La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Critiques
“La Collection“ au Signe de Chaumont © Martin Ferrer
Architecture, Arts plastiques, Expo

Chaumont persiste et Signe

 La préfecture de la Haute-Marne attendait ce Centre national de graphisme, elle qui depuis 1990 organise, obstinée et cahin-caha, un Festival international des affiches. Cet édifice, bien situé et bien nommé Le Signe, conçu par l'architecte Alain Moatti, hybride l'ancienne Banque de France et un nouveau bâtiment. La première exposition, “La Collection” de 276 affiches sélectionnées par le graphiste Vincent Perrottet, donne le ton. Entre passé riche d'un fonds de 50 000 oeuvres et futur plus prospectif, ce nouvel outil doit inventer la permanence du graphisme à Chaumont. (Lire l'article)

Boris Ignatovitch, Le métro (Grand Palais)
Arts plastiques, Expo

Rouge, deux fois

« Que les balles crépitent dans les musées ! » Dixit Maïakovski. Ce n’est pas vraiment l’ambiance au Grand Palais, même s’il faut longer les Champs Elysées, un peu calcinés, un peu bunkérisés, pour arriver devant les premières images qui attendent le visiteur : la prise du Palais. D’Hiver, s’entend, et filmé en 1928 par Eiseinstein. Mais ça crépite, et Maïakovski est bien là, qui déploya une folle énergie pendant ces quelques années de liberté créatrice où s’inventèrent l’agit-prop, et l’agitatsia, le design industriel et quotidien (presqu’au même moment que le Bauhaus), le suprématisme, le constructivisme, le théâtre moderne, de folles architectures. (Lire la suite)

Ross Lovegrove, Generator House
Design, Expo

Ross Lovegrove, impressions mutantes

Le designer britannique modélise les silhouettes évolutives de la nature. « Imprimer le monde » présente les objets mutants réalisés en 3D. Voici deux expositions qui s'hybrident bien au Centre Pompidou. Dans ce nouveau programme « Mutations/Créations », le design est placé au croisement de l'art et de l'architecture, en symbiose avec les technologies numériques, les sciences des matériaux, la biologie. Des recherches qui illustrent la grande bascule du mécanique au digital. Dans un esprit optimiste positiviste. (Lire l'article)

Stéphanie Boulay, À l'abri des hommes et des choses, éditions de l’observatoire, 2023 (couverture du livre)
L'air du temps et des livres, Livres

À l’abri des hommes et des choses

L'air du temps et des livres: une nouvelle chronique pour relier l’actualité, petite ou grande, avec des livres qui paraissent, la frôlent ou la percutent, de front ou même de biais. Pour l'inaugurer, il sera ici question du roman de Stéphanie Boulay, "À l'abri des hommes et des choses" (éditions de l’observatoire, 2023).

Caméras suggestives, Cinéma, Écrans

Dunkerque : profondeurs du champ de bataille

À l’heure où l’usine à rêves se confronte aux limites de son hyper-puissance spectaculaire – synthèse, 3D & franchises de super héros comme autant de bulles spéculatives prêtes d’imploser –, certains préfèrent nous proposer de nouvelles expériences mentales. Des dispositifs de montage en réalité, narrations décalées, entrecroisées, retournées, qui déjouent nos réflexes de publics contemporains. Dunkerque de Christopher Nolan en est un bon exemple. Sur le fond, en revanche, pas grand chose de neuf, sinon le sempiternel refrain patriotique sur le beau courage sacrificiel des uns et des autres... (Lire l'article)

livre-enquête de Marie Cosnay
Livres

Héros de survie

Des îles, Lesbos 2020 les Canaries 2021 : le dernier livre de Marie Cosnay est tissé de récits que l'autrice recueille auprès d'exilés, rencontrés à Lesbos, aux Canaries ou à la frontière espagnole.
Aristote à Hollywood (2) ou Tex Avery par Nicolas Witkowski
Chroniques avéryennes, Écrans

Aristote à Hollywood (2)

