“‘Ne tire pas !’ : les mots d’un perroquet pourraient être utilisés dans un procès pour meurtre.” (The Guardian)
Le perroquet gris du Gabon est réputé bavard, intelligent et sociable. Il réclame cependant beaucoup d’attention et une alimentation étudiée. Par ailleurs, évitez de tuer quelqu’un en sa présence car il pourrait cafter. C’est le cas de Bud, perroquet depuis bientôt vingt ans, qui ne cesse de répéter “Don’t fucking shoot !” (“Ne tire pas, bordel !”) depuis que son propriétaire a été abattu de plusieurs coups de revolver. L’animal répète aussi – en y mettant les intonations – un dialogue qui ressemble fort à une dispute conjugale. La femme de la victime, elle-même blessée à la tête, est ainsi la principale suspecte, et son sort repose entre les mains d’un procureur du Michigan qui n’exclut pas de faire témoigner le perroquet. Ses services sont en tout cas en train d’étudier l’oiseau, tentant de lui tirer les vers du bec. “C’est une nouveauté intéressante et ce sera pour moi une excellente occasion d’en apprendre plus sur les perroquets africains”, a déclaré à la presse le procureur qui, apparemment, ne prend pas les choses au tragique.
Cependant, il ne s’agit pas pas d’une complète nouveauté puisque, en 1993, les arguments d’un autre perroquet avaient déjà été examinés dans une affaire de meurtre, également aux États-Unis. Cette fois-là, c’est la défense qui avait appelé l’oiseau à la barre. Le perroquet en état de choc répétait “No, Richard, no, no, no !” alors que l’accusé se prénommait Gary. Ce dernier a tout de même écopé d’une peine de prison à vie, preuve que l’on ne se fie pas entièrement aux animaux de compagnie, pas plus d’ailleurs que ces derniers ne peuvent se fier à nous.
Avant de trucider le propriétaire d’un perroquet, il sera plus prudent d’abattre l’oiseau, on ne sait jamais. Idem si la personne vit avec un chien, un chat, un singe ou un cochon d’Inde. En 2014, une juge d’instruction de Tours avait tenté d’élucider un meurtre grâce au chien de la victime. Elle avait décidé de mettre en situation le principal suspect face à l’animal, accompagné d’un expert vétérinaire. Échec total. “Si le juge ne répond plus aux commandements de la raison et s’entoure d’experts qui sont déraisonnables, alors la justice devient très dangereuse”, avait tempêté l’avocat de l’accusé, qui s’était empressé de dénoncer le juge au procureur pour maltraitance sur animal.
Reste le cas des poissons rouges. Ceux-là ne risquent pas de bavarder, mais pour l’assassin la tentation sera grande de jeter l’arme du crime dans l’aquarium juste après avoir commis son crime. Erreur courante, mais funeste ! C’est le premier endroit où regarde un enquêteur bien formé. Planquer le revolver dans le téléviseur n’est pas une bonne idée non plus, d’autant que la plupart sont plats désormais et que leurs capots réclament un bon quart d’heure de dévissage. Non, l’idéal est d’incendier la maison ou l’appartement en partant, puis de tirer sur tout être vivant qui viendrait à passer par là. Gardez une balle au cas où le perroquet ou le cochon d’Inde s’envolerait en criant “Au secours !”.
Édouard Launet
Sciences du fait divers
[print_link]
0 commentaires