Voilà donc Bob Dylan consacré par la plus haute distinction littéraire. Le compositeur américain, aujourd’hui âgé de 75 ans, coqueluche de la Beat Generation, aura passé toute sa carrière à snober les récompenses en tout genre, fuyant la reconnaissance des autres pour continuer à débiter ses chansons cultes, souvent magnifiques, parfois incompréhensibles et souvent interminables, sur toutes les scènes de la planète. Adulé ou décrié tout au long de sa carrière, il n’a jamais laissé personne insensible. Car Dylan, on l’aime ou on le hait.
Cette fois, même si on ne sait pas comment va réagir ce parolier de génie et maître de l’American Songbook face à ce prix Nobel de littérature, il est fort probable que son ego soit bien comblé. Il a déjà été nominé à plusieurs reprises depuis 1996 et, chaque fois, le débat sur son statut de poète a fait couler beaucoup d’encre. Déjà, en 1964, il restait dans la provocation et préférait chanter : “Yippee ! I’m a poet and I know it. Hope I don’t blow it.” dans son dixième hymne à la liberté “I shall be free #10”. La question l’a suivi à la trace pendant toute une vie.
Au court de ses 700 chansons et sa bonne quarantaine d’albums, Dylan a toujours revendiqué ses sources. Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, T.S. Eliot, Lewis Carroll, Edgar Poe font partie de son monde depuis toujours… Sans parler de Dylan Thomas dont il emprunta le prénom. Ses chansons sont remplies d’allusions aux poètes de tout bord, tantôt cités, tantôt parodiés. À chaque fois, il a le don de tout recracher avec son style, parfois aigre, tantôt avec douceur et finesse, mais à chaque fois avec un talent indiscutable.
Il y a près de 10 ans, Newsweek le décrivait comme le personnage culturel vivant le plus influent. Cette fois c’est la haute autorité de la littérature qui l’impose. “Il a créé une nouvelle forme d’expression poétique au sein de la chanson traditionnelle américaine” a-t-on justifié à Stockholm. Lui a toujours expliqué que tout ce qu’il pouvait chanter était une chanson et que tout ce qu’il ne pouvait pas chanter était un poème… Le débat est loin d’être terminé mais là, Dylan peut s’en moquer.
Dino Di Meo
[print_link]
0 commentaires