Série polaire loin des Jeux Olympiques, à la fraîche, au Spitzberg/Svalbard
Magdalenefjorden, Alkekongen, Pencktoppen, Miethebreen et Tyskarfjelletn, et tous les autres, ne sont pas des gros mots, même si lourds de sens, seulement le témoignage de l’arctique toponymie si poétique, et svalbardienne je dirais même plus.
Ils identifient tantôt un fjord, tantôt une montagne, une grève ou un glacier. Parmi ces appellations, ici et plus haut, les quatre dernières furent attribuées là-bas en 1910 par le célèbre comte Ferdinand von Zeppelin venu au Spitzberg, mais en bateau, pour constater si les conditions locales étaient propices à un survol en dirigeable. Il avait une idée derrière la tête qui le poussait
Alkekongen (!), Pencktoppen (!), Miethebreen (!) et Tyskarfjellet (!), et tous les autres griffonnés sur des cartes, tous ces noms donnés par des explorateurs sublimés par leur découverte ; privilège du découvreur qui n’efface, ni ne s’impose, au Spitzberg, sur aucune appellation indigène antérieure comme une prise de possession coloniale ; des noms pour être prononcés hautement, en prenant soin d’articuler, les unes après les autres, chaque syllabe, sans les manger, même s’il faut pour cela fendre ses lèvres gercées. Car il faut rompre le silence, le silence inséré dans l’immensité du froid, dans la blancheur, dans la grisaille, inséré dans la neige et après les tempêtes ; le silence du Nord, celui horizontal de la mer étale, des îles vierges, de l’éternité et de l’absence de repères ; pour taire l’innommable, sans craindre nommer mal, et n’oser plus dire que « le silence éternel de ces espaces m’effraie » tellement il reste des lieux…
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