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Balades et ballades
| 21 Sep 2025

Les premières illustrations de She stoops to conquer furent publiées dans le numéro de décembre 1884 du Harper’s Monthly. En les voyant, Abbey fut furieux. Ses indications n’avaient pas été suivies. Les grands dessins avaient été réduits et les vignettes agrandies, le tout jeté au hasard sur une double page. « L’argent n’est pas tout dit-il à Charles Parsons, directeur artistique du magasine, je peux gagner quatre ou cinq fois plus ailleurs! » Les onze publications suivantes respectèrent ses consignes et, en 1886, le livre parut et rencontra aussitôt un grand succès.

À partir de 1885, Abbey séjourna de plus en plus souvent à Broadway, un gros village situé à 25 km au sud-ouest de Stratford-upon-Avon où s’était installée une véritable communauté d’artistes et d’écrivains. En plus des trois amis Frank Millet, Alfred Parsons et Abbey, s’y retrouvaient, entre autres, le peintre John Singer Sargent, les écrivains Henry James et Edmund Gosse, le poète Austin Dobson et l’illustrateur Fred Barnard.

Libéré des ateliers londoniens, tout ce petit monde, nageait, randonnait, dansait et jouait au tennis. Dobson disait que l’atmosphère y était joyeuse comme une école de garçons. Malgré tout, l’essentiel des journées était consacré au travail. Abbey écrivait à Charles Parsons: « À Broadway, nous sommes aussi occupés que des abeilles, Sargent a peint une grande et belle peinture dans le jardin, Millet est en train de réaliser deux toiles d’intérieurs et Barnard fait de nombreux croquis. » Observant leur activité, Henry James plaisantait: « C’est délicieux d’être à Broadway et de ne pas avoir à dessiner! »

Abbey, lui, était heureux de dessiner. Inspiré par la vieille ville, il peignait des aquarelles, achevait des illustrations, couvrait des carnets de croquis et pensait déjà aux nouveaux projets qu’il allait entreprendre en collaboration avec Alfred Parsons: Old Songs, un recueil de ballades anglaises traditionnelles, et une anthologie de poésie: A Quiet Life.

Edward Abbey. Old songs

Edward Abbey: Old songs. “Sweet Nell – My Heart’s Delight”

En février 1886, Abbey reçut de Harper’s une première proposition d’illustrer des comédies de Shakespeare. J’aimerais que votre nom soit pour la postérité associé à celui de Shakespeare, lui écrivit avec enthousiasme l’éditeur Henry Mills Arden. Abbey hésita et dans un premier temps déclina la proposition.

Il passa une bonne partie de l’année 1887 à travailler avec Alfred Parsons sur le recueil d’Old songs, Parsons se chargeant des cartouches de titres et des motifs floraux – une de ses spécialités – des culs-de-lampes.

Le livre ne paraîtra qu’en 1889. Entre temps, Abbey aura finalement accepté une nouvelle, et généreuse, proposition pour réaliser des illustrations de comédies de Shakespeare et les aura déjà commencées après un voyage à se documenter en préparation de ce travail qu’il poursuivra pendant des années.

Mais nous n’en sommes pas là. Revenons-en aux ballades anglaises et terminons cet article en chansons… avec une sélection des dessins de Abbey.

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