Retour sur le Bentô de la semaine dernière et sur les réactions qu’il a pu susciter. L’occasion de relever ici un fait récurrent concernant la critique en général. Parler ou écrire à propos d’un film, d’un spectacle, d’une exposition, d’un livre… ce n’est jamais critiquer personnellement leurs auteurs mais le résultat de leur travail, à un moment donné. Insultes et menaces en tous genres parsèment la vie du critique. Mais il faut tenir bon, continuer à regarder, lire ou écouter sans complaisance, et essayer de transmettre le plus honnêtement possible ce que l’on a ressenti, analysé et pensé d’une œuvre. (Lire l’article)
Nécrologies
Lu sur Twitter : “Dans 10 ans, si on vous demande au Trivial Pursuit de donner la date de décès d’un artiste, essayez 2016 !” Il est vrai que ce début d’année est particulièrement endeuillé. Et ces décès en cascade nous permettent d’étudier d’un peu plus près le traitement médiatique des morts d’artistes. Démonstration avec Pierre Boulez, David Bowie, Jacques Rivette, Ettore Scola, Andrzej Zulawski, Ellsworth Kelly, Gottfried Honegger, Leila Alaoui et Umberto Eco. (Lire l’article)
La répétition
Aller voir le film Un Jour avec, un jour sans, de Hong Sang-Soo. Aller voir Couple, la pièce de Gilles Gaston-Dreyfus. Rejouer les mêmes scènes, mais avec de légères variations. Qui changent tout. Et avoir l’impression de l’avoir déjà écrit, et donc de l’écrire à nouveau. Mais n’en trouver nulle trace nulle part. Être pourtant certain de l’avoir déjà écrit, ce Bentô. Donc de le répéter. Et d’écrire une variation sur le Bentô premier. Mais ne trouver aucune trace nulle part de ce qui n’est donc peut-être qu’un Bentô rêvé. Ou un Bentô à venir… (Lire l’article)
L’attente
Qu’attend-on de l’arrivée d’une nouvelle œuvre – livre, film, disque – d’un artiste que l’on apprécie ? Qu’attend-on d’y trouver ? La même chose que l’on a aimée ? La même chose, mais en mieux ? Une rupture qui nous entraînera vers de nouveaux rivages ? Et comment l’attente prend-elle fin ? Trois exemples pour en parler : la sortie en librairie de Toutes les femmes sont des aliens d’Olivia Rosenthal, du tome 1 d’Histoire de la littérature récente d’Olivier Cadiot, et celle du film de Sharunas Bartas, Peace to us in our dreams. Et en bonus, celle de l’album ANTI de Rihanna. (Lire la suite)
Autobiographique
Comment se raconter, comment orchestrer l’aller-retour entre réel et fiction pour se faire entendre ? Réponses à travers trois films (Peace to us in our dreams de Sharunas Bartas, Peur de rien de Danielle Arbid, Mad love in New York des frères Safdie), deux livres (Le silence de Jean-Claude Pirotte, Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? de Roz Chast) et un spectacle (Les chatouilles ou la danse de la colère d’Andréa Bescond). Lorsqu’il s’agit de se raconter, c’est toujours à l’autre qu’un artiste parle, et c’est ainsi qu’il fait bouger son monde et le nôtre. (Lire la suite)
Jeunesse
Les œuvres de jeunesse sont passionnantes… à condition que les suivantes aient conquis notre intérêt. La preuve par Romeo Castelluci qui reprend vingt ans après son Orestie (une comédie organique ?) ; Apichatpong Weerasethakul, dont le premier long-métrage, Mysterious object at noon, sort pour la première fois en salles ; les courts métrages de Buster Keaton, dont l’intégrale est publiée en coffret chez ARTE et Lobster. (Lire la suite)
L’essence de l’œuvre
La fidélité à une œuvre n’est pas une question de respect d’une intégrité fantasmée, mais d’intelligence de lecture, de choix et de sensibilité. La preuve par deux spectacles de théâtre : Les Français, adaptation par Krzysztof Warlikowski de À la recherche du temps perdu, et Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir, transcription, signée par Dorian Rossel du scénario de La maman et la putain. Dans les deux cas, la fidélité est totale, alors même que la “trahison” est évidente. (Lire la suite)
Splendeurs et misères
