EXPOS
Adieu Zgougou
Qui vient ce soir se recueillir sur la tombe des espèces disparues ? Qui vient y entendre parler les bêtes ? L’animal est l’origine de la musique (François-Bernard Mâche, Bernie Krause), l’avenir de l’homme (Hubert Reeves, Vinciane Despret) et la victime des religions monothéistes qui ont (Elisabeth de Fontenay) “coupé la parole aux animaux”. Jules Renard, absent mais excusé : “Tous les animaux parlent sauf le perroquet, qui parle”. Attention, Agnès Varda a enterré son chat dans le jardin. Il s’appelait Zgougou. NW
“Les Nuits de l’Incertitude” du 20 octobre, dans le cadre de l’exposition Le Grand Orchestre des Animaux, jusqu’au 8 janvier 2017 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris
Alexandre Roccoli, le tisserand
Passionné par les gestes des artisans, Alexandre Roccoli chorégraphe touche à tout, tisse entre l’Italie, le Maroc et la France des canuts des liens de la mémoire ouvrière. Weaver est une installation multimedia où les paroles des ouvrières de la soie trouvent une étrange résonance avec le tarentulisme. Du bel ouvrage. MCV
Weaver, installation d’Alexandre Roccoli, au Toboggan, 14 av Jean Macé à Décines (69) jusqu’au 30 octobre. Mardi, jeudi et vendredi de 18h à 21h, mercredi, samedi et dimanche de 13h à 21h
Oscar Wilde in the right place
On s’attend y à voir de touchantes lettres d’amour, des photos sépia de jeunes lords efféminés, les merveilleux dessins érotiques d’Aubrey Beardsley, et ces grandes toiles préraphaélites, hideuses et risibles aujourd’hui, qui faisaient les délices de la gentry anglaise et qu’Oscar portait au pinacle. On s’attend moins à y trouver André Gide, camarade de débauche, et Robert Badinter, qui revient en vidéo sur l’inique procès qui condamna Wilde à deux ans de travaux forcés pour homosexualité et incitation de mineurs à la débauche… (Lire la suite) NW
Oscar Wilde, L’impertinent absolu, Petit Palais, jusqu’au 15 janvier 2017
DANSE
Festival Danses et Continents Noirs
Danseur de jazz (mais aussi de coupé-décalé et autres danses africaines), le chorégraphe et enseignant James Carles invite pour la 18 ème édition du Festival Danses et continents noirs des danses actuelles qui réfléchissent le monde, notamment les stratégies de résistances aux démarches globalisantes, et questionnent le corps musical. Du street jazz à la danse contemporaine. MCV
Danses et continents noirs. Jusqu’au 7 novembre à Toulouse et agglomération, 05 62 30 69 10
THÉÂTRE
Black metal
Avec Kindertotenlieder (2007) la chorégraphe Gisèle Vienne, toujours en compagnie de l’auteur et dramaturge Dennis Cooper, intègre l’art de la marionnette au théâtre. Elle détourne la tradition des Perchten, personnages incarnant effroi et angoisses qui surgissent en Autriche au début du mois de janvier, pour chasser les mauvais démons et s’emparer des âmes damnées. Du fantasme à la réalité, un rituel crépusculaire. MCV
Gisèle Vienne, Kindertotenlieder, Centre Pompidou, grande salle, les 27 et 28 octobre à 20h30
LIVRES
Peste à Montréal
Montréal, deuxième moitié du XXIe siècle, “La terre était épuisée, l’humain aussi” et, à Montréal comme ailleurs, tout “tombait en morceaux”. L’apocalypse approche. La star planétaire Oscar de Profundis, bourrée de stupéfiants et de narcotiques, débarque dans sa ville natale, où éclate une épidémie de peste noire. L’État mondial impose une quarantaine. Les nantis comme les gueux se retrouvent bloqués. C’est de la science-fiction, noire, très noire. Optimistes s’abstenir. NP
Oscar de Profundis de Catherine Mavrikakis, Sabine Wespieser Editeur
La bohème, la bohèèèème…
