En 1890, l’année de son mariage, de son déménagement à Morgan Hall et de la construction de son grand atelier, si l’on excepte les derniers dessins de Comme il vous plaira, Abbey n’illustrera qu’une autre comédie de Shakespeare: Beaucoup de bruit pour rien.
On a parfois dit d’Abbey – et d’autres illustrateurs américains de son temps – qu’il avait été influencé par Daniel Vierge. Peut-être, il n’est d’ailleurs pas impossible qu’il l’ait rencontré au cours de ses voyages réguliers à Paris. Il est vrai qu’il y a quelque chose de commun, dans la manière qu’ils ont tous deux de dessiner très légèrement les décors et d’accentuer tel ou tel détail, Vierge par une touche de lavis, Abbey par des hachures très accentuées dont on pense qu’elles ont probablement été dessinées avec une plume plus large et une encre plus noire.
C’est particulièrement frappant dans l’image de l’acte II scène III, où l’arbre en haut à droite fait ressortir le motif architectural et le profil de Béatrice. L’importance accordée aux décors de cette série est remarquable.

William Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, acte II, scène 3. Illustration de Edward Abbey. Ce dessin faisant 28,8 par 40,6cm, il est intéressant de le mettre à l’échelle sur son écran pour mieux en apprécier le travail à la plume.
Henry James a plusieurs fois fait l’éloge du travail de Abbey. Et Joseph Pennell, dans son livre Pen Drawing and Pen Draughtsmanship, écrivait:
“Menzel est le créateur de l’illustration moderne, (Martin) Rico et (Daniel) Vierge ont été ses plus grands apôtres (…). Mais alors que les procédés de Menzel sont obsolètes, et que le style de Vierge peut seulement être approché par les plus talentueux, chacun peut voir qu’une nouvelle école est en train de naître, celle d’Abbey, qui a aujourd’hui des suiveurs parmi les illustrateurs du monde entier.”









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