Depuis vingt ans que j’habite à Marcadet-Poissonniers, il est un work in progress dont je ne me lasse pas de contempler les mues : les 300 mètres du mur graffé de la rue Ordener, le plus grand peint à la bombe en Europe paraît-il. Fresque-palimpseste, vivante trace de la longue aventure commune entre ce XVIIIe Est et la culture hip hop, l’un des plus riches, populaires et complexes mouvements de notre pays depuis 30 ans, qui trouve dans un tel quartier un royaume de prédilection. Balade parmi les repères & repaires du rap made in 1-8… (Lire l’article)
Cité radieuse
Comme l’Enfer l’est de bonnes intentions, le Ghetto est pavé de bonnes volontés. Sur ces mêmes trottoirs de misère et de violence où nous avons slalomé entre putes et toxs, reviens au point de départ, et s’il te faut y croire à nouveau un jour de déprime, suis plutôt le chemin de choix qu’ont tracé âmes généreuses et cœurs vaillants sur le goudron de la Goutte d’Or. Te voilà parti pour un voyage sans fin, à relier les fils de ce réseau invisible qui tresse si impressionnant maillage militant, fils d’Ariane vers la lumière dans le dédale du pâté de maison. (Lire l’article)
En guerre : corps à corps
Cette entreprise de démolition que mène une élite en sécession, Brizé choisit de nous y projeter comme le ferait un film de guerre au milieu de l’apocalypse. D’en faire le principe de sa dramaturgie, en racontant cette histoire de plan social et de grève syndicale, dans une usine automobile que veut bazarder un groupe allemand, à la manière d’une épopée âpre et amère. Chanson de geste d’aujourd’hui, où l’on ferraille dur pour reconquérir des territoires et franchir des frontières… (Lire l’article)
Avengers : Infinity War, memento mori
Voilà un film dont on peut sortir comme sidéré. Non pas soufflé par sa toute-puissance spectaculaire, mais plutôt en état de choc, dans ce tout premier vertige de la courbe du deuil où la mauvaise nouvelle ne nous paraît pas plus réelle encore qu’un rêve. Car si le blockbuster devient ici expérience scénaristique et esthétique, laboratoire d’un “vivre ensemble” de cinéma où cohabitent les styles et les registres des diverses franchises Marvel, il impose surtout une grâce mélancolique et tragique rare dans un tel produit marketé. (Lire l’article)
En trop
Trottoir plein de déchets comme une liste à la Prévert, bazar des étals où se vend tout et n’importe quoi, polyphonie des langues du monde et cacophonie des sirènes de secours… Ainsi la caverne d’Ali Barbès s’ouvre-t-elle trésor au visiteur : tout ici est excès, surenchère, saturation. (Lire l’article)
Land of the dead
Du pavé de Château-Rouge au quai de Marcadet-Poissonniers, je suis de ceux qui tous les jours, croisent les regards de la Méduse. Il n’y a guère de spectacle humain plus douloureux que le reflet morbide qu’offre au passant le grand toxicomane. En sus de sa peine des Enfers, il est à fuir comme une peste, porteur de la mauvaise nouvelle de notre sort – misère, vieillesse, maladie, accident, tous nos cavaliers de l’Apocalypse enchaînés dans une seule chair. Mais si c’est sur un pont de mon quartier que je peux rencontrer tel zombie de cauchemar, ici plutôt que dans le XVIe arrondissement, c’est que tout ce chaos est un ordre. (Lire l’article)
Du mauvais côté
Il y a comme deux arrondissements dans le XVIIIe, et il n’est qu’à longer le boulevard Barbès une nuit d’été pour voir se tracer une frontière sur la carte de la ville. Une frontière qui reconstitue en miniature la géopolitique de la capitale et de l’Île-de-France : les plus riches à l’ouest, les vrais pauvres à l’est. Une partition héritée du XIXe siècle et de sa révolution industrielle, quand l’urbanisme et la sociologie de la métropole se sont fixés… en suivant le sens du vent. (Lire l’article)
Le Labyrinthe 3 : lost generation ?