Un début de carrière est plus difficile à vivre face à une critique versatile. Des auteurs affirmés peuvent peut-être se payer le luxe de ne plus prêter attention à ce que l’on écrit sur eux. L’actualité théâtrale, littéraire et cinématographique nous permet de réfléchir à la question. Au menu, Thomas Jolly, Édouard Louis, Quentin Tarantino et Jean Echenoz. (Lire la suite)
Bentô comme Bowie
Il y a bien sûr quelques artistes qui franchissent les frontières de leur champ disciplinaire d’origine, et il y en a même de plus en plus. Mais David Bowie l’a fait plus tôt que la plupart, et avec un retentissement plus fort que tous. En cela, sa disparition est non seulement une tristesse individuelle, pour qui a aimé et suivi la carrière de l’artiste, mais aussi un deuil collectif, celui d’une certaine façon de considérer la vie d’artiste elle-même comme un des beaux-arts. (Lire la suite)
Réel
Mettons côte à côte deux films et deux expositions, et posons-nous la question de savoir qui s’approche au plus près du “réel”. Au programme de ce Bentô : Mountains may depart, le film de Jia Zhangke et Toto et ses sœurs, celui d’Alexander Nanau ; l’exposition Étonnez-moi ! que le Jeu de Paume consacre au photographe Philippe Haslman ; et la première Biennale des photographes du monde arabe contemporain, organisée par l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la Photographie. (Lire la suite)
Top 1
Qui a donc inventé les Top 5, 10 ou 100 de fin d’année ? Dès qu’arrive le mois de décembre, les critiques de tous les champs artistiques semblent irrémédiablement démangés par cette manie qui, si l’on y songe un instant, ressemble à s’y méprendre à la négation de la fonction même de critique. On ne peut se désoler toute l’année de la portion toujours plus congrue dévolue aux critiques culturelles et faire semblant qu’une année puisse se résumer en 5 ou 10 lignes ! Qu’est-ce qui pousse donc les critiques à remplir les pages des rubriques “Culture” de listes numérotées dès lors que les sapins sont en place dans les foyers ? (Lire la suite)
Absence
L’absence est une question essentielle dans l’histoire de l’art. Avec quatre exemples dans l’actualité, comme autant de tentatives de répondre à ce drame intime de nos vies, nous verrons que tous les sens peuvent être convoqués, mais qu’il en est un qui surpasse tous les autres : l’ouïe. La preuve dans Le Réveil de la force, l’épisode VII de Star Wars ; La Voix sombre, l’ouvrage bouleversant de Ryoko Sekiguchi qui vient de paraître chez POL ; le coffret de l’intégrale des récitals d’Elisabeth Schwarzkopf, publié chez Warner Classics ; et le film Valley of Love, de Guillaume Nicloux, qui vient de paraître en DVD et Blu-Ray. (Lire la suite)
Transmission de pensée
Comment restituer, transmettre une pensée ? Quelques réponses dans ce parcours de l’actualité des arts et de la culture : Le reste sans changement, dernier volume des Carnets d’André Blanchard, où l’employé municipal d’une galerie d’exposition de Vesoul consignait ses pensées sur le monde dans lequel il vivait. À Pompidou-Metz, l’exposition Cosa mentale. Les imaginaires de la télépathie dans l’art du XXe siècle nous propose de traverser l’histoire de l’art en s’intéressant à la fascination des artistes pour les modes de communication de la pensée. Nicolas Bouchaud et Eric Didry nous font quant à eux partager la pensée de Paul Celan, dans Le Méridien. (Lire la suite)
Hauteurisme
Le naufrage artistique de Mia Madre, de Nanni Moretti, me semble un cas d’école du danger qui guette, et engloutit, nombre d’artistes que nous avons pu aimer à leurs débuts et qu’un accueil critique laudateur et/ou des prix prestigieux semblent avoir fait dévier de leurs trajectoires. Dans le nouveau film du cinéaste italien se trouvent conjuguées toutes les prétentions de l’auteur qui se pense sur les hauteurs de son art. Dans la liste des déconvenues : Le Pont des espions de Steven Spielberg, le roman 2084 de Boualem Sansal, ou encore la mise en scène de Tannhaüser de Wagner par Sasha Waltz. (Lire la suite)
Disparition
