Ubu Trump
Dramaticule en deux actes.
Acte I
La scène se passe dans la Tour Ubu
Scène 1
Père Trump.– Merdre.
Mère Trump.– Oh ! Voilà du joli, Père Trump. Vous êtes un fort grand voyou.
Père Trump.– Comment Mère Trump ! Est-ce que je ne possède pas la plus jolie tour de Manhattan ?
Mère Trump.– Vous êtes bien fainéant, Père Trump. Une tour ! Et vous croyez posséder le monde !
Père Trump.– Ma tour est toute dorée ! Elle compte 195 étages et des poussières. Elle gratte le cul du ciel. Merdre, Mère Trump ! Ma tour pète plus haut que votre cul ! Bougre de merdre ! Et vous oubliez mes casinos, mes buildings, mes terrains de golf, ma fortune personnelle, Mère Trump ! Je vais vous couper les oneilles si vous continuez à m’insulter !
Mère Trump.– Vous n’êtes qu’un gros niais, Père Trump. Vous oubliez votre passé, vos dettes, vos écarts avec… avec… enfin vous savez bien. Des greluches, Père Trump ! Moi-même si je pouvais… La seule pensée de vos turpitudes me glace les sangs. Et votre Tour ! Mais laissez-moi rire ! Vous n’avez donc jamais vu les Twin Towers ? Vous ne croyez pas qu’elles en jettent plein les mirettes. Et elles sont deux, les Twin Towers, alors que votre Tour Ubu si solitaire a l’air bien ridicule ! Pauvre Tour ! Tenez : on se croirait à Disneyland ! Vous ne comprenez rien au business, Père Trump.
Père Trump.– Bougre de merdre ! Vous n’avez pas de tête, Mère Trump. Les Twins Tower n’existent plus. Elles ont été rasées.
Mère Trump.– Je m’en fous ! Rasées ou pas, on les voit sur toutes les cartes postales. Et votre tour, on ne la voit nulle part. Vous n’êtes qu’un bouffre !
Père Trump.– Vous êtes bien laide aujourd’hui, Mère Trump. Vous avez engraissé. Et moi, je meurs de faim ! Qu’y-a-t-il au dîner, ma bonne Mère ?
Mère Trump.– Soupe de l’Alaska, harengs à l’eau, choux-fleurs à la merdre, confiseries de Paris.
Père Trump.– Tu veux ruiner mon sabre à finances ! Me crois-tu Président des États-Unis pour faire de telles dépenses !
Mère Trump.– Et pourquoi pas, Père Trump ? La Maison blanche, ça a quand même une autre gueule que la Tour Ubu ! Pensez à ma garde-robe, Père Trump. Je n’ai presque plus rien à me mettre ! Je piquerais les nipes de la First Lady. Tu pourras lever autant d’impôts que tu le souhaites. Nous serons riches, Père Trump. Je veux dire vraiment riches. Nous posséderons tous les États-Unis, les banques, les rivières, les buildings, les magasins de luxe, l’armée. Nous serons les rois ! Alors qu’en dis-tu gros bêta ? Tu pourras même te payer une perruque !
Père Trump.– Merdre ! Vous me tentez, ma beauté. Et j’aurais autant de hamburgers que je veux ? Je pourrais changer de cravate chaque jour ? Je pourrais… je pourrais signer des décrets ?
Mère Trump.– Tu signeras comme un cochon ! Tu seras Mister President, je te dis !
Père Trump.– Mais les magistrats ? Tu as pensé aux magistrats, ma caillette ?
Mère Trump.– Tu les battras avec le bâton à merdre !
Père Trump.– C’est bien tentant, ma toute belle. Mais quand le repas sera-t-il prêt ? Je meurs de faim et tu sais que je déteste attendre. Et puis est-ce que ces sagouins de petits fouteux de Républicains vont me soutenir ? Et la primaire, tu y as pensé, ma bonne Mère Trump ? Si tu crois que tes déguisements ruineux vont me valoir les suffrages de ces radins de Républicains, tu te fourres le doigt jusqu’au tréfonds de ton cul !
Mère Trump.– Père Trump ! Vous n’êtes qu’un grand niais d’imbécile yankee ! Tu sais que les sénateurs sont tous de vieux corniauds ?
Père Trump.– Merdre ! Et alors ?
Mère Trump.– Mais bougre de crétin indécrottable ! Ces vieux vilains rabougris n’ont qu’un rêve : voir la Mère Trump à poil ! Ils voteront pour toi afin de me mater dans les couloirs de la Maison Blanche ! Pense au bureau ovale, Père Trump ! Penses-y bien ! Tiens ! Voilà nos invités qui arrivent.
Mère Trump, seule.– Vrout, merdre, il a été dur à la détente, mais vrout, merdre, je crois pourtant l’avoir ébranlé. Grâce à Dieu et à moi-même, peut-être dans six mois serai-je la First Lady !
