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« Et ne connais-tu pas l’implacable Agrippine ? », « J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer », c’est dans Britannicus de Racine, la pièce dont le héros n’a jamais été Britannicus, mais Néron qui en est le centre, le metteur en scène et le moteur. Et s’il en était l’unique personnage ? C’est de cette question que semble s’emparer Philippe Lebas à l’Artistic Théâtre où il incarne seul tous les personnages de la pièce. Selon la note d’intention, nous devons voir Racine disant tous les rôles de son texte, mais on peut aussi deviner un Philippe Lebas-Néron imaginant sa vie comme une pièce de théâtre où il se prend tour à tour pour chaque personnage — Néron-Britannicus aime Néron-Junie qu’enlève Néron-Néron sous l’œil bienveillant de Néron-Narcisse, sans oublier Néron-Agrippine quand l’empereur fait sa mère, comme si Anthony Perkins avait tourné Psychose à l’époque de l’empire romain. Mais on ne se débarrasse pas si facilement du corps d’une mère implacable et la voilà face à Néron incarnée pour une scène par Christine Joly, qui signe aussi la mise en scène.
Quand l’exploit d’un comédien – une heure quarante-cinq à faire l’amour aux alexandrins et à jouer de toutes ses voix, avec pour seul accessoire un grand pan de tissu écarlate – permet de réécrire l’histoire, on est content d’être allé au théâtre et persuadé qu’il fallait bien une salle climatisée : la canicule, ce n’est rien à côté d’Agrippine et Néron.
Sophie Rabau
Guide
Britannicus, de Racine, mise en scène de Christine Joly, avec Philippe Lebas, à l’Artistic Théâtre, 45 rue Richard-Lenoir, 75011 Paris (01 43 56 38 32), jusqu’au 31 juillet 2019.
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