Dans quel labyrinthe de cauchemar sont donc perdus les ados d’aujourd’hui ? Le troisième épisode de la dernière franchise du blockbuster teeanager vient apporter une pierre de plus à l’édifice construit par Hunger Games et Divergente : de la SF apocalyptique et dystopique, où de prétendus adultes responsables exercent le pouvoir en soumettant leurs cadets à des expériences de savants fous ou des jeux de grands pervers. Paysages de destruction et de désolation, armées de zombies ou de miséreux : le public erre dans le labyrinthe à la rencontre de tous les mauvais rêves projetés sur grand écran depuis le début des années 2000. (Lire l’article)
Le centre du monde
Je suis une ordure. Un salaud de gentrificateur, de la vermine d’envahisseur bobo, une saleté de mec cool et content de lui. Moi qui me crois avant-garde des arts et lettres, je ne suis qu’avant-poste de l’embourgeoisement de mon quartier. De la Brasserie Barbès à la rue Myrha, la lèpre s’est répandue partout. Alors quoi, vaut-il mieux que chacun reste cantonné dans son ghetto respectif, et tout ira bien ? (Lire l’article)
Dunkerque : profondeurs du champ de bataille
À l’heure où l’usine à rêves se confronte aux limites de son hyper-puissance spectaculaire – synthèse, 3D & franchises de super héros comme autant de bulles spéculatives prêtes d’imploser –, certains préfèrent nous proposer de nouvelles expériences mentales. Des dispositifs de montage en réalité, narrations décalées, entrecroisées, retournées, qui déjouent nos réflexes de publics contemporains. Dunkerque de Christopher Nolan en est un bon exemple. Sur le fond, en revanche, pas grand chose de neuf, sinon le sempiternel refrain patriotique sur le beau courage sacrificiel des uns et des autres… (Lire l’article)
Monument au mort
Le puissant mutant Wolverine, devenu l’ombre de lui-même, refugié à la frontière mexicaine et chargé d’un Docteur Xavier gâteux, reprend du service pour une ultime mission : protéger une enfant prodige qui semble avoir hérité de ses pouvoirs. Singulier opus, à nul autre pareil dans la saga X-men. Bienvenue dans un film âpre, sobre, rugueux, qui mêle les ruines du western, du thriller et du road-movie dans la même poussière crépusculaire. (Lire l’article)
De quel film Trump est-il le nom ? Épisode 2 : un super méchant de blockbuster ?
Joker baroque et grotesque, Donald Trump est-il le “super vilain” de notre cauchemar collectif ? De Batman à Star Wars en passant par Terminator, passage en revue des grands avatars hollywoodiens du 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique, troublant de ressemblance dans le rôle du grand méchant plutôt que du héros positif. (Lire l’article)
De quel film Trump est-il le nom ? Épisode 1 : un clown de cartoon ?
Bigger than Hollywood… On a déjà tout dit de Donald Trump, icône de télé-réalité sortie de l’une dans l’autre pour nous piéger dans son propre show planétaire. Alors s’il paraît déborder le petit écran, c’est que sans doute il croit le grand à sa mesure. Loin du cow boy classique Ronald Reagan, quel (anti-)héros de cinéma est donc le 45e Président des États-Unis d’Amérique ? Premier épisode consacré au dessin animé, grand genre du baroque et du grotesque – deux attributs indéniables du phénomène Trump. (Lire l’article)
Passengers, la SF lost in space
Dernier né de la nouvelle science-fiction hollywoodienne, Passengers, robinsonnade qui tourne à la rom-com entre le beau gosse et la star bombasse de service, s’avère-t-il à la hauteur de son genre, miroir déformant de notre condition humaine ? Que fait-il de sa situation de départ, aussi anxiogène que prometteuse : un colon du futur, sorti de son sommeil artificiel 90 ans avant destination, et condamné à vieillir et mourir seul dans un vaisseau dont il est le seul passager réveillé ? (Lire l’article)
Les Animaux fantastiques : ombre de la jeunesse, retour du refoulé
