Ubu Trump
Dramaticule en deux actes.
Acte II
Scène 1
La scène se passe à la Maison blanche,
la veille de la cérémonie d’investiture.
Père et Mère Trump
Michael Pinn
Sarah
Un peintre
Deux décorateurs
Deux G.I.
Père Trump.– Merdre !
Mère Trump.– Vrout, merdre ! Nous y sommes !
Père Trump.– J’ai faim !
Mère Trump.– J’ai envoyé votre loyal Michael Pinn chercher des hamburgers chez le bouffre Donald.
Père Trump.– Vous lui avez bien dit des triples burgers ? Et les frites, Mère Trump ? Vous avez pensé aux frites ? Et les cornichons ? Et le ketchup ? J’ai faim !
Mère Trump.– Merdre !
Père Trump.– Qu’y-a-t-il mon oiseau des îles ?
Mère Trump.– Ce salopiaud de peintre a taché mon tailleur de marque !
Père Trump.– Ah ! Voici les décorateurs !
Premier décorateur.– Vous voulez vraiment changer tout le mobilier ?
Père Trump.– Je ne suis pas devenu Président des États-Unis pour vivre au Moyen-Âge. Enlevez-moi toutes ces vieilleries ! Et pendant que vous y êtes, changez les moquettes. Je veux du léopard au sol. Dans les chambres, les couloirs et dans le bureau ovale. Au mur vous collerez du papier peint tigre.
Premier décorateur.– Si Monsieur le Président me le permet, j’oserais une remarque. Ça risque de faire un peu chargé, le papier peint tigre !
Père Trump.– Comment ! Tu oses me contredire ! Bon à rien ! Démocrate ! Qu’on lui coupe les oneilles ! Qu’on lui crève la bedaine ! Qu’on lui arrache les mains ! Et les pieds … oh ! qu’on le coupe en mille morceaux ! (Deux G.I. attrapent le décorateur, le rouent de coups et l’emmènent loin de la vue du Président)
Mère Trump.– Père Trump ! Vous avez pensé à votre cérémonie d’investiture ? Il faut faire les choses en grand. Le gratin de la chanson, des sportifs de très haut niveau, les journalistes, les sénateurs, et la foule. Je veux une foule bien dense, bien chaude. Je veux être acclamée ! Je suis la First Lady ! Rappelez-vous, Père Trump, comment votre prédécesseur a été accueilli. En grande pompe !
Père Trump.– Mais, bonne Mère, comment voulez-vous que je réunisse tant de monde ?
Mère Trump.– Avec l’argent du Trésor !
Père Trump.– Encore payer ! Pas un dollar, Mère Trump ! Vous m’entendez ! Le Trésor est pour moi !
Mère Trump.– Vous ne pouvez pas engager des artistes prestigieux sans dépenser un centime ! Vous êtes un grand nigaud, Père Trump ! Et les sportifs, je parle des sportifs de très haut niveau, les grands sportifs coûtent cher. Moi, j’aurais bien vu Tiger Woods. J’ai toujours aimé les clubs de golf ! Côté chanson, que diriez-vous de Béyoncé ?
Sarah.– On ne peut pas !
Mère Trump.– Et pourquoi ça, petite sotte ? Vous voulez que le Père Trump vous coupe les oneilles à vous aussi ? Faites attention, ma chérie ! Votre nom est toujours en ballotage pour le ministère de la Justice. Un rien, et pfuitt, vous repartez pour l’Alaska !
Sarah.– Ce n’est pas moi ! C’est Mister Président !
Mère Trump.– Quoi Père Trump ? Qu’avez-vous fait, bougre de cornichon bouilli à l’eau de vaisselle ?
Père Trump.– J’ai faim ! Michael n’est toujours pas arrivé ?
Sarah.– Mister Président a signé son premier décret d’expulsion. Huit millions de Mexicains ont été arrêtés ce matin.
Mère Trump.– Mais mon gros chéri, tu n’es pas encore tout à fait Président ! La cérémonie d’investiture n’a pas encore eu lieu !
Père Trump.– Merdre !
Michael Pinn, les bras chargés de hamburgers, de cornets de frites et de sodas.– Et voilà, Père Trump ! Les burgers sont arrivés ! Comme vous êtes Président, le vendeur vous a mis une quadruple épaisseur de steaks hachés. Vous avez le burger impérial !
