“La championne du monde de grimaces fait un malaise juste après la compétition.” (The Daily Mirror)
Elle venait de quitter la scène après avoir été sacrée championne du monde de grimaces, dans la ville anglaise d’Egremont. Subitement Anne Woods s’est évanouie et a dû être hospitalisée. La lauréate de 62 ans venait de grimacer pendant quatre minutes, le pic de sa performance étant le moment où elle avalait sa lèvre supérieure tout en venant se gratter la base du nez avec sa lèvre inférieure. La championne a été découverte inanimée par le lauréat du concours hommes, Tommy Mattinson (lequel aime à loucher tout en plissant spectaculairement le nez) quand ce dernier est sorti prendre l’air. Tommy a commenté en gentleman : “Être sur scène est physiquement éprouvant. En plus, il faisait très chaud dans la salle. Et puis Anne n’est plus toute jeune, cela n’aide pas.” Anne Woods est sortie de l’hôpital quelques heures plus tard. Peut-être y aura-t-il un suivi médical des athlètes lors de la prochaine édition du championnat du monde de grimaces.
En revanche, il n’y aura pas de prochaine édition du championnat du monde de sauna. En 2010, sa onzième et dernière édition s’est soldée par la mort de l’un des deux finalistes et l’hospitalisation de l’autre dans un état grave. Cet événement sportif, organisé en Finlande depuis 1999 et jamais endeuillé jusque-là, consistait à tenir le plus longtemps possible dans un sauna chauffé à 110°C. Il y avait cette année-là 130 participants accourus de 15 pays. Au bout de six minutes, les deux derniers candidats (un Russe et un Finlandais) n’étaient pas beaux à voir, si bien que les organisateurs les ont sortis de force. Trop tard. On trouve sur Internet des images de cette évacuation, mais les âmes sensibles auraient tout intérêt à ne pas aller les regarder.
La vie du sportif de haut niveau, en toutes disciplines, n’est pas que fleurs et gloire. Chaque performance se paie au prix fort : pour être le meilleur, il faut y laisser un peu de soi. Ou un peu de l’autre, mais la place manque ici pour détailler la palette des divers traumatismes qu’ont déjà occasionnés les compétitions de lancer de nain et de lancer d’épouse (autre subtile création finlandaise) et puis, de toute manière, les données restent extrêmement lacunaires dans les pays où ces sports se pratiquent : il y a tant d’obstacles sur le chemin de la connaissance.
Il est plus aisé, si l’on s’intéresse aux sports nautiques par exemple, de s’informer sur le nombre de nageurs, véliplanchistes et surfeurs qui se sont déjà fait embrocher par des espadons. L’accident est rare mais toujours spectaculaire. C’est que l’espadon a un bec (rostre est le mot exact) fort pointu, et que l’homme plonge rarement en armure. On a même vu un de ces poissons embrocher un bateau : c’était en 1967, le navire était le sous-marin scientifique Alvin. Se faire transpercer par le rostre d’un espadon est extrêmement douloureux si l’on se fie au témoignage de ceux qui ont subi cette expérience sans y laisser leur peau. C’est aussi extrêmement idiot. Pêcher le maquereau est une activité moins dangereuse, sauf à passer par-dessus bord.
Édouard Launet
Sciences du fait divers
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