LIVRES
Marche et démarche
Grasset a récemment réédité un curieux texte de Jean Cocteau paru en 1953, souvenirs vite écrits sans se retourner. Le poète y dit l’impossibilité d’écrire ses mémoires. “Mieux vaut se cramponner à l’épave, non point par désir de survivre, mais pour essayer de vaincre les forces nocturnes qui veulent notre perte.” Une lecture d’hiver s’il en est. EL
Démarche d’un poète, de Jean Cocteau, Grasset, 140 p., 10 euros
REVUE
La musique par ceux qui la font
Chouette, le troisième numéro de la revue trimestrielle deltaT, éditée par Anamosa, vient de sortir, disponible dans toutes les librairies, sur place ou sur commande. On y a apprend à lire la musique par des auteurs, des compositeurs, des journalistes musiciens. Dans ce numéro, on suit le leader de Urban Groove Unit, James Startt, on redécouvre avec Pierre-Henri Alain, le célèbre bar le Vauban de Brest où l’on passa quelques nuits mémorables et on termine par la page portrait de James McMutry signée Olivier Villepreux. Il y a de l’info et de l’écriture. MCV
BANDE DESSINÉE
Récit d’un otage
“C’est dans la nuit du premier au deux juillet que je me suis fait kidnapper.” En 1997, Christophe André travaillait pour une ONG humanitaire dans le Caucase quand il a été emmené de nuit par un commando vers la Tchétchénie. Angoisse, panique, espoir, incompréhension, pièce vide, journées interminables et solitude. S’enfuir est la chronique quotidienne, factuelle, d’un homme face à lui-même qui se demande chaque jour ce qui se passe ailleurs et si on ne l’a pas oublié. Par l’auteur de Chroniques de Jérusalem et Le guide du mauvais père. LB
S’enfuir, récit d’un otage, de Guy Delisle, Dargaud, 432 p., 27,50 euros
EXPO
La Halle aux poupées
Si, enfant, vous arrachiez les jambes, les bras, voire les tête de vos poupées, mais sans intention de leur donner la mort. Si vous êtes passé.e sans transition au Mécano. Si vous avez déjà essayé de démonter puis remonter un réveil mécanique (peu importe le résultat). Si vous pouvez concevoir qu’un tricycle, c’est aussi trois gamins qui courent en hurlant derrière un vélo qui roule tout seul. Si vous pensez que la beauté est intérieure (quitte à devoir arracher la peau)… allez voir l’exposition de l’électromécanomaniaque Gilbert Peyre à la Halle Saint-Pierre. À ce que raconte la personne qui tient la billetterie, les enfants adorent aussi… CV
Gilbert Peyre, L’Électromécanomaniaque, jusqu’au 26 février 2017 à la Halle Saint-Pierre. 2, rue Ronsard, 75018 Paris
DANSE
Nouvelle directrice, nouvelles Pièces
La chorégraphe Ambra Senatore, nouvelle directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes où elle a succédé à Benjamin Lamarche et Claude Brumachon en janvier 2016, le cadre de ce CCN. Pièces, brouille les frontières entre danse et théâtre, entre fiction et réalité. MCV
Pièces (titre provisoire) de Ambra Senatore, les 29 et 30 novembre aux 2 Scènes, scène nationale de Besançon, les 6, 7 et 8 décembre au Lieu Unique à Nantes (photo © CCNN-B.Capala)
Menu best of aux Subsistances
On y était, on y revient. Les Subsistances de Lyon programment une carte spéciale avec 4 spectacles qui nous ont régalés, qui ont été créés (ou ont grandi) dans ce laboratoire international de création artistique et qui ensuite n’ont pas manqué de tourner. On retrouve donc Phia Ménard avec P.P.P., Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna avec ¡Esmérate!, Les Chiens de Navarre avec Quand je pense qu’on va vieillir ensemble et Halory Goerger et Antoine Defoort avec Germinal. MCV
Jusqu’au 3 décembre aux Subsistances, 04 78 39 10 02, 8 bis quai saint-Vincent, Lyon 1er
Lisbeth Gruwez, prix Nobel de danse
Peu de danseuses nous ont à ce point transportés, par ses interprétations dans de nombreuses compagnies puis dans un solo co-écrit avec Jan Fabre, Quando l’uomo principale è una donna, le corps enduit d’huile d’olive. On la retrouve dans un duo créé en 2014 Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan. Un solo en duo avec son complice Maarten Van Cauwenberghe, DJ de classe qui manie les vynils. Un dialogue doux, parfois mélancolique sur les titres de Bob Dylan qui a obtenu le 13 octobre dernier le prix Nobel de littérature. MCV
Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan, du 29 novembre au 3 décembre, Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris 11ème. 01 43 57 42 14
Accoutumance
On adore La Ménagerie de Verre, lieu mythique qui a accueilli dès les années 80 les premiers pas de la danse contemporaine, et sa patronne Marie-Thérèse Allier, sur laquelle le chorégraphe Raimund Hoghe a tourné un film, La Jeunesse est dans la tête. Et on est accro au festival Les Inaccoutumés. Il démarre cette année avec Coproud (proposition pour danseuse expérimentée), une création de César Vayssié et Olivia Grandville, du 8 au 10 novembre. Puis, on y verra Maguelone Vidal, Anna Gaïotti, Myriam Gourfink et Kasper T. Toepliz, Lorenzo De Angelis, Sophie Perez et Xavier Boussiron, Antonija Livingstone et Nadia Lauro. MCV
Festival Les Inaccoutumés, à la Ménagerie de Verre, 12 rue Léchevin, Paris 11e. 01 43 38 33 44, du 8 novembre au 3 décembre (photo : Coproud, © Caroline Redy)
THÉÂTRE
Thomas Bernhard scruté à la Lupa
Du théâtre de Krystian Lupa, quand il est réussi, on voudrait ne plus jamais ressortir parce qu’il est infiniment supérieur à la vie. La preuve par Wycinka Holzfällen (Des arbres à abattre), spectacle présenté au festival d’Avignon 2015. Le metteur en scène polonais tire du roman de Thomas Bernhard, cinglant règlement de compte avec le milieu artistique viennois, une fable politique sur le renoncement et le désarroi d’aujourd’hui. Portée par des acteurs qui allient ferveur, élégance et humour. RS
Wycinka Holzfällen (Des arbres à abattre), d’après Thomas Bernhard, mise en scène de Krystian Lupas, en polonais surtitré, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, 75006 Paris, du 30 novembre au 11 décembre.
Suite de la suite
Pour harmoniser les prises de parole individuelles de sa Suite n°2 (qui fait suite à la n°1, basée sur l’unisson), Joris Lacoste a procédé en chef d’orchestre. Titanesque, son travail laisse sans voix. À leur pupitre, cinq acteurs performers – car il s’agit d’une performance hors du commun – s’emparent des mots prononcés par d’autres avec une force qui cloue le bec. Car sous ce flot ininterrompu de discours apparaît la réalité du monde actuel. Suite n°2 est en fait tout ce que les journaux télévisés ne nous disent pas avec leurs paroles orchestrées officiellement, de manière à flouter le réel. (Lire la critique)
Suite n°2, mise en scène de de Joris Lacoste / Encyclopédie de la Parole, Le Maillon, Strasbourg, du 23 au 25 novembre, à la Comédie de Clermont-Ferrand du 29 novembre au 2 décembre, au Manège (Maubeuge) le 9 décembre, au Nouveau Théâtre de Montreuil du 13 au 15 décembre, au Théâtre Garonne (Toulouse), du 10 au 14 janvier 2017
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