ses moyens. Un autre livre reste donc à faire!
0 commentaires