Insultologie Appliquée. La Terre se réchauffe, les esprits s’échauffent, les chefs d’État s’injurient : l’insulte est l’avenir d’un monde en décomposition. Chaque semaine, la preuve par l’exemple.
Les amabilités entre chefs d’État se poursuivent et, il y a quelques jours, c’était au tour du président turc Recep Tayyip Erdogan d’ouvrir le feu. Il a tout bonnement déclaré que son homologue français Emmanuel Macron était en « état de mort cérébrale ». Très exactement, il a interpellé notre président de la sorte (une sorte assez familière) : « Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale. Ces déclarations ne siéent qu’à ceux dans ton genre qui sont en état de mort cérébrale » — les déclarations visées étant naturellement celles de Macron jugeant lui-même, il y a peu, l’OTAN « en état de mort cérébrale ».
Emmanuel Macron n’a pas filé illico dans un service de neurologie pour en avoir le cœur net, il a préféré exiger que l’ambassadeur turc soit convoqué pour lui signifier qu’il n’appréciait pas « cette insulte ». Car, indéniablement, c’en était une.
La mort cérébrale est un stade, autrefois qualifié de coma dépassé, dans lequel le cerveau ne répond plus. Elle peut être causée par un traumatisme crânien (un tir de flashball éventuellement), une ischémie cérébrale, un AVC, une encéphalite, une tumeur du cerveau. Comme le ciboulot d’Emmanuel Macron a l’air de fonctionner encore à peu près, le diagnostic d’Erdogan paraît trop radical. Quitte à manier les images, il eût été plus opportun pour lui de déclarer que Macron avait un QI d’huître, de moule, ou celui d’un de ces bigorneaux qu’on ramasse sur la plage du Touquet à marée basse. Mais connaît-on le Touquet en Turquie ?
Le cerveau très très grand de Donald Trump
Comment mesure-t-on le QI des chefs d’État ? Il y a d’abord l’auto-évaluation. Donald Trump, lors d’une énième crise avec la Chine, avait fait l’an dernier cette merveilleuse déclaration : « Xi Jinping (le n°1 chinois) n’est peut-être plus mon ami, mais Michael Pillsbury (directeur du Centre américain sur la stratégie chinoise) a dit que la Chine a un respect total pour Donald Trump et pour le cerveau très très grand de Donald Trump ».
Qualifier son cerveau de « très, très grand » n’est pas un signe de santé mentale. Le voir qualifié par autrui de « vide » n’est pas bon signe non plus. En 2016, en pleine effervescence Nuit Debout, Nicolas Sarkozy avait lancé : « Nous ne pouvons plus accepter que des gens qui n’ont rien dans le cerveau viennent place de la République donner des leçons à la démocratie française ». Le compliment a fini par se retourner contre son auteur.
Il serait sans doute plus opportun de laisser l’évaluation des QI à une autorité indépendante, par exemple une sous-branche de l’ONU ou de l’OMS qui, chaque année, soumettrait les chefs d’État à une batterie de tests pour vérifier qu’ils sont encore en état d’assumer leurs fonctions. Bolsonaro et Trump échoueraient probablement — tout comme échoueraient ceux qui les ont portés au pouvoir.
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Bonsoir. Arrivé ici délibérément en ayant suivi le lien d un qi d huître est bien sympathique.
Merci
Pour savoir si quelqu’un a un QI d’huître il suffit de lui demander d’expliquer la formule suivante :
P(A∣B)= P(A⋂B) /P(B)
puis d’écrire une poésie en plusieurs langues.