Lire ou pas ?
Dix bonnes ou mauvaises raisons
1
Parce que c’est une histoire de fantômes, et qu’aujourd’hui, disons-le clairement, ça se fait rare, les histoires de revenants, en littérature. Vous voyez encore de quoi il s’agit ? Ces êtres évanescents qui hantent les vieilles baraques et fichent une trouille bleue à ceux qui les rencontrent. Sauf peut-être à Claude, personnage central du roman de Catherine Dujour.
2
Parce que Claude est un parfaite looseuse, mais que ce roman n’est pas glauque, ni triste, et que c’est important, en période de rentrée, d’avaler des romans revigorants
3
Parce qu’il n’est absolument pas question dans ce récit d’épidémie, ni de quarantaine, ni de confinement, ni d’hôpitaux engorgés, ni de réanimation. Parce qu’on n’est pas TOUJOURS obligés de se farcir du côté de la fiction ce qu’on se coltine jour après jour du côté de la réalité.
4
Parce que c’est un premier roman (euh, enfin presque) et que parfois ça fait du bien de lire autre chose que le quarantième roman de l’auteur en tête des ventes qui publie, comme chaque année, son nouvel opus, déjà promis à une belle destinée.
5
Parce que la première phrase du roman c’est « Claude avait quarante ans et elle les faisait ». Mais je vous assure que la suite est plutôt drôle. Il faut me croire.
6
Parce que l’histoire débute par le message d’un mystérieux commanditaire américain et se poursuit avec une lutte acharnée opposant Claude à des spectres absolument terrifiants armés de cidre empoisonné ou même d’une clef de douze, pour s’achever d’une façon tout à fait différente. Et saluons au passage le courage de Claude, qui, il est vrai, vu son existence et ses rapports avec Pôle Emploi, n’a plus grand-chose à perdre, mais quand même.
7
Parce qu’il n’est absolument pas question dans ce récit d’épidémie, ni de quarantaine, ni de confinement, ni d’hôpitaux engorgés, ni de réanimation. Je préfère que ce soit bien clair.
8
Parce que la narratrice dézingue définitivement le Positive Thinking (« Rester positive ! »), « une façon d’admirer les taches sur ses chaussures après avoir marché dans la merde qui la dépassait complètement ».
9
Parce que l’histoire est aussi un joli pied de nez à ce qu’imposent les licenciements économiques, à Pôle Emploi et ses absurdités et aux maris qui battent leurs femmes.
10
Parce qu’il n’est absolument pas question dans ce récit d’épidémie, ni de quarantaine, ni de confinement, ni d’hôpitaux engorgés, ni de réanimation. Et qu’au fond, on a beau dire, ça soulage.
Au bal des absents, de Catherine Dufour, Seuil, Cadre Noir, septembre 2020, 18 €
Nathalie Peyrebonne
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