Signes précurseurs de la fin du monde : chaque semaine, l’Apocalypse en cinquante leçons et chansons. Ou peut-être moins si elle survenait plus tôt que prévu.
Eh bien voilà, nous y sommes, ou presque. Chaos politique en Grande Bretagne, climat insurrectionnel en France, shutdown historique aux États-Unis, Allemagne au bord de la récession, Belgique en miettes. Et puis l’Italie, la Hongrie, la Pologne, l’Autriche, le Brésil et l’on en passe. Jusqu’au Zimbabwe, hérissé de barricades depuis une brutale hausse du prix des carburants. Et après ? Prévoyons un effondrement des marchés, une dégradation accélérée du climat et de l’environnement, des migrations en tous sens. Tous aux abris !
La revue Usbek et Rica, « le média qui explore le futur », vient de publier un entretien croquignolet avec Alexandre Boisson, cofondateur de l’association SOS Maires qui entreprend d’alerter les édiles des communes rurales sur la nécessité de se prémunir contre l’éventualité d’un effondrement afin qu’ils mettent en place au plus vite des politiques de résilience, bref de survie. Cet homme prévient : « L’effondrement, qu’il soit d’origine énergétique, alimentaire ou climatique, profitera d’abord à des individus qui ont l’expérience des circuits économiques parallèles, qui font aujourd’hui leur business avec la drogue et les kalachnikovs… Ceux qui vont se retrouver en position de force sont donc des individus n’ayant pas le même rapport à la vie que nous. Donc on risque d’être confronté demain à une forme de violence qui, aujourd’hui, n’existe qu’en parallèle de nos existences, que les forces de l’ordre sont pour l’instant les seules à connaître. Je parle là d’une réalité extrêmement violente, à laquelle personne n’a envie d’être confronté. »
Tous aux abris ! Mais pas dans les catacombes parisiennes. « Les réfugiés de demain, ce seront des Français urbains qui migreront vers les campagnes. En cas d’effondrement, il n’y a pas d’avenir dans les grandes villes », assure Boisson. Reste donc à choisir un point de chute. On ne s’y prendra jamais assez tôt, d’autant qu’il est peut-être déjà trop tard pour envisager un déménagement serein : les camions sont déjà pris d’assaut.
Le littoral offre beaucoup d’avantages (pêche, baignades, couchers de soleil rouges sur un monde à l’agonie), mais gare à la montée des eaux, plus rapide que prévu. La montagne ? L’eau ne montera pas jusque-là, mais les nuits sont longues et la neige de plus en plus rare. Le village de Bugarach, repaire de millénaristes furieux ? Il y aura bien trop de monde.
La rase campagne, à l’écart de tout ? Victor Hugo vous le déconseille :
Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l’ombre où l’on dirait que tout tremble et recule,
L’homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
Monte-Carlo ? L’immobilier atteint des prix insensés. Granville, la « Monaco du nord » ? Nous sommes déjà au complet. Les îles Chausey ? N’y pensez même pas, c’est pris. Guéret, dans la Creuse ? Mais c’est déjà l’apocalypse là-bas, si l’on en croit la presse parisienne.
Quelque fortin sur le causse du Larzac ? Trop tard. Le groupe Indochine a prévenu dès 2009 dans Le Dernier Jour :
Dans les fortins, il est trop tard
La chute et le déclin
Juste avant l’effondrement du monde
Et face à des armées impatientes
Il est trop tard, trop tard.
À nos âmes dans la nuit
Le dernier jour est arrivé
À nos âmes dans l’oubli
Juste un dernier jour accordé
À nos larmes dans le gris
Le dernier jour est arrivé.
Édouard Launet
Signes précurseurs de la fin du monde
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