Écrit par J.K. Rowling, produit par la Warner et réalisé par David Yates, Les Animaux fantastiques repeuple le monde de Harry Potter, cet univers qui nous a vus / que nous avons vu passer de jeunesse à maturité…. Pour y libérer l’Obscurus, ombre vivante et entité destructrice qui incarne le concept-clef de tout horror movie : le retour du refoulé. Plus encore qu’une anthologie du Merveilleux, avec son bestiaire de griffon, loup-garou, dragon…, ce long récit initiatique fait du surnaturel la meilleure matrice métaphorique pour raconter ombres et lumières de la jeunesse, de l’enfance à l’adolescence. (Lire l’article)
Doctor Strange, ou le stade du miroir, de Nosferatu à Trump
Que comprendre de l’adaptation de ce comics réputé psychédélique, et de la “dimension-miroir” qu’il met en scène, double mystique de notre monde réel ? Toute-puissance magique du septième art, qui contemple ses propres super pouvoirs ? Ou reflet de notre civilisation, dédoublée elle aussi en un univers parallèle où se jouent la bataille des puissants et le destin des mortels, jusqu’à Trump récemment ? (Lire l’article)
Sully : le 11 Septembre n’aura pas lieu
Au contraire du film-catastrophe classique qui dramatise les victimes prêtes à s’entre-tuer pour survivre, les secours qui n’arrivent pas, les autorités qui se compromettent ou se disputent au lieu de suivre l’intérêt général, le film d’Eastwood magnifie la fluidité, la discipline, le sang-froid partagé qui a changé une hécatombe annoncée en prouesse improbable. (Lire l’article)
Filmer un territoire : les Cévennes, pays-palimpseste
Dans ce spectaculaire monument de schiste, de calcaire et de granit que constituent les Cévennes, s’est déposée aussi par strates toute une geste des hommes, les mémoires mêlées des camisards, des maquisards, des Celtes… Alors, comment donner à voir le territoire, quand il est une telle puissance de l’espace et du temps ? Comment faire entrer, dans le format 1.85 du cadre et les 52’ du programme, les milliers de kilomètres carrés et d’années passées qui font un lieu ? (Lire l’article)
Tout est scène
“Tu as déshonoré la mémoire de mes ancêtres !” C’est ainsi qu’un éminent protestant cévenol a interpelé Lionnel Astier, auteur de La Nuit des Camisards, spectacle joué en nocturne et en extérieur, sur la soirée où commence la Guerre des Cévennes. Alors, pourquoi tant d’ires ? La fiction de théâtre n’a-t-elle pas droit de heurter l’Histoire et la Foi ? La pièce pose d’abord la question de la fiction, de la liberté qu’elle prend avec le réel. Le réel, Lionnel Astier revendique de lui infliger les outrages du créateur… (Lire l’article)
Tout est signe
Il y a, entre la foi et le cinéma, entre le mystique et le réalisateur, plus de correspondances qu’on ne croit. Le temps et l’espace prennent soudain une densité nouvelle, comme chargée de vibrations, d’évènements qui font avènements. Ces coïncidences dont le réel fait la bonne surprise à une équipe de tournage, notre infatigable guide et conseiller historique, Henry Mouysset, les résume d’une formule ironique reprise aux Camisards : “c’est un signal de l’Éternel”. (Lire l’article)
Résistant, participe présent
Comment filmer le Désert, quand c’est un trou tout noir ? En l’occurrence, la grotte du Péras, une cavité bien cachée parmi les chênes verts d’une colline de Mialet, assez grande pour accueillir des centaines de croyants en manque de la parole de Dieu. La veille du jour de Noël 1687, ils vinrent des alentours, et de bien plus loin, pour écouter la liturgie sous la voute même où des hommes préhistoriques ont laissé leurs traces. Comment donner à voir ce temple réinventé dans la roche néolithique, quand le matériel manque pour rendre visible tout le volume, quand sa perspective s’écrase ou s’efface sous le halo de la minette (petit projecteur accroché à la caméra) ? (Lire l’article)
La mémoire des morts, champ de batailles et théâtre d’ombres
