Dans la constellation de l’Hydre, à 326 millions d’années-lumière de la Voie Lactée, et de notre planète par conséquent, la galaxie NGC 2936 fait la fierté des Sphéniscidés car sa forme rappelle celle d’un manchot, un dieu manchot aux proportions cosmiques. Serait-ce le secteur de l’univers d’où ces étranges créatures sont originaires ? Nul ne le sait vraiment…
Cette saisissante image a été réalisée en 2016 à partir de données captées en lumière visible et infrarouge recueillies par la caméra du télescope spatial Hubble. Devant un tel spectacle, les astronomes, amateurs de paréidolie comme n’importe quel mioche voyant des dragons cachés dans les nuages, n’ont pas tardé à rebaptiser NGC 2936 Galaxie du manchot (Penguin Galaxy), alors que d’autres – minoritaires il est vrai – y ont plutôt vu un marsouin (« porpoise »). Ce n’était pas un éléphant rose, l’honneur astronomique est sauf.
Distorsion cosmique
Les poètes, les mythographes, les astrologues aussi, peuvent puiser là matière pour nous émerveiller, nous donner à réfléchir ou simplement pour tenter de nous emberlificoter. Mais les astrophysiciens, quant à eux, expliquent la forme unique de la galaxie du manchot par une distorsion cosmique consécutive à l’effet de la force gravitationnelle que celle-ci subit de sa voisine NGC 2937 distante seulement de 23 millions d’années-lumière, celle que l’on aperçoit à proximité de ses « pattes » avec cet aspect ovoïde et brillant.
Dans un milliard d’années, les deux galaxies entreront vraisemblablement en collision pour n’en former plus qu’une. En attendant cette étreinte finale, elles s’attirent et se déforment l’une l’autre, dans une parade spatiale insonore (« dans l’espace personne ne vous entendra danser ») qu’a su capter Hubble pour notre éblouissement.
C’est ainsi que NGC 2936 s’est progressivement transformée, passant d’un disque plat à ce manchot galactique. La spirale s’étire, les gaz interstellaires se répandent comme des barbes à papa géantes. Même les veines rougeâtres qui dessinent la silhouette du manchot sont formées par la poussière galactique qui faisait autrefois partie de NGC 2936, d’après les savants. Selon ce que j’ai cru comprendre des études scientifiques consultées en m’intéressant à ce phénomène, il semblerait que, sous l’effet gravitationnel, cette poussière a été projetée à travers l’espace sous la forme de ces veines sombres que nous observons aujourd’hui, rétroéclairées par la lumière stellaire qui émane de ce qu’il reste du noyau de cette galaxie dévastée.
Dans la nomenclature scientifique internationale, le couple que la galaxie du Manchot forme avec NGC 2937 est dénommé Arp 142.
Depuis, NGC 2937 a elle aussi fini par recevoir un surnom puisqu’elle est de plus en plus désignée comme la Galaxie de l’Œuf ; un œuf cosmique sur lequel veillerait le manchot dans l’espace. Mais, on peut encore retourner le problème en songeant que si l’on ne résoudra toujours pas la fameuse énigme de l’œuf et de la poule, en sachant lequel des deux est arrivé le premier, il est par contre certain que le manchot et son œuf disparaîtront ensemble, simultanément…
Et le savoir ne doit pas nous empêcher de rêver, bien au contraire…
0 commentaires