La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

Frédéric Teillard
Partiellement belge, il multiplie ses angles, enseignement, psychanalyse, roman, trous de mémoire, poésie, bicyclette, photographie, cuisine et bons vins pour échapper mieux à toutes sortes de chasseurs.
Sous la peau

Sous la peau

Sa boîte à musique jouait une version métallique et aigrelette de Hey Jude tandis qu’une aube grise semblait attendre aux fenêtres d’entrer dans le salon où j’écrivais dans ce qu’il restait de nuit. On ouvrait la boîte...

Moloch

Moloch

ils montèrent à califourchon, nus, tout au bout des canons, les parties génitales pendant devant l’o noir de la gueule, les poings sur les hanches ou les mains dans le dos serrant le fût, le menton haut, l’air crâne et...

Pour Hamm

Pour Hamm

j’ai survécu alors, soutenu par une force plus grande ou plus constante que l’envie d’en finir, celle-ci retenue d’ailleurs, ou plutôt barrée par l’ignorance de comment finir, comment finir proprement, sans trop...

Lecture

Lecture

mais sans soute avais-je pensé impensable qu’on privât une femme de son prénom, le seul mot qui ne fût pas amarré à la bite d’un homme, son père ou son mari…

Saint Léger

Saint Léger

et je me souviens très bien de ses paroles, ce jour-là, où il a parlé de son projet de livre. C’est resté un projet. On entendait par le conduit de cheminée les voisins crier. Ça je n’en veux plus ! On ne comprenait pas tout.

Fragments de l’oeil

Fragments de l’oeil

et lorsqu’il rouvrit les yeux, il reconnut son gros Rembrandt, peintre dont il admirait les autoportraits dans lesquels il lui avait toujours semblé se voir lui-même. Et plus vivement encore à l’âge qu’il avait...

Aller simple

Aller simple

alors au seuil de la vieillesse c’est bien des coups que m’a portés mon père lorsque j’étais enfant et du regard absent de ma mère qui pensait que son mari savait comment on éduque un garçon, que je suis mort : je me...

Regrets éternels

Regrets éternels

et vous aviez quelque chose de drôle, d’animé, de vivant, qui me faisait me sentir grave, raide et froid à côté de vous et, quand je vous voyais discuter devant la porte de la résidence avec un voisin, m’arrêter et...

Citations

Citations

et puis il est d’usage de faire l’éloge des défunts. D’ailleurs les sites web de pompes funèbres proposent presque tous une page de conseils pour la rédaction de ces oraisons mortuaires, fournissent des modèles ou des...

Au temps

Au temps

J’ai à peine regardé la mer. Je me souviens que hier, sous le ciel clair de midi, elle était presque bleue, et pleine je crois. Dans d’autres circonstances, je me serais baigné, trempé plutôt car elle ne devait guère...

L’épilogue

L’épilogue

« Maintenant je vais dormir », disait-il chaque soir à celle d’entre nous qui quittait la dernière sa chambre. Mais ces quatre mots étaient adressés aux autres aussi, celles qui, après l’avoir embrassé, étaient...

Diminuendo

Diminuendo

lorsqu’il mourut, l’écriture n’était alors plus pour lui qu’une des petites tâches matinales, ordinaires, quotidiennes, utiles ou seulement habituelles, de celles qu’on n’arrive pas à négliger sans s’en faire quelque...

P.I.B. R.I.P.

P.I.B. R.I.P.

Et en ce temps-là, dont même les plus anciens parmi vous ne peuvent se souvenir, l’indicateur principal de la croissance était encore le P.I.B., produit intérieur brut. Or c’était un instrument de mesure non seulement...

Trahir

Trahir

et le 17 novembre 1925, pensant peut-être par-là attirer sur son fils nouveau-né la gloire dont il avait rêvé pour lui-même, Thomas Shelley, hôtelier londonien enrichi, convainquit sa jeune épouse, Ann Godwin, de donner à l’enfant les mêmes prénoms que le fameux poète Shelley, Percy Bysshe.

Dernière période

Dernière période

En peu de jours les passantes et les passants rentrèrent le cou dans les épaules, perdant quelques centimètres et de la visibilité sur l’avenir. On se prit bientôt à douter que ce qu’on projetait au-delà de quelques pas de soi pût réellement advenir, le froid resserra son emprise, et la peur.

A room without a view

A room without a view

Et ce soir-là, quelques heures durant, quatre, cinq, je ne leur donnai pas de nouvelles. Aussi, lorsque je les appelai quatre, cinq heures plus tard, au sortir du cinéma, pour leur dire que les rues de la ville qui grouillaient de touristes quatre, cinq heures plus tôt, étaient désertes

Bords de mère

Bords de mère

mais je rêvai cette nuit-là que je descendais le flanc d’une montagne, hors de tout sentier, le long de la frontière entre la France et l’Allemagne que matérialisait le long fil de soie d’une araignée qui le tissait à...

