La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Le voltigeur d’Avignon
| 21 Juil 2016

Chanson de gestes –oubliés, mis au rebut, injurieux, réprimés, automatiques, de séduction– lexique muet qui dit nos nouvelles manies, nos censures corporelles, nos abandons, nos égarements…

Sauts de l’ange en altitude et à l’envers, très cher, vrilles, saltos, sauts périlleux avant, arrière, sur les côtés, en haut en bas,  voltiges au-dessus d’un cycliste ou d’une brochette de spectateurs : tout cela n’est pas du cinéma. Farid Zitoun, prodigieux acrobate qui semble avoir développé sa propre technique n’a pas besoin de trampoline. Il ne retombe pas dans l’eau après ses figures envolées mais sur le pavé d’Avignon, sa ville.

Il est l’Acrobate bleu de Picasso ou celui de Chagall, le cirque de Pékin ou le groupe acrobatique de Tanger à lui tout seul. Il défie les lois de la pesanteur et Zébulon avec son ressort peur aller se rhabiller. Joann Bourgeois, spécialiste de l’équilibre et de la suspension devrait voir ça : quand le bitume devient un trampoline.

Après son show, Farid Zitoun ne salue pas, pour lui ce ne sont que des prouesses personnelles, il se permet juste de serrer les poings et de dire Yes ! quand il dépasse une nouvelle fois les bornes, sans dépasser toutefois la ligne blanche. Quant à son pote, infaillible supporter qui l’encourage, il est franchement sympathique.

Yamakasi, Farid Zitoun tient la rue et comme propulsé par des forces invisibles, il se permet,  tout en planant, des attitudes parfaites. Un solo de l’ange, à voir dans le off du off du off, complètement in.

Marie-Christine Vernay

 

[print_link]

0 commentaires

Dans la même catégorie

Rêver des maisons de la culture et de la nature

Alors que le festival d’Avignon s’achève, Romaric Daurier, directeur du Phénix, Scène nationale pôle européen de création de Valenciennes, plaide pour une “exception culturelle écologique heureuse, réconciliant l’héritage des Maisons de la Culture de Malraux et de l’Éducation populaire”.

La conteuse aux pieds nus

« Une nuit à travers la neige » est adaptée de « L’Homme qui rit » de Victor Hugo par Ariane Pawin. Du conte, du théâtre-récit, du mime, de la peinture aussi grâce aux lumière de Marien Tillet. Et une petite forme qui n’a rien de mineure.

Musique, amour et vacheries

Dans Sans Tambour, Samuel Achache poursuit avec brio son pas de deux entre théâtre et musique, cette fois à partir de lieder de Schumann. Au programme, gags et quiproquos, images et temps forts, même si le propos n’est pas toujours à la hauteur de son habillage…