Aux causes finales, explications commodes mais illusoires, Aristote adjoignait les causes “formelles”, celles qui sont censées expliquer la forme des choses, vivantes ou inanimées. Et c'est sans doute la partie de sa philosophie qui a le plus mal vieilli, puisque la forme, dans le cadre de la science moderne, s'explique entièrement par les propriétés de la matière, guidées par une éventuelle “information”, matérielle elle aussi. Pour les créatures vivantes, cette information est d'ordre génétique et codée chimiquement dans leur ADN. La forme d'Aristote, elle, était une “essence”, une “idée” venant d'un mystérieux monde extérieur pour informer la matière brute. Tex Avery, bien sûr, se saisit de cette notion surprenante. (Lire l'article)

Gilles Walusinski par André Kertész (1982)
Entomologie photographique, Photographie

André

C'est un jour de 1983 qu'une enveloppe m'est arrivée de New York. André Kertész m'envoyait le portrait qu'il avait fait l'année précédente, en 1982 sur le balcon de sa chambre d'hôtel, rue Saint Séverin. C'était en hiver et André passait une bonne partie de son temps dans la galerie d'Agathe Gaillard qui l'exposait. Ce n'était pas la première fois que je raccompagnais Kertész de la galerie jusqu'à son hôtel. Nous faisions le trajet bras-dessus bras-dessous à petits pas, André s'arrêtant à toute occasion, me disant regarde cette photo que je ne fais pas. Ce pigeon me le reproche ! (Lire la suite)

Bande dessinée, S'il vous manque une case...

Lapi-not dead at all

Après avoir été laissé pour mort dans le dernier album de la série des “Formidables aventures de Lapinot”, le héros éponyme de Lewis Trondheim est à présent ressuscité, pour le plus grand bonheur de ses fans. Ce n'est pas seulement le célèbre lapin que nous avons le plaisir de retrouver mais aussi ses amis, l'immature Richard, Titi ou Pierrot, dans une histoire où le fantastique se mêle à une lecture de notre société contemporaine et de ses dérives, qu'il s'agisse du terrorisme ou des sites de rencontre pour célibataires. C'est surtout l'occasion de découvrir, pour ceux qui ne le connaîtraient pas déjà, un des plus grand auteurs de la BD française contemporaine. (Lire l'article)

École Le Blé en herbe © Matali Crasset (photo: Philippe Piron)
Architecture, Design, Expo

Premières fondations pour un Socialdesign en France

Un petit groupe de graphistes, designers, architectes, acteurs culturels et associatifs ont créé la Plateforme Socialdesign. Elle a tenu sa première réunion publique à Paris. Après avoir recensé des projets élaborés collectivement avec des usagers, ses concepteurs entendent populariser ces initiatives minoritaires, les développer, avec une méthodologie qui s'appuie sur des résidences de “recherches-actions”. Une initiative réjouissante face à un état d'urgence sociale en France, une redéfinition du design qui renoue avec ses origines. (Lire l'article)

Dolores Redondo, Une offrande à la tempête, Folio Policier
Le genre idéal, Livres

Vieux comme le monde

En Navarre, pilier de l’Église et de forces mythologiques païennes à travers les siècles, dans la vallée de Baztán, une petite fille décède étouffée dans son berceau. Mort subite du nourrisson. La grand-mère pourtant, dans son demi-sommeil, a bien entendu de légers bruits. Dans la chambre, décorée d’une profusion de rubans, de dentelles roses et de fées, se trouve au pied du berceau une peluche répugnante. Le père est arrêté. La mythologie et les légendes basques s’invitent dans  une enquête où le merveilleux, l’indicible et l’horreur côtoient un monde contemporain en peine d’apporter des réponses. (Lire l'article)

Le Gouffre aux Séries, Séries

12 – L’éros des héros

Les bonnes séries sont de formidables fabriques de héros. D’épisode en épisode, d’aventure en aventure, on finit par tout connaître d’eux. Ces êtres chimériques sont de parfaits compagnons, presque des amis, même si l’on sait que ce ne sont que des marionnettes dont les fils sont tenus par des armées de scénaristes.

L'Aviateur, d'Evgueni Vodolazkine, traduit du russe par Joëlle Dublanchet, éditions des Syrtes
Écrans, Livres, Séries

Russie, trous de mémoires et trains fantômes

Roman de Vodolazkine, série Netflix sur Trotsky, documentaire géant en trois volets, exposition "Rouge" au Grand palais. On n’en finit pas de scruter la mémoire russe. Avec des résultats parfois surprenants. "Notre passé est imprévisible", écrivait Joseph Brodsky, et il n’avait pas tout vu...