Au mitan des années 50, les pratiques éducatives étaient bien différentes. Obliger les élèves gauchers à écrire de la main droite et remettre les récalcitrants dans le droit (c’est le cas de le dire) chemin à coup de règle sur les doigts était – précisément – la règle. Passer de classe en classe coiffé d’un bonnet d’âne et son cahier taché sur le dos afin de se préparer à de futures humiliations était une distraction fréquente.

Passons sur les inévitables gifles, baffes, torgnoles, beignes, mandales, mornifles pour évoquer un souvenir beaucoup plus intéressant.

Un instituteur, plus imaginatif que d’autres était connu dans notre école primaire pour son habitude de punir les mauvais élèves en leur coupant les oreilles! J’eus la chance (!) d’intégrer sa classe de 8^ème (l’ancêtre du CM1) et de pouvoir assister plusieurs fois à ce fameux châtiment. Le coupable, appelé à rejoindre l’estrade, s’y rendait, souvent en pleurant, parfois (il y avait des esprits forts au fond de la classe… près du radiateur!) en soutenant crânement le regard du tortionnaire, devant des camarades tétanisés, pour subir son triste sort.

Tout était en place, le spectacle pouvait commencer !

Le “maître” sortait alors d’un tiroir de son bureau un gros opinel et une bouteille de mercurochrome. Il ouvrait le flacon, dépliait lentement la lame de son couteau sacrificiel et, maintenant fermement sa victime, théâtralement, simulait la coupe de son oreille tout en faisant couler sur son cou le liquide sanguinolent.

Le bourreau, satisfait du résultat, repliait tranquillement l’arme du crime pendant que l’élève “mutilé” regagnait piteusement (ou fièrement pour les voisins du radiateur susnommés) son pupitre.

Des parents se sont-ils plaint que leur progéniture subisse un tel traitement, ni que les cols de leur chemises soient ainsi teintés de façon indélébile ? Je ne l’ai jamais entendu dire.

Cette pratique a encore duré quelques années. On ne change pas des méthodes pédagogiques qui gagnent!