Les ongles de Picasso

Les ongles de Picasso

« Tu as seize ans, me dit-il. Figure-toi que c’est l’âge qu’avait Duguay-Trouin lorsqu’il participa à son premier combat naval. Il raconte dans ses Mémoires comment, au moment où il s’élance de son vaisseau sur le...

Sans épitaphe

Sans épitaphe

Le soir, au couchant, la mer, en se retirant et en découvrant des rochers et des grèves immergés à marée haute lorsque j’avais débarqué, substitua comme en un tour de magie colossal l’unité de la terre, sa continuité à...

Pierre mot

Pierre mot

La mer beaucoup plus agitée. Bat la digue et la rampe qui plonge vers la plage. Les baigneurs prudents pour se mettre à l’eau ou en sortir. Peur qu’une lame ou le ressac. Les renverse. Les roule. Les jette contre la...

La manoeuvre de Heimlich

La manoeuvre de Heimlich

puis j’ai déjeuné d’un café et de mes deux mochis fourrés à l’anko du 15 août. Le couple franco-japonais du marché me les a vendus samedi avec ce sourire embarrassé. Je leur ai dit pourtant il y a trois ans que ce...

Aux demeurants

Aux demeurants

 aucune sépulture ici n’en dépasse une autre, comme si le code de l’art funéraire qui régit l’organisation du cimetière était inspiré de la double horizontalité de la mer, d’un  côté, que sillonnent les cargos vers...

Lexique

Lexique

et face à la maison, de l’autre côté de la route, s’étendait un vaste cimetière qui remplaça, pour ma promenade matinale, les ruelles de mon ancien quartier.

Concession à précarité

Concession à précarité

et c’est seulement plusieurs semaines après qu’on l’eut enterré précipitamment (sans cérémonie ni pierre tombale car, entre autres moyens imaginés pour freiner la pandémie, le gouvernement avait interdit les...

Disparaître

Disparaître

La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dresse sa silhouette sombre, longiligne et pointue au sommet de la falaise du Pollet qui domine Dieppe, surplombe le port et la mer.

Vegan

Vegan

et on supposa qu’ils honoraient leurs morts par des plaques ou des inscriptions commémoratives aux murs, aux arbres, aux pierres, posées ou gravées là où, peut-être, était survenu le décès, comme il arrive qu’on...

Les Commensaux

Les Commensaux

au cimetière, je prenais quelques photos de la tombe de maman pour les envoyer à Ulysse et à Noé, quand un type m’est tombé dessus: "Vous faites quoi là? Vous faites quoi? Vous prenez des photos à ma belle-mère? J’ai...

Osiris

Osiris

et l’année de sa mort, je l’ai connu. Il habitait une petite maison au-dessus des rails de chemin de fer qui mènent en banlieue ouest ou au-delà, en Normandie. Les trains qui passaient sur les voies les plus proches...

Érato

Érato

par un jeu de mots qu’elle savait qu’on trouverait facile et peut-être même de mauvais goût, indigne en somme d’une poétesse, mais qui exprimait selon elle parfaitement, c’est-à-dire dans une forme imagée, précise et économique comme un proverbe, un dicton, une épitaphe, la manière singulière dont elle s’abandonnait à l’inspiration, elle disait…

Sans nom

Sans nom

ce que je dis d’où je le dis je le dis d’où je gis, de sous la terre du fond du trou du ventre de mère, de sous le marbre de mère de sous sa pierre où je n’ai pas de nom pas de corps pas de peau, je le dis du ventre de...

Sans date

Sans date

et la veille de sa mort — dont on ne sut bien sûr que le jour de sa mort que ça avait été la veille de sa mort —, malgré l’état de grande faiblesse où il se trouvait depuis plusieurs semaines, il quitta son lit, monta...

In fine

In fine

on se tient à la table dans la compagnie des légumes qu’on entretient la main lente et le fil du couteau tranchant on dépose avec soin son visage dans le chou la carotte et le panais les doigts sentent l’ail on tourne...

À l’horizon

À l’horizon

bientôt le sentiment se mit à prévaloir qu’on ratait tout qu’on ne manquait pas seulement à réussir mais encore à éviter d’échouer alors on se cala dans le fauteuil de la tiédeur plus rien n’empêcha qu’on donnât de soi...

Commerce

Commerce

et le printemps dont on avait regardé les premiers jours en souriant, comme un trésor soudain, une récolte inespérée qui promettait une vie pleine, désireuse du lendemain, on le perdit pareillement, d’un coup, comme...

Crayonné

Crayonné

les poèmes des rue de Paris s’écrivent à l’encre mêlée des caniveaux où les balayeurs poussent les grumeaux de la nuit la poésie des rues de Paris est oblique sagement pentue elle accueille les corneilles le soleil les...

