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De 1923 à 1973, ils ont soutenu et stimulé activement toutes les formes d’art. C’est cette « œuvre » des mécènes Charles et Marie-Laure de Noailles que reconstituent Alexandre Mare et Stéphane Boudin-Lestienne, historiens-chercheurs du Centre d’art Villa Noailles, avec la mise en scène des éditions Bernard Chauveau. Lettres, documents, œuvres et fabuleuses photos se recoupent dans un ouvrage énorme, pour dresser la saga romanesque de ce couple d’aristocrates qui a mis sa fortune au service de l’avant-garde culturelle. Lui, vicomte jardinier perspicace qui aimait « s’amuser avec des gens intelligents et de valeur », elle artiste et écrivain plus radicale, extravagante et « première femme du monde qui ait dit merde », selon Paul Morand. Dans leur villa fada un peu cubiste construite par Robert Mallet Stevens, avec leurs illustres invités – Cocteau, Giacometti, Man Ray, Luis Buñuel, Serge Lifar, Francis Poulenc… et Pierre Clémenti – se construit une scène artistique aux multiples rhizomes, particulièrement surréalistes. Des bals extravagants, expositions, projections, missions ethnographiques, matchs de boxe qu’ils savaient inventer, quitte parfois à choquer ou à être censuré, aux architectures, meubles, jardins, et sculptures avec lesquels ils ont vécu. Ce n’est pas un livre-objet, à simplement étaler sur sa table basse, c’est une suite de textes à savourer pour découvrir nombres de Fantômas dans ces placards modernes. Le plus jubilatoire de cette histoire, c’est que leur Villa continue à vivre, dans un esprit fantasque contemporain, grâce à un nombre d’acteurs amoureux du « noaillisme ». Dont Jean-Pierre Blanc, directeur de cette maison héliotrope qui a initié cet ouvrage.
Anne-Marie Fèvre
Guide
Alexandre Mare et Stéphane Boudin-Lestienne, Charles et Marie-Laure de Noailles, mécènes du XXe siècle, Villa Noailles/Bernard Chauveau éditions, 52 euros.
Villa Noailles, Centre d’art, montée de Noailles, 83400 Hyères (Var), 04 98 08 01 98.
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