La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
“La Collection“ au Signe de Chaumont © Martin Ferrer
Architecture, Arts plastiques, Expo

Chaumont persiste et Signe

 La préfecture de la Haute-Marne attendait ce Centre national de graphisme, elle qui depuis 1990 organise, obstinée et cahin-caha, un Festival international des affiches. Cet édifice, bien situé et bien nommé Le Signe, conçu par l'architecte Alain Moatti, hybride l'ancienne Banque de France et un nouveau bâtiment. La première exposition, “La Collection” de 276 affiches sélectionnées par le graphiste Vincent Perrottet, donne le ton. Entre passé riche d'un fonds de 50 000 oeuvres et futur plus prospectif, ce nouvel outil doit inventer la permanence du graphisme à Chaumont. (Lire l'article)

livre-enquête de Marie Cosnay
Livres

Héros de survie

Des îles, Lesbos 2020 les Canaries 2021 : le dernier livre de Marie Cosnay est tissé de récits que l'autrice recueille auprès d'exilés, rencontrés à Lesbos, aux Canaries ou à la frontière espagnole.
Brest 1982 © Gilles Walusinski
Brest 1982-1992, Photographie

Brest 1982 : la ville, les pauvres, le port (5)

Trois familles. La première est celle d'une maman de deux garçons, seule avec eux et un imposant berger allemand. Dans un autre village, une famille d'immigrés portugais installés dans une petite maison très modeste. Dans le quartier de Recouvrance, trois enfants et leur jeune maman qui me disait avoir trente ans vivaient dans une maison presque insalubre, prêtée par la mairie.

Gimsby, Agent Trop Spécial. Un article de Thomas Gayrard
Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Grimsby – agent trop spécial, ou la Révolution au stade anal

Comment diable ? en de si délicates pages, on va vraiment évoquer la dernière provoc régressive du trublion-caméléon Sacha Baron Cohen ? Avec cette parodie d'espionnage jouée comme un buddy movie entre frères, l'un agent secret, l'autre prolo trash, bienvenue dans un monde d’obsessions anales et scatologiques, de corps monstrueux extirpés du hors champ social. Une version 2.0 du grand carnaval rabelaisien des chairs et des substances, une de ces farces où l'on joue à renverser l’ordre établi... (Lire l'article)

10 août 2016 – Marta (6ans) devant une voiture de police venue les chasser de la place Jean-Jaurès. Photo: Gilles Walusinski
Photographie

Roms, ville fermée

C'est par les réseaux sociaux que Juliette Keating et moi-même avons appris le 28 juillet 2016 au soir l'expulsion par la police de treize familles Roms qui habitaient depuis plusieurs années au 250, boulevard de la Boissière à Montreuil. Le lendemain, les familles s'étaient installées devant la mairie. Le 30 juillet la police chassait les Roms de la place de la mairie, puis de la place Anna Politkovskaïa où ils s'étaient réfugiés. C'est à ce moment que commence mon travail de photographe accompagnant quotidiennement les familles pendant quatre mois et demi... (Lire l'article)

Festival d'Aurillac 2016 - une critique de René Solis dans délibéré
Théâtre

Aurillac en pleine forme

Soit, d'un côté, un festival dont le désordre public est la raison d'être, et de l'autre un contexte politique –l'état d'urgence– à la philosophie radicalement contraire. Le festival des arts de la rue d'Aurillac, qui s'est terminé samedi 20 août, a bien surmonté le dilemme, et ce n'est pas l'état d'urgence qui a gagné. Trente ans après sa fondation, en 1986, la manifestation se porte bien. Ce n'est pas qu'une question de chiffres –vingt compagnies dans la programmation officielle et plus de six-cents autres dites “de passage” dans le off. C'est aussi que les arts de la rue continuent d'inventer et de frapper fort, toutes générations confondues. (Lire l'article)

Livres, Ordonnances littéraires

Soins de fin de gauche

Ces dernières années, l’allongement de l’espérance de vie politique, la chronicité de pathologies autrefois mortelles (trahison, déloyauté, infidélité, parjure, reniement...), ainsi que les progrès du cynisme et de l’ambition personnelle ont généré une augmentation sans précédent des personnes se trouvant en situation de fin de gauche à domicile ou, le plus souvent, dans des établissements publics. La prise en charge des fins de gauche est donc un défi majeur pour la médecine littéraire. À cet égard, Les Métamorphoses d’Ovide constitue un cocktail thérapeutique intéressant. (Lire l'article)