Père Trump, à Michael.– Le Super Méga Big Burger ?! Oh ! Dans mes bras, mon fidèle lieutenant ! Bougre de merdre ! Ça a l’air rudement bon ! (À Mère Trump.) Tu vois bien, vieille haridelle, que je suis LE Président ! Même le vendeur du bouffre Donald le sait ! Espèce de vieille chipie ! Je vais te répudier, je vais te faire jeter au cachot… je vais, je vais t’envoyer en Irak !
Mère Trump, à Sarah. – Vous n’avez tout de même pas fait arrêter Béyoncé ?
Sarah.– Si ! Son nom était sur les listes.
Mère Trump.– Mais enfin pourquoi ? Cette petite Béyoncé n’est pas mexicaine que je sache ?
Sarah.– Elle n’est pas très claire, cette Beyoncé !
Mère Trump.– Et Tiger Woods ?
Sarah.– Aussi. Vous voulez la liste complète des artistes du show bizz qui ont été arrêtés ? (Elle consulte sa montre.) Oh ! De toutes façons, c’est inutile : les charters pour Mexico ont déjà décollé.
Mère Trump.– C’est ennuyeux ! Avec qui allons-nous faire la fête ?
Michael Pinn.– Je connais un journaliste de la Gazette de Vladivostok qui pourrait vous organiser une très belle cérémonie en un tournemain.
Père Trump.– Et combien va encore nous coûter cet oiseau de malheur ? Attention Michael ! Je ne donnerai pas un millième du Trésor d’État pour ces bouffres d’artistes.
Michael Pinn.– C’est un ami, Père Trump. Il ne vous coûtera rien. Il fera le job pour l’amour de l’Amérique.
Sarah.– America great again !
Père Trump.– Dans mes bras, mon bon petit Pinn ! Je vous aime, je vous adore ! Je veux que vous soyez désormais colonel !
Michael Pinn.– A vos ordres, Mister President !
Second décorateur.– Mister Président ?
Père Trump.– Merdre !
Second décorateur.– Regardez vos murs, Mister President !
Père Trump.– Oh ! Du papier tigre ! Vous en avez mis partout ! Dans mes bras, dans mes bras ! Je vous fais colonel !
Mère Trump, à part.– Il est rusé, le petit Pinn ! J’en ferais bien mon quatre heures ! Quand ce gros ouf de Père Trump fera sa sieste, j’emmène Michael dans le bureau ovale, et hop, ni vu ni connu ! Avec toutes les greluches que ce bouffre de Père Trump n’arrête pas de se taper, j’ai bien droit à une petite friandise ! Je suis la First Lady ! Si Pinn refuse, je la lui fais couper ! (À Michael Pinn.) Sur qui pouvons-nous compter pour la parade ? Avez-vous déjà quelques noms en tête ?
Michael Pinn.– Nous aurons peut-être Céline Dion. Mireille Mathieu aussi a été pressentie. Elle est actuellement en tournée à Moscou. Mais avec Air Force One, elle pourrait être à Washington pour la cérémonie.
Père Trump, à part.– Céline Dion ! Et si je remplaçais la Mère Trump par cette charmante petite Canadienne ?! Ah ! Que c’est bon d’être le Président des États-Unis !
Scène 2
La maison blanche, le bureau ovale.
Une semaine plus tard.
Père et Mère Trump
Les enfants Trump
Lieutenants et colonels
Un pasteur
Père Trump.– Merdre !
Ivanka.– Qu’y-a-t-il, papounet Trump ? C’est encore ce sale Pinn qui te cause du souci ?
Père Trump.– J’ai tweeté trop vite !
Ivanka.– Ça part toujours trop vite ! C’est comme ça avec les hommes !
Mère Trump, à part.– Petite garce ! J’aurais ta peau ! Et Pinn qui se fait virer ! Quel bougre d’andouille !
Ivanka.– Et tu avais tweeté quoi, mon bon papa Trump ?
Père Trump.– Bougre de merdre !
Ivanka.– Mais tout le monde tweete ça depuis que tu es le Président ! Tu as lancé la mode : tu es un génie ! Grâce à toi l’Amérique commence déjà à retrouver sa grandeur.
Père Trump.– Le tweet était adressé aux sénateurs du congrès. J’ai peur. Ces foutus Républicains veulent avoir ma peau. Ils sont pires que les Démocrates.
Ivanka.– C’est impossible. Il n’y a pas pire que les Démocrates. Ces sales fils de pute ! Ces chiens ! Tu veux que je te dise, Père Trump ? Les Démocrates ne sont qu’une bande de Mexicains ! Regarde leur ancien Président ! J’espère que tu as pensé à l’inscrire sur la liste ?