L’Histoire est écrite par les vainqueurs. Celle-ci fut peinte par un enfant des vaincus. La Guerre des Cévennes, commencée en 1702, s’achève officiellement en 1704, en réalité un peu au-delà, par la mort ou l’exil des “soulevés”. Un homme s’est donné pour mission de faire revivre les ombres. Il s’appelle Samuel Bastide (1879-1962), c’est un artisan photographe natif de Saint-Jean-du-Gard, et pour tombeau à ses ancêtres, il leur fabrique une boîte et leur trace des vitraux : son monument aux disparus, ce sont des peintures sur verre projetées par une lanterne magique. (Lire l’article)
Prologue amoureux: comment commencent les histoires
Il y a vingt ans, je montais en Cévennes, selon l’expression consacrée – c’est à la fois au Nord, et plus en altitude que mon Midi natal – pour repérer le décor d’un court métrage. Je cherchais alors un “mas”, que j’avais imaginé dans les garrigues de la plaine où j’ai poussé, entre Nîmes et Montpellier. Mais un ami poète et philosophe de la famille m’indiqua la ferme d’un ami, au cœur de cet arrière-pays, près de Barre-des-Cévennes. Je n’étais pas revenu dans le coin depuis l’enfance post-hyppie, et je n’en gardais que les souvenirs heureux mais confus des gardons de l’été, des châtaignes ou des champignons à l’automne. Ce fut une révélation, un coup de foudre. (Lire l’article)
Money Monster, du dollar ou du cochon
Il en est de l’œuvre réalisée par Foster comme de certaines rencontres amoureuses : elle a tout pour plaire, mais la magie ne prend pas. Fable moderne sur la finance prédatrice, ce thriller sophistiqué, projeté dans le faux temps direct d’un live, a le mérite pourtant de mettre en scène l’obscénité de notre époque, révélée par la crise financière de 2007, quand le cash fait le show – mais on ne sait plus sur quel pied danser ici… (Lire l’article)
X-Men – Apocalypse, le vide et le trop-plein
De quelle apocalypse ce film est-il le nom ? D’une catastrophe de l’art et du récit, tant la saga qui avait si bien ouvert la voie à d’autres, Bryan Singer aux commandes, explose ici en plein vol… Ou comment l’imagerie numérique mainstream se révèle le kitsch du XXIème siècle, saturé de flux cosmiques colorés. (Lire l’article)
Café Society : Woody Allen est-il un genre ?
Pour les palais délicats, la mixture d’un blockbuster est faite d’une recette trop prévisible, étouffe-chrétien dont on reconnaît et même anticipe tous les ingrédients… Mais est-ce si différent du cinéma d’auteur de Woody Allen ? Lui qui toujours concocte sa petite cuisine entre romantisme et psychanalyse nous ressert dans Café Society un mélodrame grand style, partagé entre Hollywood et New York. (Lire l’article)
Captain America – Civil War, Renaissance de la Tragédie
Décidément, il y a quelque chose de pourri au royaume d’Amérique… Car du dernier né Marvel à celui de son éternel rival DC Comics (Superman vs Batman), on retrouve non seulement le même dispositif mythologique – un duel entre frères et ennemis et icônes pop –, mais surtout la même question morale : celle du dommage collatéral, dans un monde toujours plus complexe, obsédé par le deuil et la culpabilité… (Lire l’article)
Green Room / High-Rise, dans la cage aux chiens
En ces temps d’Apocalypse sociale programmée, voilà deux huis clos construits comme des survivals, qui tracent un horizon de tragédie pour notre monde : le retour à la barbarie, la menace du fascisme. Assez sèche et surprenante, la série B Green Room explore un nouvel hors champ de l’Amérique white trash : un groupe de punk se retrouve pris au piège d’un local de skinheads, des red necks aryens moins cons qu’il n’y paraît… Moins convaincant, High-Rise, adapté d’une satire SF de Ballard, nous enferme dans une tour de béton où d’un étage à l’autre, s’architecturent les rapports de classe, avant que le meilleur des mondes ne dégénère en dystopie sale et sauvage… (Lire l’article)
Grimsby – agent trop spécial, ou la Révolution au stade anal