Cinéma, Écrans, Livres

Dovlatov, la revanche d’un invisible

Jamais publié en Union soviétique de son vivant, exilé à New York où il est mort en 1989, l'écrivain russe Sergueï Dovlatov a connu une scoumoune éditoriale hors pair. On peut dire que, depuis, le monde se rattrape. Succès durable en Russie, thèses sur son œuvre aux États-Unis, texte adapté au théâtre par Peter Stein, festival Dovlatov, prix Dovlatov, statue de Dovlatov dans la rue de Saint-Pétersbourg où il vécut et, cette année, un film d’Alexeï Guerman Jr couronné à Berlin, vendu dans trente pays et à Netflix. Qui pourtant ne raconte qu’une semaine assez morne dans la vie de Dovlatov, géant au regard velouté, héros bartlebyen. (Lire l'article)

Daniel Lang, Stockholm 73 (traduit de l’anglais par Julien Besse), Allia
Livres

Retour à Stockholm

Livres, films, séries, expos, archi, design, théâtre, danse... Chaque semaine, les choix de délibéré. Cette semaine, Stockolm 73, le reportage haletant du journaliste Daniel Lang sur un événement célèbre, mêlant récit factuel et témoignages des ravisseurs, des policiers, des psychiatres et des otages. (Lire le guide)

Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

La Chanson du Jongleur

Il y a pire que la fin du monde : la non-fin du monde. Ce serait horrible ! Nous nous sommes peu à peu fait à l’idée que la planète allait vers un crash final, que l’humanité avait si bien préparé son suicide que plus rien ne l’empêchait, pas même un immense sursaut collectif (fort hypothétique il est vrai). Cette pensée lénifiante nous fait oublier tous nos autres soucis, l’anéantissement général est devenu notre unique horizon, notre désir ultime. En avant, calme et droit, vers le chaos terminal. Ainsi soit-il, et bonne chance à tous. (Lire l'article)

Téléphone - Un autre monde
Musiques, Signes précurseurs de la fin du monde

Un autre monde

La fin du monde survient généralement quand le monde ne se voit plus d’avenir. Il semble que nous n’en soyons plus très loin. L’art giratoire — la décoration des ronds-points — s’impose comme le champ le plus créatif des arts plastiques. Mireille Mathieu a reçu le titre de Docteur Honoris Causa de l’Université d'État des sciences humaines de Moscou en récompense de “son talent musical phénoménal ayant eu une influence significative sur la jeunesse”. Un visiteur s’est blessé en tombant dans une installation d’Anish Kapoor, Descent Into Limbo. Pendant ce temps-là, Nicolas Hulot démissionne, Nana Mouskouri et Alain Delon signent une pétition, certains croient dur comme fer que la terre est plate... et nous, nous chantons “Un autre monde” avec le groupe Téléphone. (Lire l'article)

Théâtre

Castellucci et la face sombre de l’Amérique

Mais de quoi ça parle ? Une partie du public de la MC 93 s'est posé la question, pendant et à l'issue de Democracy in America, le nouveau spectacle de Romeo Castellucci. Une perplexité souvent doublée d'agacement, tant certains ont l'impression d'être exclus du champ des initiés. Pas sûr que Castellucci mérite ces réactions épidermiques. (Lire l'article)

Théâtre

2666, même pas mal

On saluera bien sûr la performance sportive. Enfermés ensemble durant une douzaine d'heures à la Fabrica, acteurs et spectateurs ont toutes les raisons, vers 2 heures du matin, de se féliciter mutuellement. Julien Gosselin a relevé le défi : son adaptation de 2666, le roman fleuve posthume du Chilien Roberto Bolaño, tient la route, fidèle à la structure du roman, restituant l'histoire et les principaux personnages, se baladant d'Europe au Mexique sans lâcher le fil de la narration, et révélant à de nombreux spectateurs un auteur majeur de la littérature du XXIe siècle. Pari réussi donc ? Tout dépend de ce que l'on entend par là. (Lire l'article)

Sonia Delaunay, Trois femmes, formes, couleurs, 1925. Musée Thyssen Bornemisa, Madrid
Chroniques scarlattiennes, Musiques

Le style et la structure

Avec Scarlatti, les musicologues disposent d'un cas d'école : ce Napolitain vivant à Lisbonne puis à Madrid n'a cessé de mélanger les styles — italien et espagnol, mais aussi les goûts français et allemand — comme il a joyeusement mélangé les motifs musicaux de ses sonates. Démêler les styles et les structures imbriqués dans les sonates est le secret du bonheur scarlattien, mais l'éducation musicale, par tradition, ne met l'accent que sur le style. C'est dommage, car c'est réducteur. Prenez par exemple un prestigieux pianiste, chef d'orchestre et grand scarlattien, Christian Zacharias. Prenez ensuite une sonate au hasard, la 193 par exemple, et demandez-lui ce qu'il entend. (Lire l'article)