LIVRES
Qu’espères-tu de l’existence ?
« Le mensonge est vraiment une chose remarquable. » Peut-être même la réalisation humaine la plus parfaite, la plus libératrice, porteuse de vie pour soi et de chaos pour les autres. Le malheur des uns… Lucy devait mourir, mais un homme entré dans sa chambre l’a sauvé en prenant d’un souffle la vie de son père. Pourquoi ? Parce que le jeune garçon, à la question posée par cet inconnu aux pieds sales, a répondu : « Que quelque chose m’arrive… » Un conte grinçant pour une étrange humanité. Une nouvelle réussite de l’auteur des Frères Sisters. LB
Heurs et malheurs du sous-majordome Minor de Patrick deWitt, traduit de l’américain par Emmanuelle et Philippe Aronson, Actes Sud
Tournée à risque
C’est un roman où les personnages sont des comédiens : ils jouent un rôle sur scène mais aussi souvent dans leur propre vie. Parfois, tout de même, ils aiment, mais avec un certain accablement (« Il avait hâte d’être vieux afin de n’être plus tourmenté par les souvenirs de sa jeunesse »). Le narrateur, que l’on met un bon moment à identifier, n’échappe pas au jeu et nous embarque dans un récit à la fois nostalgique et captivant, dans un pays d’Amérique du Sud (l’auteur, installé aux États-Unis, est d’origine péruvienne) où « la violence pouvait parfois s’avérer nécessaire et […] la justice était aléatoire ». La tournée entreprise – pour jouer une pièce dont l’intrigue « tourne autour d’un chef d’État arrogant et égocentrique et de son valet de chambre » – nous mène des villages reculés des Andes aux prisons de la capitale, où on ne souhaite à personne d’atterrir : même les gardiens n’osent pas y entrer. Et au bout du compte, dans et hors les murs, selon la locution en son temps déjà utilisée par Guy Debord, « Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu ». NP
Nous tournons en rond dans la nuit de Daniel Alarcón, traduit de l’anglais par Nathalie Bru, Albin Michel, 416 p., 24 €
Deux vies
« Des fous ! » se dit Germinal. « Le monde est plein de dégénérés pour qui les autres sont des éléments du paysage où se déroule leur vie. » Paola, Daniel, Eva, Laura, Germinal et l’homoncule sordide détruit à coups de crosse près du cadavre d’Amanda… Galerie de personnages dont les destins se recoupent. Málaga et Galice sauvage. Poésie et noirceur des âmes. Le dernier Del Árbol ! LB
La Veille de presque tout, de Víctor Del Árbol, traduit de l’espagnol par Claude Bleton, Actes Sud
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