“Quelles leçons tirons-nous de l’histoire ?” C’est par cette phrase que s’ouvrait le Bentô de la semaine dernière. Plus que jamais, cette question s’impose. En effet, comment écrire sur autre chose que les assassinats qui ont endeuillé la France vendredi dernier ? Chaque film ou chaque spectacle vu, chaque livre lu, et même chaque exposition vue l’est depuis quelques jours à travers le prisme de cet état de guerre, un mot qu’a choisi d’employer le Président de la République.
Je crois plus que jamais que la culture est nécessaire, indispensable, vitale, pour que la démocratie se porte bien, se porte mieux. En étant en rapport avec l’art et la culture dès le plus jeune âge, les citoyens de demain, appelés à voter et à prendre part à la vie de la cité, auront, je n’ai aucun doute là-dessus, un regard plus ouvert, plus curieux, plus tolérant. En se sentant chez eux dans tous les lieux de culture, tous les habitants de ce pays se sentiraient davantage inscrits dans la même histoire et le même présent, et ne devraient plus se dire que “la culture, c’est pour les autres, les élites”.
L’état d’urgence, c’est de mettre enfin en place des dispositifs dignes de ce nom, et les moyens afférents, pour que l’éducation artistique et culturelle touche tous les enfants scolarisés dans notre pays.
L’état d’urgence, c’est d’accentuer la démocratisation culturelle, et ne pas restreindre toujours davantage les budgets dévolus à la culture, quelles que soient les tutelles.
L’état d’urgence, c’est de permettre aux artistes d’avoir les outils et les moyens de poursuivre leurs recherches, sur le fond et sur la forme, dans une véritable liberté d’expression.
L’état d’urgence, c’est de permettre aux responsables de lieux culturels d’accompagner les artistes et de diffuser leurs œuvres sans crainte aucune de la censure, des attaques judiciaires ou physiques.
L’état d’urgence, c’est pour nous tous d’aller dans les salles de spectacle, les cinémas, les musées, pour continuer à découvrir et à partager l’art de notre temps, l’art de tous les temps, de tous les horizons géographiques.
Et en allant ou en sortant d’un théâtre, d’un musée, d’un cinéma, ne pas craindre de s’arrêter à une terrasse de bistrot pour refaire le monde, le refaire vraiment, en ne cédant pas à la peur aujourd’hui légitimement ressentie de simplement aimer vivre.
Arnaud Laporte
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