La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Chanson de gestes

Gestes oubliés, mis au rebut, gestes d’ailleurs, gestes injurieux, gestes réprimés, gestes de salut, gestes de séduction, gestes automatiques: on se balade dans ce lexique muet mais parlant qui dit nos nouvelles manies, nos censures corporelles, nos abandons, nos connexions, nos courbes, nos égarements et tout ce qui nous atteint ou nous réjouit physiquement, couchés ou debout.

par Marie-Christine Vernay

Se donner le bras (ballant)

Se donner le bras (ballant)

Les bras se balancent cherchant une occupation. Posés sur les genoux pour ne pas s’agripper ailleurs, cherchant à repousser l’assaut des mains qui tentent de choper le porte-monnaie ou autre, surtout depuis que #BalanceTonPorc met en garde, les membres supérieurs...

La chasse aux ballerines

La chasse aux ballerines

Comme chaque vendredi, nous nous rendons au marché place de la mairie. À la recherche d’une paire de chaussures pas trop chères et souples, nous avisons des ballerines à 5 euros. Alors que nous essayons le modèle très chou aux couleurs d’un gâteau à la pistache et à...

Le théâtre et son scoot

Le théâtre et son scoot

Pour les touristes culturels, l’île indonésienne de Bali est connue pour ses danses de drames qu’Antonin Artaud vanta sans modération dans les années 30. Pour les touristes d’un tout autre sport, Bali attire les amateurs de plongée, pour le fameux diving ou le très...

Dancing is a real job, Donald

Dancing is a real job, Donald

L’entrée du couple : pas en rythme du tout, pas ensemble ! Il tient la main de Mélanija par-dessus, il ne sait pas marcher avec elle, il n’a pas le sens du rythme, on s’en doutait un peu ! Deux mouvements de recalage des bras, par contact des mains, pour être sûr de bien se tenir. Petite bise d’elle de profil, elle le cache côté gauche, un peu de confusion des appuis ! Quart de tour vers le fond. Elle se dégage un peu, dos public, petit geste de la main pour recaler la robe... (Lire l’article)

Accuser le coup

Accuser le coup

Après un déferlement de poings levés lors de la campagne made in USA et de la victoire de Donald Trump, nous sommes franchement tristes pour les boxeurs. Ils se sont fait voler leur job. Déjà que leur carrière était courte (comme celle de la plupart des danseurs), il leur faut accepter d’être dépossédés de leur langage corporel. Le coup bas est galvaudé, quelques États se sont emparés du swing avec peu de panache, l’uppercut est devenu monnaie courante et, apparemment l’art de l’esquive est aux oubliettes. (Lire l’article)

À se tordre de rire

À se tordre de rire

Tous les matins, ça recommence, à l’heure du petit déjeuner, c’est-à-dire à l’heure où l’on branche la radio, c’est inévitable, on se tord de rire. Que de bonnes blagues, de bonne nouvelles. On se tord et ça fait mal au ventre. Le bouquin de François Hollande par...

Le voltigeur d’Avignon

Le voltigeur d’Avignon

Sauts de l’ange en altitude et à l’envers, très cher, vrilles, saltos, sauts périlleux avant, arrière, sur les côtés, en haut en bas,  voltiges au-dessus d’un cycliste ou d’une brochette de spectateurs… Farid Zitoun, prodigieux acrobate qui semble avoir développé sa propre technique n’a pas besoin de trampoline. Il est l’Acrobate bleu de Picasso ou celui de Chagall, le cirque de Pékin ou le groupe acrobatique de Tanger à lui tout seul. Un solo de l’ange, à voir à Avignon, dans le off du off du off, complètement in. (Lire l’article)

Les marcheurs de l’impossible

Les marcheurs de l’impossible

Nous les avons vus arriver de loin. Ils étaient plutôt âgés, du moins à la retraite, et ils ont envahi les rues et le métro parisiens. L’allure fière, comme s’ils venaient de gagner la face nord d‘une montagne encore inconnue, ils allaient le pas sûr avec un...

