Plus qu’une heure pour me rendre depuis ma banlieue sud vers la rive droite de la Seine à ce rendez-vous décisif avec mon éditrice. Prendre un vélo ? Oui, mais si je suis victime d’une crevaison? Je vais donc en prendre deux. Le deuxième dans un sac porté sur le dos. On n’est jamais trop prudent! Me voilà parti. Tiens un bus passe, si je sautais dedans, il me rapprocherait et me ferait sûrement gagner un temps précieux. Le conducteur accepte sans broncher de me prendre avec tout mon équipement. C’est curieux, je ne reconnais pas le paysage. N’irions nous pas dans la bonne direction? N’était-ce pas la bonne ligne? Paniqué, je demande à descendre… et me trouve en rase campagne! Au loin, les méandres de la Seine. Aucun pont en vue pour la traverser et rejoindre l’autre rive! Devant moi un échangeur. Un couple de touristes en tenue de randonneurs est en train de consulter une carte. Je vais en profiter pour leur demander mon chemin. Ils sont canadiens et très aimables, mais complètement perdus. Leur carte est une carte du Canada et ne leur est donc d’aucune utilité. Nous nous quittons en nous souhaitant bonne chance, quand s’approche un SDF tout sourire édenté. Vous êtes perdus? Vous n’êtes pas les premier ! Ici, tout le monde est perdu. Si vous vous voulez vous repérer, faites comme chez vous, propose-t-il aussitôt en exhibant une magnifique carte de l’île de France tatouée sur sa large poitrine glabre. Difficile de s’en approcher, tant la carte dégage une forte odeur sui generis…

3h30! Hier soir, je n’ai pourtant bu que deux verres d’un excellent Bordeaux. Vais-je parvenir à me rendormir? Pas sûr. Ah ! Ne pas oublier dès lundi matin de prendre un rendez-vous ferme avec mon éditrice!