Qu’est-ce qui disparaît quand un artiste meurt ? Si un écrivain, un cinéaste ou un peintre voient leurs œuvres leur survivre, il n’en va pas de même pour tous les artistes. Et la question de la préservation et de la restauration des œuvres d’art soulève régulièrement des polémiques, car le retour à l’état original relève du mythe. Un compositeurpeut publier ses partitions, mais l’interprétation est une œuvre en soi. Qu’en est-il des comédiens et des danseurs ? Des metteurs en scène et des chorégraphes ? Luc Bondy disparu, que reste-t-il de son travail ? Et de celui de Patrice Chéreau ? De Klaus Michael Gruber ? De Pina Bausch ? D’Antoine Vitez ? (Lire la suite)
Empathie
Dans tous les arts, sous des formes diverses, se pose la question de l’empathie. Autrement dit, comment un auteur, un metteur en scène, un cinéaste, un plasticien, voire un musicien doit-il considérer son objet d’étude ou son sujet d’expression ? La réponse à cette question est déterminante dans l’effet produit sur le spectateur / lecteur / regardeur. Quelques exemples dans l’actualité – la pièce Bella Figura de Yasmin Reza, le documentaire The other side de Roberto Minervini, l’essai d’Henri Raczymow Mélancolie d’Emmanuel Berl – nous donneront un éclairage sur cette si singulière triangulation artiste-œuvre-public. (Lire la suite)
État d’urgence
“Quelles leçons tirons-nous de l’histoire ?” Plus que jamais, cette question s’impose. En effet, comment écrire sur autre chose que les assassinats qui ont endeuillé la France vendredi dernier ? Chaque film ou chaque spectacle vu, chaque livre lu, et même chaque exposition vue l’est depuis quelques jours à travers le prisme de cet état de guerre, un mot qu’a choisi d’employer le Président de la République. La culture est nécessaire, indispensable, vitale, pour que la démocratie se porte bien, se porte mieux. Tel est l’état d’urgence dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. (Lire la suite)
Révolutionnaires
Quelles leçons tirons-nous de l’histoire ? Cette question, qui a agité les philosophes, de Hegel à Marx, en passant par Leibniz, est aussi au cœur de plusieurs œuvres récentes, parmi lesquelles : Ça ira (1). Fin de Louis, la pièce de Joël Pommerat actuellement présentée au théâtre des Amandiers, à Nanterre ; le film Francofonia, du Russe Alexandre Sokourov ; les expositions Qui a peur des femmes photographes ? au Musée de l’Orangerie (1839-1919) et au Musée d’Orsay (1918-1945), et À la recherche de 0,10 à la Fondation Beyeler, à Bâle. (Lire la suite)
Lauréats
Il y a un décalage entre les critiques de toutes disciplines et le public. Combien de critiques cinéma ont-ils vu Les nouvelles aventures d’Aladin, qui cartonnent au box-office ? Hormis ceux des médias généralistes et populaires, sans doute assez peu. Quel public sera touché par le prix Marcel Duchamp, décerné lors de la dernière FIAC à Melik Ohanian ? Un tout petit nombre, déjà amateur d’art contemporain. Le prix Goncourt, décerné ce mardi à Boussole, de Mathias Enard, verra à coup sûr son lauréat arriver en tête de listes de vente dans les semaines à venir. Mais à qui la victoire ? Rarement aux artistes. (Lire la suite)
Buzz
Qu’est-ce qui fait buzzer ? C’est la question que pose le Bentô de cette semaine, où il est question, entre autres, de cinéma (Les nouvelles aventures d’Aladin et le site AlloCiné), de théâtre (le procès fait à Rodrigo García, aux éditions Les Solitaires Intempestifs et au Théâtre du Rond-Point) et de littérature (La 7ème fonction du langage, de Laurent Binet). À qui profite le buzz ? Et à qui ne profite-t-il pas ? On sait aujourd’hui très bien qu’un clic n’est jamais loin d’un cent d’euro, et que les artistes qui font le plus cliquer ne tardent jamais à trouver une grande maison qui leur ouvre leur porte et leur carnet de chèques. (Lire la suite)
Croisements
Cette chronique a pour objet d’interroger les correspondances entre les arts, de pointer les thématiques ou esthétiques communes entre différents champs de la création, de les mettre en regard. Il arrive que les programmateurs culturels incluent ces mises en regard dans leur travail, comme le font en ce moment le Festival d’Automne à Paris et la FIAC. Le cas de l’islandais Ragnar Kjartansson est sans doute le plus emblématique et le plus passionnant. L’artiste présente en effet des formes très différentes, qui vont de l’installation à la vidéo, en passant par la performance. Il méritait bien un Bentô à lui tout seul. (Lire l’article)