Lessivés

Lessivés

Le dimanche, dans le quartier, c’est jour de lessivage. Femmes et enfants arrivent les premiers. Ce n’est pas loin de la foire d’empoigne pour réquisitionner les machines. Des hommes s’infiltrent, avec des petits sacs de sport. Notre chariot pour les courses n’est pas adapté du tout, il est taché d’huile et du reste de moutarde d’un pot renversé. Face aux machines, personne ne bouge, alors nous tentons l’expérience de l’immobilité. Qu’il est doux de se laisser entraîner par le roulis, de regarder les couleurs se mélanger dans le tambour, d’intégrer la communauté des lessivés… (Lire l’article)

Le skieur mal jambé

Le skieur mal jambé

Sur une piste blanche immaculée, soulevant un nuage de poudreuse, le skieur peut avoir une certaine allure. Lorsqu’il glisse élégamment dans sa combinaison dont les différents modèles le font ressembler soit à un Inuit soit à un robot, on peut ressentir un certain plaisir esthétique à le voir débouler. Mais la chute lui est fatale. Et lorsqu’on le croise hors de son contexte, en gare par exemple lors d’une correspondance, il perd de sa superbe. (Lire l’article)

Tête basse

Tête basse

La rame de métro semble s’être figée sur une seule position, pétrifiée. Plus aucun regard. Tous ont la tête basse, les paupières baissées. Tous tiennent entre leurs mains recueillies un objet qui, de loin, nous paraît ressembler à un missel, en tout cas un livre sacré. L’heure est sans doute aux prières. La posture de chacun est celle de la dévotion, de la soumission à un ordre, une autorité supérieure, suprême. Personne ne bouge. (Lire la suite)

La poussette infanticide

La poussette infanticide

Les poussettes que certaines dames mères appellent des 4/4 n’hésitent pas à nous rouler sur les pieds ou à nous flanquer des coups dans les mollets. Mais il y a mieux encore. Propulsées sans frein sur la chaussée et sensées protéger la conductrice, se renversant dans les escaliers roulant, projetant des paquets, la plupart du temps des enfants mais aussi des colis suspects, elles sont des engins infanticides non déclarés. (Lire la suite)

Glissades intempestives

Glissades intempestives

Jouet d’antan pour enfant sage, la trottinette est devenue la reine des trottoirs, balayant tout sur son passage et obligeant le piéton désarmé à anticiper l’accident en titubant de gauche à droite dans des glissades peu élégantes. Trottiner gentiment n’est plus de mise et les trotteurs écolos obligent le passant à se garer ou à entrer en collision. Ce n’est pas très gentil. (Lire la suite)

La branlette du Stabilo

La branlette du Stabilo

Le geste était en tout point pareil, répétitif, allant de de gauche à droite. La main de notre voisine de train, pendant les deux heures que dura le voyage de Paris à Lyon, s’accrochait au marqueur. Elle soulignait comme elle effaçait. Les pages les unes après les autres devenaient jaune vif. Le noir disparaissait. 

Lâcher prise

Lâcher prise

Une fin d’après-midi tranquille à la terrasse du Café Beaubourg où tout semble se dérouler, pour une fois bénite, sans agitation, on sirote un demi qui n’a jamais été un demi et qui ici l’est encore moins. Quand soudain on aperçoit des attroupements qui ne nous disent rien qui vaillent. Des jeunes gens entourent une scène qui nous laisse coite quand, soudain, l’incroyable se produit. (Lire la suite)

La hargne de l’anoure des piscines

La hargne de l’anoure des piscines

Afin de ne pas oublier tout à fait les joies estivales d’un bain de mer, on se rend à la piscine municipale. On plonge tranquillement pour dénouer un corps qui s’est déjà replié pour s’encastrer dans les rames de métro. On allonge les jambes, on bat des pieds pour libérer les chevilles. À peine quelques brasses coulées et voici que l’on croise un anoure des piscines d’un autre genre. (Lire l’article)

La main qui fuma

La main qui fuma

La main flottait, prenant appui sur l’air ambiant. La cigarette ne pesait rien ou si peu, tenue avec négligence ou insouciance. Lauren Bacall, Juliette Gréco, Pina Bausch, Marguerite Duras, Carmen Amaya ont manié la cigarette comme d’autres manient l’éventail. Désormais, on pipe plastique. On vapote avec au bout des lèvres des engins prêts à vous démonter le poignet. (Lire la suite)

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So What?!

So What?!

Le 20 novembre, on a célébré la journée mondiale des victimes de transphobie. Dans une brochure aussi élégante que dérangeante, le photographe Marc Martin montre le corps de Jona James, une femme devenue un homme.