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Voyage dans la Mancha
| 20 Août 2025

Daniel Vierge. Aquarelle de La Mancha

The Hispanic Museum & Library possède un des carnets d’aquarelles peintes par Daniel Vierge pendant son voyage dans la Mancha. D’un format très réduit (14x22cm), elles sont de précieux documents sur sa manière de noter des lieux en quelques traits et taches de couleurs ou de saisir sur le vif des scènes de rue. S’il avait retrouvé sa faculté de dessiner, Daniel Vierge n’a jamais totalement récupéré celle d’écrire. Les annotations tremblantes à la plume figurant en bas des dessins semblent avoir été écrites sur celles au crayon tracées d’un autre main. C’est aussi sa signature maladroite qui permet parfois d’identifier les derniers dessins faits de la main gauche de son Pablo de Ségovie.

Daniel Vierge. Aquarelle de La Mancha

Dans la conclusion de sa préface du Cabaret des trois vertus de Saint-Juirs illustré par Daniel Vierge, José-Maria de Heredia mentionne ces carnets:

Au fond de son atelier de Boulogne, l’autre jour, nous feuilletions de compagnie les carnets et les albums rapportés d’Espagne lors du voyage qu’il fit l’an passé sur la piste du chevalier de Triste-Figure. Et tout en voyant défiler, au hasard des pages, fixés en quelques coups de crayon ou par de puissantes touches d’aquarelle, tous les pays que célébra Cervantès, La Manche stérile, le champ de Montiel, San Pedro, Argamasilla de Alba, Cardenas, Alcazar de San Juan et le divin Toboso, et les clochers, les miradors, les fenêtres grillées, les marchés, les hôtelleries et les bêtes et les gens de la Sierra Morena où l’amoureux hidalgo fit tant de chevaleresques culbutes sur la Pena Dobre, avec ses ciels orageux, ses roches aveuglées de soleil, ses terrains ravinés et sanglants et ses horizons d’azur sombre, je regardais le grand et brave artiste qui prenait plaisir à montrer comme il avait bien travaillé. Je regardais sa belle carrure, sa tête solidement construite, aux traits mâles, d’un fier dessin, qu’éclaire un bon sourire et, profondément enchâssés sous la haute arcade sourcilière, ses yeux, des yeux d’un bleu splendide et pur qui ont vu, reflété, saisi, pénétré, scruté, retenu et fixé à jamais tant de choses. Et je songeais : Ces yeux sont des miroirs magiques.

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