“Il meurt en plein acte sexuel avec un épouvantail”.
Le drame s’est produit dans la campagne argentine. L’épouvantail portait une perruque féminine, était bariolé de rouge à lèvres et de surcroît équipé là où il faut d’un tube en plastique long de 15 cm. L’homme avait 58 ans et sans doute pas les moyens de se payer une poupée gonflable. Morale de l’histoire, s’il en faut une : jamais épouvantail n’avait aussi mal rempli son office.
À ce jour, les annales de la médecine légale restent vierges de toute mention d’un viol d’épouvantail : le cas argentin serait donc sans précédent. Il n’est pas certain cependant que cette affaire intéresse beaucoup les revues de psychopathologie. Ni même celles d’agronomie car l’ingéniosité humaine a trouvé mieux pour effrayer les moineaux : canons, faucons, rubans réflecteurs, installations d’art contemporain de plasticiens oubliables, toutes choses avec lesquelles il est difficile de copuler même en cas de grande frustration sexuelle. Si bien que les épouvantails n’intéressent plus grand monde hormis quelques amateurs d’art brut. On regrettera au passage que le défunt musée des Arts et Traditions populaires n’ait pas eu le temps de leur consacrer une salle avant sa fermeture. Quelques villages français ne continuent-ils pas d’organiser chaque année des “fêtes de l’épouvantail” (lesquelles ne ressemblent en rien à des orgies de sexe) ?
Chez l’animal, la copulation sans femelle n’est pas rare. Ce comportement baptisé “copulation redirigée” a été particulièrement étudié chez l’oiseau. En Caroline du sud, des chercheurs ont observé assez longtemps une population de quiscales des marais, qui sont de gros oiseaux noirs, pour prendre l’un d’eux en flagrant délit de coït avec une fleur de magnolia, un autre avec une vieille balle de tennis (ça n’a pas marché), et un autre encore avec une motte de terre. Eussent-ils copulé avec un épouvantail que c’eût été le monde à l’envers !
L’homme sans femelle préfère généralement –pardonnez la trivialité– se la coincer dans un radiateur ou dans un goulot de bouteille. Ces substituts ne sont pas sans danger : oedème, rupture de la verge, arrivée inopinée d’un membre de la famille. Bien sûr, il y a aussi les poupées gonflables, dont Wikipédia nous apprend que les premières modèles apparurent sur des bateaux : l’équipage créait à l’aide de vieux vêtements des poupées féminines à usage sexuel qu’ils surnommaient “Dames de voyage”. Ces dispositifs ne sont pas sans danger non plus : en 1993, la revue américaine Genitoury Medicine a signalé sur un chalutier un cas de blennorragie transmise à un marin par une poupée gonflable qui venait de servir et n’avait pas été nettoyée par son précédent utilisateur.
Il y a enfin les veaux, vaches, cochons, quoique la zoophilie soit en France punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Préférez donc Perrette ou, à défaut, son pot au lait. Mais l’avenir, résolument, semble être aux femelles-robots, lesquelles pourront faire tout un tas de choses intéressantes y compris accompagner de la voix, synthétique et suave, les ardeurs de leur partenaire de chair et de sang. S’ouvre pour la programmation informatique un chantier fascinant.
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