SOLIDARITÉ
Aslı Erdoğan
La Maison de la Poésie organise une soirée de solidarité avec la romancière et journaliste turque Aslı Erdoğan, arrêtée dans la nuit du 16 au 17 août et incarcérée à la prison pour femmes de Barkirköy à Istanbul. En présence de Mine Aydostlu, mère d’Aslı Erdoğan ; Yigit Bener, écrivain turc ; Timour Muhidine, son éditeur chez Actes Sud ; Pierre Astier, son agent littéraire ; Emmanuelle Collas, directrice des éditions Galaade ; Françoise Nyssen, présidente des éditions Actes Sud ; Selin Altiparmak, comédienne, et d’autres invités.
Maison de la Poésie, Passage Molière, 157, rue Saint-Martin – 75003 Paris – Métro Rambuteau, RER Les Halles. Lundi 12 décembre à 20h. Réservation : 01 44 54 53 00
DANSE
Bon anniversaire
La Maison de la danse de Lyon fête les 20 ans de la compagnie Käfig, dirigée par le chorégraphe Mourad Merzouki (également directeur du Centre chorégraphique national de Créteil). Pendant dix jours, la compagnie occupe la Maison qui a accueilli depuis 1996 l’ensemble de ses spectacles. À revoir : Correria-Agwa et Pixel.
À découvrir : Cartes blanches signées par 6 danseurs qui ont partagé la vie de la compagnie issue du groupe Accrorap de Saint-Priest. Ce sera aussi l’occasion de visionner en avant-première le documentaire Käfig, 20 ans de danse que l’on retrouvera début 2017 sur Arte Concert ainsi qu’un webdocumentaire sur numeridanse.tv. MCV
Maison de la danse de Lyon, du 11 au 21 décembre. (Photo : Correria-Agwa © Michel Cavalca)
Portraits dansés
Depuis plus de vingt ans, le chorégraphe Philippe Jamet va à la rencontre de personnes et non de people. Il en dessine des portraits dansés. De janvier à mars 2016, il a demandé à 12 personnes de s’exprimer sur ce qu’elles considèrent comme essentiel pour elles. Dans Avant le ciel, en écho au film qui restitue ces rencontres, 6 danseurs prennent le relais et témoignent à leur tour de ce qui fait vibrer l’instant présent, nourri du vécu et projeté dans ce qui est à venir. MCV
CDC Atelier de Paris, Carolyn Carlson, Cartoucherie, du 14 au 16 décembre à 20h30, 01 41 74 17 07 (Photo : Marie Hennard)
Les trois grosses en fugue à Nanterre
Le Ballet de l’Opéra national de Lyon vient de présenter à Lyon un nouveau programme – Trois grandes fugues – qui réunit trois grandes dames de la danse contemporaine : Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin. La fugue de Lucinda Childs est glaciale, celle d’Anne Teresa De Keersmaeker est la plus flamenco des trois. Sur Beethoven, il fallait le faire. Quant à Maguy Marin, elle présente une pièce effrénée, calée, minutieuse et fort bien écrite. MCV (Lire la critique)
Lucinda Childs, Anne Teresa De Keersmaeker et Maguy Marin, Trois grandes fugues, du 15 au 17 décembre au Théâtre des Amandiers, Nanterre.
EXPO
Des paysages et des hommes
L’atelier-galerie Chantal Chirac présente du 9 au 18 décembre deux artistes confirmés, Mireille Veauvy et Frank Girard.
Mireille Veauvy est peintre et expose une quarantaine de ses œuvres. Plusieurs d’entre elles ont ceci de remarquable qu’elles associent la peinture à la tapisserie de haute lisse pour créer dans la toile un trou de lumière qui captive le regard. Paysages ou ciels : chacun de ces tableaux est un enchantement.
Frank Girard est sculpteur. Il montre aujourd’hui une trentaine d’œuvres, en terre cuite ou en bronze, d’une puissance expressive saisissante. Ce sont tantôt des groupes d’hommes et de femmes en marche vers une tragédie qui évoque celle de ses réfugiés hagards sur les routes de notre Europe, tantôt des personnages rieurs, pleins de la joie de vivre.
Quelques compositions réunissent les talents de ces deux artistes à ne pas manquer. GP
France-Algérie, mémoire hybride
Le prix Marcel Duchamp est revenu au plasticien français d’origine algérienne Kader Attia, né en 1970, explorateur et rebouteur du post-colonialisme. On avait médité sur ses “Terrasses” blanches à Marseille en 2013, qui hybridaient les rives contraires de la France et de l’Algérie. Et on peut aujourd’hui se laisser saisir par son installation Réfléchir la mémoire au Centre Pompidou. Où entre sculptures et documentaire, il file la métaphore du membre fantôme suite à une amputation. Mais il vient aussi d’installer sa réjouissante Colonie, un restaurant-bar-débats, au 128, rue La Fayette. Un nouveau repaire à déguster, pour discuter. AMF
Kader Attia, Réfléchir la mémoire, Centre Pompidou, jusqu’au 30 janvier, galerie 3.