Scène 2
Mère Trump.– Entrez ! Installez-vous sur les tapis. Pas de chichis entre nous ! En plus c’est de l’imitation léopard. Père Trump n’aime que la fausse fourrure ! Mais asseyez-vous donc. J’apporte la soupe aux glaçons. Mais qui je vois là ? Est-ce que ce ne serait pas cette petite bouffresse de Sarah !
Sarah.– Mais oui, Mère Trump ! C’est le Bouffre Party qui m’envoie. Les bons blancs vous soutiennent, Père Trump ! Plus on est de drôles et de drôlesses, plus on a de chances de s’installer à la Maison Blanche.
Entrent les lieutenants : Michael Pinn, Keith Cornflakes, David Petrus et Robert Oxford.
Père Trump.– Mère Trump ! Donnez-leur de la soupe à l’eau de vaisselle ! Et planquez les confiseries de Paris ! Nous ne sommes pas encore à la Maison Blanche.
Mère Trump, à voix basse, au Père Trump.– Bougre de vieille fripouille ! Canaille à la Tour ! Triple buse ! Cornichon décoloré ! Comment veux-tu compter sur tes lieutenants si tu leur sers de la soupe à la grimace ! Actionne un peu tes méninges ! Tu seras obéi si tu fais marcher le sabre à finances.
Père Trump.– Encore payer ! Vieille greluche ! Tu n’as que ce mot-là à la bouche ! Tu verras ce qu’il t’en cuira quand je serai Président des États-Unis !
Mère Trump.– Monsieur Pinn ! Quelles sont les nouvelles ? Les Républicains nous suivent-ils ?
Michael Pinn.– Le programme de Père Trump les a ravis ! Ils sont tout excités ! La baisse des impôts, la fermeture des frontières, la liberté totale accordée aux banques ! Ils en rêvent tous !
Keith Cornflakes.– Oui, Père Trump va rendre sa grandeur aux États-Unis ! Tous ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous !
Père Trump.– Est-ce que ça ne fait tout de même pas beaucoup de monde ?
Sarah.– Ils sont des millions à nous suivre !
Père Trump.– Je parlais de ceux qui étaient contre nous !
Robert Oxford.– Nous les écraserons d’un revers de la main ! Au besoin nous leur balancerons une petite bombe H sur le coin de la gueule, et hop plus personne ! Bon débarras.
Père Trump.– Bon. Si c’est vous qui faites le boulot, je veux bien. Mais Mère Trump, j’ai faim !
Tous, en chœur.– America great again !
Mère Trump.– Voici la soupe à la merdre !
Michael Pinn, à part.– Cette soupe est vraiment dégueulasse. Une fois au pouvoir on butera le Père et la Mère Trump ! (À tous.) La soupe est exquise, Mère Trump ! Great ! Delicious ! Oh yes !
Robert Oxford.– Père Trump ? Il faut qu’on parle de ce mur dont vous nous rabattez les oneilles. Est-ce qu’il ne va pas nous forcer à prélever un nouvel impôt ?
Sarah.– Ce mur est la grande idée du Père Trump. On ne peut pas y renoncer. Et puis tous ces Arabes à nos frontières…
Robert Oxford.– Je croyais qu’il s’agissait de construire un mur entre le Mexique et les États-Unis ?
Sarah.– C’est bien ce que je disais. Ces Mexicains ne sont qu’un tas de sales Arabes. Regardez-les d’un peu près ! Ils sont toujours mal rasés, et ils puent. Oh ! Qu’est-ce qu’ils puent !
Mère Trump.– Notre petite Sarah a raison. Arabes, Français, Mexicains, Chinois, Allemands, c’est tout pareil : ce ne sont pas des Américains.
Père Trump.– Bien dit, Mère Trump ! Quand nous serons Président, nous signerons un décret d’expulsion générale. L’Amérique doit retrouver sa pureté originelle. On en a marre de tous ces rastaquouères !
Tous, en chœur.– America great again.
Père Trump.– Bravo, bravo les boys ! Mais cette primaire ? Est-ce qu’on va vraiment la gagner ?
Sarah.– C’est dans la poche, Père Trump ! N’écoutez pas toutes les conneries de la presse. Bullshit !
Père Trump.– On assommera tous les journalistes avec le balai à merdre une fois que nous serons dans le bureau ovale. Je ne donnerai la parole qu’à ceux qui disent du bien du Père Trump.
David Petrus.– Mais les Démocrates ? Et cette fucking Hellary ? Est-ce qu’ils ne vont pas nous emmerder avec leurs droits de l’homme ?
Père Trump.– La mère Hellary, mais cette espèce de vieille toupie ne sait même plus tourner rond ! Je vais la faire interner !
Tous, en chœur.– Bravo ! Vive le Père Trump ! Vive l’Amérique ! America great again !
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