La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Christian Rizzo en terre de lumière
| 17 Mar 2019

Une Maison (Christian Rizzo) © Marc Domage

Si la voûte qui éclaire la danse n’était pas céleste, elle pourrait être plantaire avec ses multiples terminaisons nerveuses et connections. La structure lumineuse enveloppe le spectacle, lui offre un toit et elle fait partie intégrante de Une maison, la nouvelle création de Christian Rizzo. Cette fée électricité a sa propre logique, son propre rythme, comme la musique de Pénélope Michel et Nicolas Devos, prégnante et enveloppante.

Le chorégraphe, directeur du Centre chorégraphique national de Montpellier renommé ICI (Institut chorégraphique international) avait proposé une trilogie sur les rapports entre les danses populaires, les pratiques anonymes et les danses d’auteur et ses chorégraphies sont aujourd’hui imprégnées de cette recherche. Dans Une maison, il ne fait pas référence directe à cette trilogie. Pas vraiment de citation, plutôt des allusions discrètes emportées dans un flux continu de mouvements ponctués par de nombreuses entrées et sorties. Les quatorze interprètes, dont les origines, les parcours, sont très différents, ce qui produit un corps commun protéiforme et des errances solitaires, portent la pièce à incandescence alors que les néons s’affolent et que la structure lumineuse manipulée à vue se démembre.

Une Maison (Christian Rizzo) © Marc DomageDans cette maison virtuelle où le privé se mêle au public, où les aires de jeu varient, il y a un tas de terre énigmatique, jusqu’au moment où l’un des danseurs avec une pelle flambant neuve répand la tourbe sur le plateau. Et de cette terre répandue pour ensevelir les corps ou bien pour déterrer des morts ou encore pour ensemencer quelques graines, surgira une image finale, celle d’un fantôme, d’une dame blanche.

Christian Rizzo ne produit pas des classiques duos ou pas de deux, des trios, il dessine des «  uns », des «  deux  », des « trois » où le toucher délicat est contredit parfois par des bousculades. On est tantôt sous un chapiteau avec des personnages qui portent des chapeaux pointus, turlututu !, dans une boîte de nuit pour un slow, dans une mascarade basque, dans un carnaval masqué où les mains se saisissent pour une ronde et autres farandoles.

Une Maison (Christian Rizzo) © Marc Domage

C’est plastiquement irréprochable (Rizzo signe outre la chorégraphie, la scénographie, les costumes et les objets lumineux avec une équipe de choc). Chacun voudrait une petite place dans cette maison ouverte, à l’esprit old fashion unisex, déjà bien habitée par des danseurs joueurs, loin d’un monde qui répand ses idées les plus sombres. Le spectacle, créé après résidence à Bonlieu, Scène nationale d’Annecy, part pour une tournée internationale, avant qu’on ne le retrouve en France avec de nombreuses dates l’an prochain, et en ouverture du prochain festival Montpellier Danse en juin.

Marie-Christine Vernay
Danse

Une Maison © Christian Rizzo

Une maison, par Christian Rizzo, National Performing Arts Center – National Theater & Concert Hall (Taïwan), 29 au 30 mars 2019, dans le cadre du TIFA ; Teatro Municipal do Porto (Portugal (dans le cadre du Festival DDD – Dias da Dança 2019), 29 au 30 mars 2019 ; deSingel, Anvers (Belgique), 10 au 11 mai 2019 ; Festival Montpellier Danse 2019, Montpellier, en co-accueil avec le Printemps des Comédiens, 22 au 23 juin 2019 ; Mercat de les Flors, Casa de la Dansa, Barcelone (Espagne), 3 au 6 octobre 2019 ;  Opéra de Lille, dans le cadre de NEXT Festival, 29 au 30 novembre 2019 ; Le Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque, 3 décembre 2019 ; Théâtre National de Bretagne, Rennes, 11 au 14 décembre 2019…

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