« Colissimo, une livraison simple et rapide. » C’est le slogan concluant les clips de la dernière campagne de la poste. La réalité est parfois moins concluante, comme le prouve l’aventure vécue cette semaine par l’un de nos journalistes.
Chargé par son fils, actuellement en train de faire une grande randonnée autour de la France en enchaînant tous les massifs depuis un départ à Wissembourg, de lui envoyer en urgence une carte bancaire arrivée après son départ et quelques accessoires, il se rend au bureau de poste de sa commune* du Val de Marne (94).
Le bref appel téléphonique, difficilement audible et interrompu, du randonneur permit seulement à notre collaborateur d’entendre: envoyer le colis en poste restante à Châtenois dans les Vosges.
L’adresse du bureau de poste de la localité susnommée étant vite trouvée sur internet (31, rue de Lorraine 88170), l’envoi est effectué en urgence samedi matin 3 août à 10h40 par colissimo.
Patatras! Un nouvel appel du destinataire précise que le colis est bien à expédier à Châtenois, mais dans le Bas Rhin (67730)!
(À notre connaissance, il n’y a pas de Châtenois dans le Val-de Marne. NDLR)
Trop tard ! La poste est déjà fermée, mais un faible espoir, une employée du bureau ayant signalé à l’envoyeur qu’en raison des JO 2024 les colis ne partiraient probablement que le lundi matin.
Le weekend, de longs moments passés à essayer de trouver un interlocuteur sur internet (laposte.fr), au téléphone (3631), ou plus souvent encore sur laposte.fr/outils/suivre-vos-envois. De nombreux échanges (sic) avec des robots qui répondent imperturbablement à côté des questions posées et lundi matin à l’ouverture revoilà notre envoyeur de retour à son bureau de sa commune* du Val-de-Marne (94).
Confirmation : le colis qui est censé parvenir à destination en 48h maximum est toujours là ! Une employée montre même au malheureux client le sac où il se trouve. Mais impossible de le récupérer, puisque le code a été flashé !
Impossible également de rencontrer le supérieur (ou la…) de l’employée zélée. “Si vous le souhaitez, vous pouvez faire une réclamation », s’entend dire le journaliste abasourdi.
Condamné à suivre en ligne les pérégrinations fatales de son envoi, il apprend le lundi soir que son colis est en transit sur les plateformes logistiques ou il est trié pour le départ et que la date de livraison est prévue le mercredi 7 août, ce que confirme le message annonçant le mardi 6 août à 22h23 qu’il est en cours de transport vers son site de livraison.
Mercredi 7 août au matin, joie, le colis est bien arrivé à sa destination erronée. Retour au bureau de poste de la commune du Val-de-Marne* (94) pour savoir comment le renvoyer à la bonne adresse ou le faire revenir à son point de départ en urgence afin de le réexpédier cette fois via chronopost vers sa bonne destination.
– C’est impossible Monsieur, votre colis va rester deux semaines à Châtenois et si tout va bien (sic) il sera de retour fin août début septembre. Je vous rappelle qu’il peut y avoir des retard dus au JO de Paris.
– Imaginons que j’aille le rechercher moi-même, accepterait-on de me le remettre à moi, qui ne suis pas le destinataire mais l’envoyeur? interroge alors le client effondré.
– Ce n’est pas sûr, la décision revenant au personnel de chaque bureau de poste. Si c’était moi, je vous le redonnerais.
Bravo, belle mansuétude. Rappelons toutefois aux lectrices distraites que l’employée de la poste de la commune* (etc…) n’avait pas voulu récupérer le colis dans le sac qui se trouvait encore derrière elle le lundi matin.
Impossible de joindre par téléphone le bureau de poste de Châtenois. Ce que confirme la mairie de la commune. Aucun bureau de poste n’est plus d’ailleurs joignable par téléphone!
C’est décidé, puisqu’il n’y a décidément aucune autre solution, l’envoyeur se lève le jeudi matin à 5h, prend à la gare de l’est le train de 7h05 pour Nancy. Arrivée à 8h44. Correspondance à 8h57 pour Toul, puis à 9h25, un car pour Neufchâteau, atteint à 10h10. Ne reste plus qu’à trouver un vélo en location pour faire les derniers 15 km jusqu’à Châtenois, dont le bureau de poste ferme à midi. Les deux loueurs locaux n’en ont plus un seul de disponible.
Impossible de trouver un taxi. L’office du tourisme de Neufchâteau installé face à la statue de la célèbre pucelle** locale suggère de faire – en dernier recours – appel à une ambulance! Offre déclinée…
Ne reste donc plus à l’infortuné que l’auto-stop pour arriver dans les temps! Il y a bien des lustres que l’aventurier du colis postal ne l’a pas pratiqué. Ses cheveux grisonnants (euphémisme) ne vont-ils pas inquiéter les conducteurs lorrains (ne parlons même pas des conductrices… mais après tout, tous les goûts sont dans la nature).
Il se remémore ses anciennes pratiques, dessine une petite pancarte et se place à un endroit judicieux. La dixième voiture s’arrête et le dépose à 11h devant le bureau de Châtenois!
Ne lui reste donc plus qu’à convaincre l’employé de lui remettre le colis qui, rappelons-le ne lui est pas destiné. Inutile de parlementer, par chance, le postier ne remarque pas que le prénom n’est pas le bon.
Conclusion
À 11H05, ce jeudi 8 août, l’envoyeur a récupéré lui-même son colissimo posté le samedi 3 août à 10h40, soit presque 5 jours auparavant!
« Avec la poste tout est possible! »
Le colis sera de retour le jour même dans la commune* (blablabla) de départ pour s’envoler vers une autre destination, avant que le randonneur n’ait atteint le Jura.
L’envoi et sa « récupération » auront donc coûté à notre journaliste 90,60 euros, sans compter les bergamottes de Lorraine et la boîte des réputées macarons des sœurs achetées pendant sa courte escale à Nancy.
*Nous avons préféré ne pas nommer la commune, afin de ne pas risquer de faire du tort aux employé·e·s du bureau de poste principal de Cachan.
**Nos lectrices l’auront sans doute reconnue
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