“2017, Année terrible” : chaque semaine, une petite phrase de la campagne des présidentielles passe sous l’hugoscope. Car en France, lorsqu’il n’y a plus rien, il reste Victor Hugo.
Emmanuel Macron a un sommeil agité ces jours-ci. Les bons sondages et ses envolées de fin de meeting lui donnent une légère hypertension et, surtout, il fait des cauchemars atroces. Le scénario en est toujours à peu près le même : Emmanuel a 16 ans, il est en Première au lycée jésuite de la Providence à Amiens ; au fond de la classe, il feuillette des revues pornos en bavardant avec un camarade lorsque, soudain, sa professeur de Français Brigitte Auzière (future Brigitte Macron) le rappelle vivement à l’ordre.
Brigitte A. : Alors Macron, encore en train de faire le con ?
Emmanuel Macron : Qu’entendez-vous par là, Madame ? Est-ce une simple image anatomique ou un jugement dépréciatif ?
Brigitte A. : Et insolent avec ça ! Venez au tableau tout de suite, et apportez-nous donc la revue que vous avez entre les mains.
Emmanuel arrive avec le numéro de Playboy d’octobre 1993. Jenny McCarthy est la Playmate du mois. La jeune fille n’est pas très habillée et quelque chose dans, comment dire, l’aspect extérieur de Macron dit qu’il n’est pas insensible à ses charmes. Sa prof s’en aperçoit et décide d’humilier son élève devant les autres élèves.
Brigitte A. (s’adressant à la classe, exhibant à la ronde la double page centrale) : Il semble que votre camarade soit plongé dans une littérature qui n’est pas exactement celle inscrite au programme du bac français. Vous cherchez à prendre de l’avance, Macron ?
Emmanuel Macron (pas gêné pour un sou) : C’est effectivement une revue fort instructive. Peut-être savez-vous que le marché français de lingerie a encore progressé de 3,7 % l’an dernier. Ce dynamisme doit beaucoup aux femmes, peut-être à vous en particulier Madame, car elles dépensent chaque année 450 francs en moyenne pour leurs sous-vêtements. La croissance du marché des culottes et des soutiens-gorge me semble être un atout prometteur pour notre pays qui en est, comme vous le savez, un producteur distingué. Cela dit, certaines images de ce magazine se caractérisent avant tout, je dois l’admettre, par l’absence de toute forme de lingerie. Peut-être est-ce un exemple de la destruction créatrice dont parlait Schumpeter et que…
Brigitte A. : Ça suffit comme ça ! Taisez-vous ! Assez ! Tiens, parlez-nous plutôt de Victor Hugo qui, lui, est au programme.
Emmanuel Macron (déclamant illico des alexandrins de Ruy Blas) : Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là / qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile / qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile / qui pour vous donnera son âme, s’il le faut / et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut…
Brigitte A. : Arrêtez maintenant ! Et retournez vous asseoir immédiatement.
Emmanuel Macron : Mais je n’ai pas terminé !
Puis le cauchemar le ramène subitement en 2017. Macron est à la tribune d’un meeting à Lille, haranguant trois mille personnes. Sa femme Brigitte est au premier rang. Elle feuillette Ruy Blas. Soudain elle se lève et crie à l’orateur : « À poil ! ». C’est alors que le candidat se rend compte qu’il est déjà nu. La salle hurle de rire. Il tente de se cacher derrière l’étroit pupitre.
Emmanuel Macron se réveille en sueur et en érection. Il reste quatre-vingt dix jours jusqu’au premier tour. Ce sera long.
Édouard Launet
2017, Année terrible
[print_link]
0 commentaires