MUSIQUE
Mercredi à Montévidéo
Dans le cadre de ses “Mercredis”, l’espace Montévidéo de Marseille, qui réunit l’équipe du metteur en scène Hubert Colas et celle du compositeur Jean-Marc Montera, accueille le 14 décembre une conférence et un concert. La séance d’écoute est confiée à Nicolas Debade autour de la question “la musique véhicule-t-elle toujours un message ?”. Ensuite, le musicien et compositeur Chris Cutler proposera Not a walk in the park, une performance solo pour percussions, manipulations électroniques low-tech et interruptions. Une soirée conçue par le Groupe de Recherche et d’improvisation de Marseille (GRIM/GMEM) dans le cadre du Festival Nuit d’Hiver. MCV
Le 14 décembre à 20h30, Montévidéo, 3 impasse Montévidéo, Marseille, 04 91 37 97 35 (Phot: Chris Cutler © Anna Chojnacka). Attention, ça grimpe pour accéder au lieu…
LIVRES
Débranche
Scène inaugurale : trois jeunes banlieusardes croisent un hipster du centre-ville et, sans raison apparente, le rouent de coups. Le narrateur assiste à la scène puis s’assoit dans un bar où il enchaînera les réflexions en attendant une bière qui n’arrivera jamais. Notre ville, réalise-t-il, est découpée en “zones mentales urbaines et non-urbaines, branchées et non-branchées, de consommation avisée et de consommation de masse”. Dans ces “nouvelles métropoles du désir”, certains vivent “en touristes dans l’artifice d’une existence hors-sol”, d’autres sont tout simplement effacés : “aux victimes de la mode s’opposent désormais les victimes de la morgue”. Pendant ce temps, dans les bars branchés, la musique “évoque une publicité pour une banque suisse”… NP
Éric Chauvier, Les Nouvelles métropoles du désir, éditions Allia
Ainsi de suite
“Elle s’est appelée successivement Rachel, Monique, Szyndler, Calle, Pagliero, Gonthier, Sindler. Ma mère aimait qu’on parle d’elle. Sa vie n’apparaît pas dans mon travail. Ça l’agaçait. Quand j’ai posé ma caméra au pied du lit dans lequel elle agonisait, parce que je craignais qu’elle n’expire en mon absence alors que je voulais être là, entendre son dernier mot, elle s’est exclamée: ‘Enfin.’” Et ainsi de suite : Sophie Calle a su transformer des tranches de vie en œuvres d’art. Des tranches de mort aussi. Xavier Barral en a fait un livre, un album photo, un carnet de notes, un coffre-fort, une cabine, un tombeau. Et ainsi de suite. CV
Sophie Calle, Ainsi de suite, éditions Xavier Barral, 508 p, 65 euros
La révolte des animaux
Morts étranges. Frustration. Chasse. Alcool. Razorback de cinq cents kilos. Kangourous meurtriers. Serpents et oiseaux kookaburras qui attaquent en bande la dizaine d’humains qui survivent en plein outback australien matraqué par le soleil ; des hommes rendus fous par l’isolement et dont les femmes ont préféré se suicider plutôt que de vivre avec eux. Un huit-clos dans le désert. Du trash jusqu’à l’excès. LB
Bienvenue à Cotton’s Warwick, de Michaël Mention, Éditions Ombres Noires
Sulfatage

“Petit à petit, sans faire de bruit, on avait donc fini par en revenir à la presse du XIXe siècle, où les journaux étaient corrompus de fond en comble, certains vivant grâce aux fonds directement reçus du gouvernement pour le soutien à sa politique, d’autres grâce à la publicité financière déguisée.” Dans un tonique et réjouissant pamphlet, prix Renaudot de l’essai, Aude Lancelin règle son compte à l’Obs, son ancien employeur, et surtout elle dresse le portrait d’une presse sinistrée tant par les connivences politiques et les puissances économiques que par Internet (l’auteur n’insistant guère sur ce dernier point). Complétez cette lecture par Main sur l’information, de Laurent Mauduit (Médiapart), et vous aurez une vision complète de la dégringolade de la presse et du journalisme. Effrayant spectacle au moment où se dresse une Europe populiste. Et si les deux phénomènes étaient corrélés ? EL
CIRQUE
Pas si bêtes
La piste de Bestias est comme un lieu de rendez-vous, un espace où se rencontrent des hommes, des femmes, des chevaux et des oiseaux pour former un chœur pas si désaccordé, où l’harmonie parfois naît du chaos, des faux-pas maîtrisés, des catastrophes suggérées avec humour. Tous virtuoses, chacun à sa manière, ils entrent, sortent, se croisent, se portent, manquent de s’effondrer, se rattrapent aux branches – ou au tronc. Ils réinventent le cirque et, pendant ce temps, on retient notre souffle. Et on en redemande. CV
Bestias, Baro d’Evel Cirk Cie, au Parc des Chantiers (sous chapiteau), Esplanade des Traceurs de Coque, Île de Nantes, jusqu’au 16 décembre. À partir de 8 ans. (Photo : Frédéric Jean)
CINÉMA
Grands fonds
Le cinéma est un peu à marée basse ces temps-ci : c’est le moment de plonger vers les grands fonds pour, par exemple, visiter (ou revisiter) les cités englouties qu’a laissées Kenji Mizoguchi. Deux de ses meilleurs films, dans des versions correctes, sont actuellement au programme d’une salle de répertoire parisienne. Ceux qui ne les ont jamais vus en resteront comme deux ronds de flanc. EL
Sortie de secours
Autant le penchant trumpien de Clint Eastwood nous rend l’homme suspect, autant son œuvre nous épate. Car chacun des films du vieux Clint brille comme le dernier éclat d’un cinéma classique mais incroyablement efficace. Transformer un amerrissage en ode aux héros américains est une performance. Raconter cette histoire via une narration si peu linéaire est un exploit. EL
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