Père Trump.– Oui, oui. Lui et sa femme ont été arrêtés ce matin. Je lui ai collé un crime de haute trahison sur le dos. (il consulte sa montre). Tiens, ma Rolex est en panne. Ma petite chatte, tu peux me dire l’heure ?
Ivanka.– 3 pm.
Père Trump.– Ouf ! Je respire. Ce traitre est dans l’avion pour Nairobi. Et le lieutenant Oxford ? Où est-il ? Il devrait être là. J’ai faim ! Mes burgers, Ivanka, il me faut mes burgers !
Robert Oxford.– Je suis là, Mister President ! Et j’ai les burgers ! J’ai même de très gros burgers ! Six épaisseurs de steaks ! Du jamais vu ! Et 30 sachets de frites ! J’ai pensé à votre famille, Mister President ! Cadeau de la Compagnie du bouffre Donald.
Donald Jr.– Oh ! Regardez ! Le grand bouffre a même mis un petit mot sur les burgers : from Donald to Donald ! Papa Trump chéri ! Il faut faire un geste pour la compagnie.
Robert Oxford, à part.– Et pour moi donc ! Pourquoi est-ce que je ne serais pas aussi colonel ?
Père Trump.– Tu as raison, mon garçon. Tu es aussi intelligent que ton père. Plus, non ! C’est impossible ! Mais autant. Enfin presque. Envoie-leur un petit tweet.
Donald Jr.– Qu’est-ce que j’écris ?
Père Trump.– Merdre !
Robert Oxford.– Les médias sont très remontés contre vous, enfin je veux dire contre ce traitre de Michael Pinn.
Père Trump.– Qu’est-ce que ça peut bien me foutre ? J’ai faim. (àRobert Oxford) Donnez-moi trois burgers.
Mère Trump.– Les journalistes ne vont pas vous lâcher, Père Trump. Faites un peu travailler votre caboche ! Démentez ! Dites que vous ne saviez rien. D’ailleurs si vous n’aviez pas écouté cette triple crapule de Michael Pinn, la cérémonie d’investiture aurait été un peu plus people. Inviter Mireille Mathieu ! Vous avez été la risée du monde entier. Sans compter l’argent que nous a coûté son déplacement avec Air Force One.
Père Trump.– Vous êtes de plus en plus laide, Mère Trump. Le costume de la First Lady ne vous va pas. On croirait une girafe dans un magasin Vuitton. Vous voulez que je vous dise, Mère Trump ? Vous avez le cul trop haut ! Puis vous avez encore grossi. Et vous avez pété pendant la cérémonie. C’est votre faute si les invités ont fui. Oh ! Que vous êtes laide, Mère Trump !
Mère Trump.– Vous n’êtes qu’un gros bouffre mal embouché ! Votre bedaine va éclater avec tous ces burgers que vous avalez du matin au soir. Vous n’êtes qu’un sac à viande, Père Trump ! Ce soir, je vous nettoie la panse avec le balai à merdre !
Père Trump.– Un mot de plus, Mère Trump, et je vous fais empaler ! Ce serait charmant ! Le peuple américain manque de divertissement. Hollywood m’emmerde ! Tous ces cinéastes sont à la solde des Mexicains. (à Robert Oxford) Inscrivez-les sur la liste. Bougre de merdre ! Je m’emmerde ! Donnez-moi le livre à décrets ! J’ai besoin d’amusements. Et appelez-moi le Père Stanislas.
Robert Oxford.– Voici le livre, Mister President.
Père Trump.– Et Stanislas ? Il ne peut pas bouger un peu son cul, ce pasteur de mes deux ?! Merdre ! Même les curés m’emmerdent ! C’est une conjuration ! Vous avez tous jurés ma peau. Mais je vous baiserai ! Oh ! Comme je vous baiserai ! Demandez à Mère Trump ! Hein, ma colombe ? Tu sais ce que ça fait ?
Mère Trump.– Vous n’êtes qu’un salopard de vieux paltoquet gâteux, adipeux et libidineux ! Vous crèverez dans votre graisse ! (un temps) Et vous crèverez chauve, Père Trump ! Vous n’aurez plus un poil sur le caillou ! D’ailleurs, politesse pour politesse, je trouve que vous vous êtes un peu dégarni depuis votre élection ! Que le cul ! Vous n’aurez bientôt plus que des poils au cul !
