La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

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Chroniques
La branloire pérenne

L’actualité

Les nouvelles sont étourdissantes par leur rapidité, leur nombre, leur éclat. Elles sont au sens propre du mot divertissantes. Divertir vient du latin « divertere » qui signifie détourner le regard de quelqu’un. Il y a comme de la magie dans le divertissement. Le prestidigitateur détourne le regard du public vers sa main gauche pendant que de la droite il arrange la supercherie. Un clin d’œil suffit et le lapin est là, tout droit sorti d’un chapeau. Dans Les Pensées, Pascal soutient que les hommes ne peuvent supporter leur existence sans se divertir. Les nouvelles détournent notre regard de l’essentiel, elles nous étourdissent, nous aveuglent et nous finissons par ne plus avoir aucune idée claire sur la marche du monde comme sur celle de nos vies. Il semble ainsi qu’un nouvel animal soit né, un animal qui a désormais besoin chaque jour de sa ration d’actualités. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Les pourcentages du ministre

Les maths sont intimement liées à notre vie quotidienne, sociale, économique et citoyenne. La méconnaissance parfois clairement assumée, sinon même encouragée, de raisonnements mathématiques simples conduit nos décideurs et nous-mêmes à proférer et accepter de monumentales âneries qui peuvent provoquer beaucoup de dégâts. Les calculs, franchement, on s’en fiche : il y a des ordinateurs pour ça. Mais comprendre ce que les chiffres signifient, comment on les obtient, et quand les croire ou non, cela peut s’apprendre, assez simplement, et c’est indispensable si nous voulons conserver notre rôle de citoyen actif. (Lire l'article)

Le nombre imaginaire, Sciences

Transcendance

Les maths entretiennent un rapport de toujours avec le transcendant – plus qu’avec le divin en soi, avec lequel il ne se confond pas. Il ne semble pas, en effet, que la philosophie aristotélicienne du Nombre ait beaucoup fait intervenir les dieux de l’Olympe, lesquels pour leur part ne sont guère férus de mathématiques, occupés qu’ils sont à leurs guerres et amours bien humaines. Ces dieux-là héritent de notre finitude, de notre médiocrité même, et c’est pourquoi ils ne posent guère de questions auxquelles nous ne puissions répondre sans maths. (Lire l'article)

L'Amérique de Bob Dylan, par Hélène Quanquin
L'Amérique de..., Livres, Musiques

Bob Dylan

Enfant, Bob Dylan était toujours en train de courir. Il fugue pour la première fois quand il a 10 ans, part de la maison définitivement à l’âge de 18 ans pour s’installer à New York. “C’était comme si j’avais toujours été à la poursuite de quelque chose, quelque chose en mouvement – une voiture, un oiseau, une feuille qui s’envole – quelque chose qui pourrait m’amener vers un endroit mieux éclairé, une terre inconnue en aval”, écrit-il dans le premier volume de ses Chroniques, publiées en 2004. Lorsque l’un de ses profs lui dit que son fils a “la nature d’un artiste”, son père demande : “Un artiste, c’est pas un gars qui peint ?” Soixante ans plus tard, Bob Dylan est prix Nobel de Littérature. (Lire l'article)

La branloire pérenne

Des hommes sans qualités

La démocratie, répète inlassablement Tocqueville, c’est d’abord et surtout “l’égalité des conditions”. Il ne s’agit pas d’une égalité de richesse, à laquelle Tocqueville ne croit pas, mais d’une égalité en droits, telle qu’elle se trouve proclamée dans l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : ”Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.” Il n’y a désormais, en théorie tout au moins, plus de privilèges, plus de classes ou de castes sociales détentrices de prérogatives qui seraient, en droit, refusées aux plus humbles. Chacun peut désormais aspirer aux fonctions les plus élevées. Il n’y a plus d’abîme entre le paysan et l’aristocrate. Il n’y a plus d’aristocratie. Une des conséquences de cette nouveauté inouïe est le développement des ambitions personnelles. (Lire l'article)

La branloire pérenne

Où allons-nous ?

Peut-on donc encore croire au progrès à une époque où beaucoup ont le sentiment d’une régression générale ? S’il nous est difficile de nous représenter ce que serait “le meilleur des mondes possibles”, il est aisé de connaître quel est le pire pour la simple raison qu’il s’est déjà produit et qu’il continue de se produire sous nos yeux avec par exemple les massacres de la Ghouta en Syrie. Comment résister ? C'est sans doute la question essentielle qui se pose aujourd'hui. (Lire l'article)

délib'euro – l'Euro 2016 des écrivains, vu par Clo'e dans délibéré
délib'euro, Foot

Ukraine-Pologne : dans la ville électrique

Les deux Albanais étaient plus jolis que des Italiens. On a parlé encore jusqu’à épuiser notre vocabulaire international. Et puis on a regardé nos verres et nos mains. J’ai croisé les jambes, ils ont souri, ils appréciaient. Si Marco arrivait maintenant, ça m’éviterait d’aller plus loin, je me sais beaucoup trop gourmande quand ces regards-là me frôlent. (Lire l'article)

Ordonnances littéraires

À la ligne. Feuillets d’usine de Joseph Ponthus pour le MEDEF

Le Medef veut « Attribuer automatiquement un numéro Siret à chaque jeune Français pour son 16e anniversaire ». Très bien. Un retour à la réalité s'impose pour ces pragmatiques auto-proclamés, et ce sera par la lecture de À la ligne. Feuillets d’usine de Joseph Ponthus (La Table Ronde). L’auteur raconte son histoire. Celle d’un gars qui a fait des études littéraires, a commencé à travailler dans le social puis a tout quitté pour suivre celle qu’il aime, en Bretagne. Et, parce qu’il faut bien bosser, il se retrouve à l’usine, ouvrier intérimaire. Et c’est cela qu’il raconte, la réalité de la vie dans une usine de poissons (crevettes, bulots...) ou dans un abattoir. Pour rapporter un peu de sous... (Lire l'article)