Comment diable ? en de si délicates pages, on va vraiment évoquer la dernière provoc régressive du trublion-caméléon Sacha Baron Cohen ? Avec cette parodie d’espionnage jouée comme un buddy movie entre frères, l’un agent secret, l’autre prolo trash, bienvenue dans un monde d’obsessions anales et scatologiques, de corps monstrueux extirpés du hors champ social. Une version 2.0 du grand carnaval rabelaisien des chairs et des substances, une de ces farces où l’on joue à renverser l’ordre établi… (Lire l’article)
Le Livre de la Jungle, d’une hypnose à l’autre
Welcome to the jungle – et dans un paradoxe de la création : parmi tous nos récits classiques, celui qui raconte combien difficile il est pour le “petit d’homme” de s’extirper de la Nature sauvage s’est incarné dans les formes les plus artificielles du 7ème art, le plus artificiel de tous. De la grâce que nous a laissé le dessin animé de 1967, merveille de notre enfance dont l’hypnose n’a jamais cessé, que reste-t-il dans le reboot de Jon Favrau – dessin animé aussi, mais tout en synthèse hyperréaliste, puisque de live action ici, il n’y a de fait que son héros Mowgli ? (Lire l’article)
Kung Fu Panda / The Assassin… en quête du “chi-néma”
À l’affiche, deux films que tout semble opposer tentent de se réapproprier le film d’arts martiaux chinois. D’un côté, Assassin, le wu xia pian de l’auteur Hou Hsiao-hsien, Sifu d’une modernité esthète et intimiste… De l’autre, Kung Fu Panda 3, la franchise la plus populaire de sa Seigneurie Dreamworks, dans la lignée des Jackie Chan… A priori, pas plus à voir entre ces deux là qu’entre un moine en tunique et un colosse en armure qu’on mettrait face à face.Mais l’un et l’autre parviennent-ils à saisir le “Chi”, ce principe de l’énergie vitale cher à la cosmologie bouddhiste ? (Lire l’article)
Superman vs Batman, concours d’engins
Avouons-le, l’affiche du jour nous a fait envie : face à face sur le ring, les deux stars historiques de l’écurie DC Comics, Ange et Démon d’un catch geek planétaire, “super hérauts” de valeurs que tout oppose – entre le premier de la classe, immortel descendu sur Terre et remisé au placard dans son costume de réac, et le justicier vengeur borderline, “humain trop humain”. Tous deux réconciliés par le fantasme de l’hyperpuissance comme virilité, dans un imaginaire hollywoodien qui met ici à nu sa libido malade, sa mauvaise bile de frustration masculine et de régression œdipienne. Et Superman et Batman de finir entre poilus qui se comparent l’engin, selon la bonne vieille fraternité des vestiaires et des casernes. (Lire l’article)
Midnight Spécial, de l’enfance comme consolation
Quand la SF tourne au road movie dépressif : un père s’enfuit avec son fils Aton, doué d’une aura paranormale, avant un mystérieux rendez-vous donné par des forces invisibles. Drame de la paternité, Midnight Special de Jeff Nichols met en scène “l’enfant prodige” comme un mystère – et d’abord pour ses parents –, ses transes spectaculaires et ses ressorts internes comme autant d’énigmes quantiques. C’est qu’ici notre univers tout entier est un mystère, une nuit noire où nos existences filent comme un bolide roulant tout phare éteint. Au milieu de tant d’obscurité, le regard d’Aton illumine les adultes, soudain touchés par la grâce d’une tendresse infinie… (Lire l’article)
Deadpool, ou l’esthétique du bluff
Dans le nouvel Olympe marketté par Hollywood, Deadpool, énième comics passé sur grand écran, incarne le sale gosse de la famille mutante. À savoir, sous sa combinaison noire et rouge, un tueur à gages amoral et roublard, avec un visage de zombie, une puissance de surhomme et un don d’immortel. Mais son vrai super pouvoir, c’est le super second degré. Dès l’ouverture se déploient tous les vertiges de l’ironie et de la mise en abyme : voix off gouailleuse et regard caméra complice, gags parodiques. Dans ce kaléidoscope de clins d’œil et de reflets à l’infini, que reste-t-il du réel ? Rien, ou si peu. Fini le temps où des super héros sombres ou fragiles portaient doutes et traumas de l’après 11 septembre : nous voici revenus à l’ère du clinquant et du chiqué. (Lire l’article)