Père Trump.– Enlevez-la ! Coupez-lui les oneilles ! Je ne veux plus la voir ! Qu’on l’empale ! qu’on l’écartèle ! qu’on la donne aux G.I. de retour d’Afghanistan !
Père Stanislas.– Vous désirez me voir, mon fils ?
Père Trump.– Préparez-moi un acte de divorce ! Mettez-vous d’accord avec le juge : les frais doivent être à la charge de la Mère Trump. Je ne paierai pas un dollar. Et je veux bien sûr la bénédiction de l’Eglise.
Mère Trump.– Mon gros bêta ! Mon lapin président ! Tu t’emportes, tu t’emportes : tu vas te faire du mal. Regarde : tu es déjà tout rouge. Si tu continues, tu vas te rendre malade. (à Ivanka) Ma chérie, apporte donc un peu d’eau de Seltz à ton père. (au père Trump) Mon Président d’amour ! Mon canard laqué ! Mon héros ! (elle lui caresse le ventre avec tendresse) Mon bon petit Yankee ! Mon esclavagiste adoré ! Rappelle-toi comme nous nous aimions naguère ! Tu te souviens du woody-woody ? Comme tu aimais ça ! Encore ! Encore un woody-woody, ma caillette ! me disais-tu le soir en haut de la tour Ubu. Ah ! quel plaisir je t’ai donné ! Tu n’as pas oublié, mon joli canari ? (sa main descend sous la ceinture)
Père Trump.– Ma colombe ! Ma petite chatte d’Europe de l’Est ! Le woody-woody ! Il n’y a que toi ! Que toi qui m’aimes ! Que toi qui me comprennes ! (au père Stanislas) Annulez l’acte de divorce. Et parlons business. Est-ce que l’Eglise me soutient ?
Le Père Stanislas.– Vous avez eu des mots un peu hardis sur les femmes. Nos paroissiennes ont été choquées, révoltées même. Comprenez. Elles aussi sont des créatures de Dieu.
Le Père Trump.– Vous avez raison, mon bon Père. Je me repends ! Désormais je vivrai comme un saint. Je veux rendre à l’Amérique sa grandeur. Et j’ai besoin de vous dans cette tâche difficile, Père Stanislas ! Votre paroisse doit me soutenir !
Le Père Stanislas.– Il suffirait de peu de choses, Mister President…
Père Trump, à Robert Oxford.– Donnez-moi le livre à décrets.
Père Stanislas.– Dieu soit loué.
Père Trump, à Robert Oxford.– Ecrivez ! Moi, Père Trump, 45e Président des États-Unis, du Nebraska et du Massachusetts, j’interdis désormais le financement de toute organisation qui aurait le culot de faire campagne en faveur de l’avortement.
Père Stanislas.– Amen !
Mère Trump.– America great again !
Tous, en chœur.– America great again !
Père Trump, à Robert Oxford.– Donnez-moi un autre burger. Est-ce que ces bougres de merdre du bouffre Donald n’auraient pas diminué la taille de leur burger ? J’ai faim ! (Il avale un quatrième burger.) Je me sens un peu mieux. Si on faisait un autre décret ? Je m’emmerde !
Robert Oxford.– Excellente initiative, Mister President. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Si votre Grâce le permet, j’aurais une proposition à lui faire.
Père Trump, en avalant un autre burger.– Je vous en prie, Robert. Pas de chichis entre nous. Vous savez que vous me plaisez, Robert ? Vous me plaisez de plus en plus ! Tenez, Robert ! Je vous aime !
Robert Oxford.– C’est un sujet grave, Père Trump ! Il en va de la sécurité nationale. De notre sécurité, à vous, à Mère Trump, à Ivanka, à Donald Jr, à…
Père Trump.– Abrégez, Robert. Je ne suis pas complètement stupide : la sécurité de ma famille est en jeu si je vous ai bien compris ?
Robert Oxford.– C’est exact, Mister President. Vous accordez trop de visas, beaucoup trop, mais alors vraiment beaucoup trop !
Père Trump.– Combien ?
Robert Oxford.– Plusieurs milliers chaque jour.
Père Trump.– Bougre de merdre ! Je m’en fous du nombre de visas que nous accordons. Ce que je vous demande est combien de dollars nous coûtent ces visas ?
Robert Oxford.– Oh ! A nous ? Rien du tout ! Ce sont les demandeurs qui payent.
Père Trump.– Alors où est le problème ?