Voici un roman graphique qui se lit comme on se promène à Montmartre ou à Greenwich Village, en flânant d’une histoire à l’autre, en cueillant entre les pavés la fleur d’un nom, d’un vers ou d’un air de jazz, en folâtrant avec le dessin de la vingtaine d’artistes underground américains réunis pour retracer l’histoire d’un concept versatile, de Walt Whitman à Robert Crumb en passant par Henry Miller, Gertrude Stein, Joséphine Baker, Woody Guthrie ou Billie Holliday. Un bel hommage. SR
Bohemians, une histoire graphique des avant-gardes artistiques aux États-Unis, coordonné par Paul Buhle et David Berger, traduit de l’anglais par Jean-Christophe Bardeaux, Nada Éditions
African queen
Toubabesse : féminin de Toubab qui veut dire homme blanc. Esther, est une pute “belle à couper les poumons”. De “deuxième bureau” d’un vieux Président africain roublard, elle va devenir Première dame et vouloir le bien de son peuple. Pour le plus grand malheur de tous et le bonheur du lecteur. Un nouveau Candide en Afrique. Une fable féroce. Un continent raconté de l’intérieur par un blanc qui se moque éperdument du politiquement correct. LB
La Toubabesse, de Louis-Ferdinand Despreez, éditions de La Différence
Bonnes feuilles d’Automne
De l’art de rendre les archives vivantes : historien de la culture (et collaborateur occasionnel de délibéré), Antoine de Baecque retrace les quelque quarante cinq ans d’existence du Festival d’Automne à Paris. On retrouve tous les spectacles qui ont marqué son histoire, mais son livre est mieux qu’un album-souvenir : une enquête à partir d’une question, quel est “l’apport, dans l’histoire des formes, de ce croisement constant du Festival d’Automne avec les avant-gardes artistiques” ? La réponse tient en 300 pages. RS
Esprit d’automne, d’Antoine de Baecque, Gallimard
CONCERTS
John Scofield
Il était au New Morning à Paris la semaine dernière, il sera bientôt à Issoudun, Aix-en-Provence, Tours et Nevers. Le divin guitariste et ses sidemen ébouriffants (Stewart, Swallow et Goldings) revisitent le répertoire country avec subtilité. Scofield est l’une des dernières grandes figures du jazz ; cet homme a traversé toutes les époques et tous les styles avec une souplesse de chat. Nous serions prêts à souscrire pour l’érection d’une statue, mais dans l’immédiat il y a mieux à faire : aller l’écouter partout où il joue. EL
À Issoudun le 29 octobre, Aix-enProvence le 8 novembre, Tours le 10 novembre et Nevers le 12 novembre
FILMS
Mare Nostrum ?
Tout en cinéma direct et montage parallèle, la chronique sensible de cette île de Sicile où s’échouent les vies de migrants et le destin de l’Europe : d’un côté, le quotidien des habitants, et surtout du petit Samuele, futur marin cueilli à l’âge des jeux et des apprentissages ; de l’autre, les dispositifs d’assistance, en mer et sur terre, aux damnés d’Afrique et d’ailleurs embarqués pour une odyssée de cauchemar. Et au milieu, le spectateur bouleversé, l’esprit en éveil, le cœur en émoi, qui entre rage et tendresse, étreint sa dernière certitude : plutôt que de fermer les yeux, tous devraient les ouvrir sur ce film-là. TG
Fuocoammare, Par delà Lampedusa, un film documentaire de Gianfranco Rosi
DVD
Einstein chez soi
Enfin, on va pouvoir voir et revoir à satiété Einstein on the beach, l’opéra en 4 actes de Philip Glass et Robert Wilson chorégraphié par Lucinda Childs. Cet opéra de 1976 qui marqua tous les esprits est disponible en DVD grâce à une captation inédite réalisée en janvier 2014 sur la scène du Théâtre du Châtelet. Sortie mercredi 26 octobre. MCV
Einstein on the beach de Bob Wilson, Telmondis
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