La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Ca va, ça va le monde !
| 19 Juil 2020

Depuis 2013, RFI, la radio mondiale du service public, organise un cycle de lectures « Ça va, ça va le monde ! ». Dans ces mises en voix de textes de langue française, on trouve aussi bien de jeunes talents que des auteurs et autrices confirmé·e·s. En association avec le festival d’Avignon et soutenu par la SACD, ce rendez-vous se tient chaque été dans le Jardin de la rue de Mons d’Avignon. Conçu et présenté par Pascal Paradou, ce sont des nouvelles du monde (Rwanda, Algérie, Cameroun, Togo…) et de la création dramatique qui nous parviennent. Cette année, situation exceptionnelle, le festival d’Avignon est annulé. C’est sous une autre forme que l’on peut avoir accès à ses programmations, notamment avec « Un rêve d’Avignon » (à travers les réseaux sociaux, le service public radio et télé). Ainsi en est-il de « Ça va, ça va le monde ! ». Décision a été prise de faire entendre malgré tout les textes de la sélection de cette année.

C’est sous l’auvent du Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes que les lectures ont eu lieu au début du mois de juillet. En extérieur donc, avec jauge réduite et respect des règles sanitaires. Le public était invité à prendre place sur des chaises espacées d’un mètre. La conduite des lectures a été confiée à un binôme, François Rancillac et Catherine Boskowicz. Tout deux familiers des écritures francophones. Chaque lecture dure moins d’une heure, c’est la règle du jeu. Certains textes mériteraient plus d’espace mais on parvient à entendre un style, une voix, un sujet.

Les filles de Salimata TogoraSoutien et entraide : on retrouve ces qualités dans Les Filles de Salimata Togora (Mali). Cinq femmes, cinq amies, parlent de leurs amours, de leurs déceptions et de leurs espoirs, de leurs combats pour se maintenir dans une société où l’homme reste aux commandes. Elles disent, parfois crûment, la jeunesse qui passe, le corps qui se flétrit et n’émeut plus assez pour provoquer le désir, racontent l’envie de toujours croire à l’amour, l’illusion de l’indépendance, la culpabilité de vouloir penser à soi quand un mari malade n’est plus qu’une charge. Cinq caractères dessinés avec tendresse par Salimata Togora. Le metteur en scène François Rancillac a confié ces rôles aux comédiennes Stéphanie Schwartzbrod, Emmanuelle Grangé, Andréa El Azan, Christine Guénon, Lydia Vitte ; il les avait déjà dirigées dans un précédent spectacle Les Hérétiques. Elles sont épatantes et généreuses. Avec leurs voix et leurs corps, elles font honneur à ces cousines de Sex in the City.

D’autres textes sont à découvrir ou à retrouver dans cette programmation, imaginée avec plusieurs festivals du continent africain, ainsi que les Francophonies de Limoges et le Centre national des écritures du spectacle à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon. Ils sont signés Felwine Sarr, Édouard Elvis Bvouma, Pierrette Mondako, Jérôme Tossavi, Valérie Cachard – lauréate du prix RFI Théâtre 2019 – lequel prix est décerné rituellement en septembre aux Francophonies.

Gérard Cherqui
Guide

« Ça va, ça va le monde ! » Diffusion sur RFI chaque samedi du 25 juillet au 29 août 2020.

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