Robert Oxford.– Les terroristes sont le problème.
Père Trump.– Soyez plus clair, Robert. Je ne vous comprends pas bien. Quel rapport y-a-t-il entre un tampon sur un passeport et un terroriste ? Vous allez encore me demander une augmentation, mon petit Rob. ! Je la sens venir, cette demande. Je vous aime. Je l’ai dit et je ne me dédis pas. Mais ce n’est pas une raison pour me demander le ciel ! (au Père Stanislas) Oh pardon mon Père ! Je ne voulais pas offenser notre paroisse.
Le Père Stanislas.– Soyez en paix, mon fils. Le Ciel vous pardonne. Nous ne sommes tous que de pauvres pécheurs. Amen.
Robert Oxford.– Les terroristes s’introduisent sur notre sol avec leur visa. Ils viennent comme s’ils étaient des gens normaux, et à peine a-t-on le dos tourné, boum !
Père Trump.– Les terroristes viennent faire du tourisme aux U.S.A ? Mais c’est une excellente idée ! Notre pays est splendide ! Et puis s’ils font du shopping, ils dépensent de l’argent ! Ils remplissent nos coffres !
Robert Oxford.– Mister Président ! Vous sous-estimez les terroristes ! Ils ne viennent pas chez nous pour faire des emplettes. Vous vous rappelez les Twins Towers ?
Père Trump.– Oui, je sais. La Mère Trump m’a assez bassiné avec elles. Oui, je sais, elles ont été rasées. Un défaut de construction, je crois. Bien sûr ! Elles n’étaient pas l’œuvre du cabinet Trump. Alors que voulez-vous ? Ça finit par s’écrouler, ces bazars.
Robert Oxford.– Père Trump, vous souvenez-vous de la tuerie de San Diego ?
Père Trump.– Honnêtement, Bob, non ! Je bossais à l’époque. Je n’étais pas encore Président des États-Unis. Je devais gagner ma vie, nourrir ma famille, habiller la Mère Trump. Vous voyez, Bob, la vie n’est pas toujours facile. Je me suis fait tout seul.
Robert Oxford.– Robert, Père Trump. Pas Bob, Robert. Ou Rob, soit, si vous voulez, mais pas Bob.
Père Trump.– Bon ! Robert, Bob : quelle différence ? Vous n’allez pas chicaner ! Est-ce que vous ne seriez pas un peu tantouze par hasard, Rob ? Allez ! Je vous pardonne. Le Père Stanislas m’en est témoin. J’aime mon prochain. Mais à la fin, Bob, allez-vous, oui ou non, m’expliquer cette histoire de visas ?
Robert Oxford.– J’y arrive, Mister President, j’y arrive. Tenez ! Prenez un autre burger.
Père Trump.– Vous êtes vraiment un amour, Robert.
Robert Oxford.– Les auteurs de la tuerie de San Diego étaient une bande d’Arabes. Arrivés sur le sol américain en avion et avec un visa.
Le Père Trump, recrachant son burger. – Il y a des Arabes sur le sol américain ??
Robert Oxford.– Beaucoup ! Des milliers ! Sans doute des millions même ! Et il en arrive chaque jour de partout.
Père Trump, à Mère Trump.– Tu entends ça ma colombe ? C’est épouvantable ! J’ai peur ! Il faut faire quelque chose ! (Aux autres.) Ivanka ! Donald Jr ! Planquez-vous sous la table ! Ils sont partout ! Bob ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? Père Stanislas ! Donnez-moi l’absolution !
Robert Oxford, en tendant au Père Trump le livre à décrets.– Signez, Mister President ! C’est un décret interdisant le territoire aux Arabes.
Père Trump.– A tous les Arabes ?
Robert Oxford.– Nous avons dû faire quelques exceptions. L’Arabie Saoudite n’est pas concernée.
Père Trump.– Ah bon ? Et pourquoi ça ? Mère Trump prétend que ce sont les pires.
Robert Oxford.– Ils nous donnent des dollars, beaucoup de dollars. Ils remplissent votre Trésor.
Père Trump.– Dans ce cas c’est différent. Ce sont de bons Arabes. Mais il faudra tout de même qu’ils payent leur visa.
Robert Oxford.– Dormez sur vous deux oneilles. Nous y veillerons. En attendant, signez, Mister President !
Père Trump.– J’aurais un autre burger ?
Robert Oxford.– Le triple burger impérial. Signez. (Le Père Trump signe le décret.)
Tous, en chœur.– America great again !
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