La force de l’âge
Pierre Soulages présente en ce moment à la Galerie Karsten Greve des œuvres réalisées entre 2013 et 2015, soit entre 92 et 94 ans. Michel Bouquet, 89 ans, et Robert Hirsch, 90 ans, arpentent toujours les plateaux de théâtre, et Charles Aznavour continue à se produire sur scène, à 91 ans, tandis que Claude Régy, 92 ans, ou Peter Brook, 90 ans, poursuivent leur travail de metteur en scène. Bien d’autres exemples pourraient être donnés d’une longévité sur laquelle ce Bentô s’interroge : quels sont les effets d’un âge avancé sur la pratique artistique, et quel est le regard que nous lui portons ? (Lire la suite)
Champ / Contre-champ
Comment se servir de son art pour dire le monde ? Un écrivain et un cinéaste répondent à cette question de façon magistrale : Jean Hatzfeld et Joshua Oppenheimer. Envoyé spécial de Libération au Rwanda juste après le génocide de 1994, Jean Hatzfeld enregistre des heures d’entretiens, retranscrit, se livre à un travail de montage et, dans une démarche absolument littéraire, donne forme à l’informe. Joshua Oppenheimer filme quant à lui les bourreaux du génocide indonésien et les confronte aux familles des victimes. (Lire la suite)
Amateurs
“Tous ceux qui me disent qu’ils ne savent pas danser sont ceux qui m’intéressent le plus.” La phrase du chorégraphe Jérôme Bel prononcée en marge de son spectacle Gala permet de réfléchir à la place des amateurs dans les arts. Dans ce spectacle, il fait cohabiter les amateurs et les professionnels. Mêmes ingrédients pour la trilogie Dancing, de la Sud-Coréenne Eun-Me Ahn. Au-delà de ces cas particuliers, c’est la réception publique de ces propositions qui intrigue. (Lire la suite)
DésAccords
Comment mettre la musique en fiction ? On se souvient de l’excellent Ravel de Jean Echenoz, le récit des dix dernières années de la vie du compositeur, qui nous en disait long sur l’homme et ses sources d’inspiration. Dans l’actualité, un film et un spectacle ont aussi fait le pari, chacun à sa façon, d’approcher le mystère de la musique : Comme une pierre qui, d’après Greil Marcus, dans une mise en scène signée Marie Rémond et Sébastien Pouderoux, et Marguerite, de Xavier Giannoli. (Lire la suite)
Amours
Amour, manque d’amour, trop d’amour, amour masturbatoire, amour physique et sentiment amoureux… l’amour sous toutes ses formes, vu à travers le prisme de quatre œuvres choisies dans l’actualité culturelle de la semaine : Princesse Vieille Reine, ensemble de textes écrits par Pascal Quignard pour la comédienne et metteure en scène Marie Vialle ; Démons, une pièce de Lars Norén montée deux fois en cette rentrée, au Théâtre du Rond-Point et au Théâtre de Belleville ; Much loved, de Nabil Ayouch, et Fou d’amour, de Philippe Ramos, deux films sortis sur les écrans cette semaine. (Lire la suite)
PolitiquArts
Les artistes ont-ils vocation à être les révélateurs des questions à l’œuvre dans nos sociétés ? Force est de constater que le théâtre français s’intéresse aujourd’hui davantage à lui-même et à ses formes qu’à la société toute entière. Qu’en est-il de la littérature et du cinéma ? Des bribes de réponses avec Christine Angot (Un amour impossible), Stéphane Braunschweig / Pirandello (Les Géants de la montagne), Stéphane Brizé (La Loi du marché), Jacques Audiard (Dheepan). (Lire la suite)
Luminothérapies
Que mettre dans un Bentô ? C’est la question que se posent chaque jour des millions de Japonais. C’est une bonne question pour ce premier Bentô qui, malgré une rentrée culturelle bien chargée et la tentation de mélanger les disciplines, fait toute la place à une œuvre-phare qui nous arrive à la fin de cet été, et qui bouscule tout le reste : Cemetery of splendour, du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. (Lire la suite)