De la connaissance matriochka

De la connaissance matriochka

savoir qu’au pied de la colline
l’océan qu’on voit bat contient déjà
ne plus savoir
qu’au pied de la colline
l’océan bat
et savoir qu’au pied
de la colline
Fragment météorologique : l’orage

Fragment météorologique : l’orage

dans le petit jour gris les corneilles animent seules le feuillage des platanes figé dans l’air lourd
depuis la veille on est pris dans la l’étreinte épaisse d’une pensée médusée on dirait du gras
Fragment météorologique : l’averse

Fragment météorologique : l’averse

les bourrasques secouent
de larges draperies de pluie
sur les trottoirs torrentueux
ou cherchent leur équilibre
oblique et sautillant
les passants
Sauvetages

Sauvetages

au patient épuisement
des forces on se livrait
que le corps n’eût plus
d’asile que l’inépaisseur
d’une image numérique
et que s’éteignît l’âme d’un clic
Finir comme un légume

Finir comme un légume

je tranche des carottes
de l’ail et du fenouil
dans la nuit
j’aime le craquement
du couteau dans la chair ferme
Pousse encore hier

Pousse encore hier

peser aussi les mots
que l’on adresse aux morts
— ils sont un peu de notre poussière et
les entendent chacun le sait
ou tout au moins s’émeuvent
à leur manière
Récit, prière

Récit, prière

les nuages qu’on disait
les troupeaux du ciel
et qu’on savait les vents
mener par-dessus les têtes
à pâturer les horizons
passèrent un jour les fenêtres
À deux mètres au moins de soi

À deux mètres au moins de soi

amnésiques des jours
et des visages
ignorants des leçons
de lumière comme de ténèbres
la joie
à notre vue que le risque
Racines d’Orphée

Racines d’Orphée

je suis les arbres dans leur procession
leur bousculade immobile
et bruissante je ne veux
dans mon paysage défait d’homme
être rien d’autre
et leur âme éparpillée
dans les pages des livres
Circuit court

Circuit court

fondu les plombs
trouver la lumière dans la chair
d’une courge dans
l’aveu que font à demi
les pétales des renoncules
dans ce qu’il reste à découvert
des visages
Passeggiata

Passeggiata

on promenait son humanité
à la laisse
on en considérait d’un œil
tendre les déjections
les aboiements
fièrement
L’impropre de l’homme

L’impropre de l’homme

par les milles détours liturgiques de leur ramure effeuillée les grands platanes du boulevard tentaient d’approcher le ciel
et ce matin pâle dimanche grelottant aux hurlées des scies mécaniques
Des lendemains qui chanteront

Des lendemains qui chanteront

rien ne se fait dit-il sans éviscération de l’impossible
sans rupture du col de l’interdit
et le voilà barbouillé d’entrailles qui paraît
Les complaisants

Les complaisants

les moins oublieux se souvenaient que des années plus tôt déjà l’hiver avait ainsi repris la mer en plein janvier et qu’on n’en pouvait donc tenir pour responsable celle que les pareils appelaient la folle
Kaïros

Kaïros

c’est un matin d’hiver ordinaire on est
sur la pente de la nuit qui mène
au travail on se demande
mais un instant
à quelle classe
moyenne on appartient et puis
Aux funérailles de 2020

Aux funérailles de 2020

On colore les cimetières de chrysanthèmes On célèbre la seule armistice le dépôt pour de bon des armes c’est la mort On les envie un peu les reposés de n’avoir plus mal au ventre plus peur
Encore toujours

Encore toujours

on avait répudié de longtemps
les cinq sens légitimes
on s’épilait avec des précautions félines
les poils des yeux
on en tressait des nids minuscules
aux mouches de l’entendement
À ceux qui résistent

À ceux qui résistent

des feuilles nous avons pris la lumière bleutée qui fait aux arbres leur robe d’ombre
et du ciel le roulement d’un coup de dés sur le tapis de l’infini
aux bouches emprunté les poissons et l’argent des paroles
Comment résister

Comment résister

ils battent le pavé des villes ceux qui
trop obliques ou verticaux
pas assez épandus ou pliés
n’ont pas franchi la porte
des statistiques
Une saison d’élégie

Une saison d’élégie

les yeux mi-clos à la chute des feuilles on les dit mortes on confond
la mort et le détachement
c’est qu’on les envie
qu’on ne sait
passer la main légère
entre les cuisses qu’égrène le temps
Finement con de nuit

Finement con de nuit

puisqu’on ne peut plus qu’on n’en peut plus après vingt-et-une heures traverser la rue j’arrive chez mes voisins avec mes cordes et mes tuyaux de poésie d’improvisation de composition instantanée ils me reçoivent au fond de leurs pantoufles

Sur le pont

Sur le pont

quand même l’équarrissage du temps quand même les dépeceurs de l’espérance les égorgements quand même le gravier des nécessités l’avalanche des exigences les falaises les éboulements les coulées de haine boue les...

Regarder les gens (2)

Regarder les gens (2)

d’une part réduite de l’humanité le dessein d’empoisonner l’autre avec autant que taire se peut son consentement  

Regarder les gens (1)

Regarder les gens (1)

        trois haïkaïs énigmatiqueset cependant malgré tout même partout les arbres bourgeonnent  longtemps après n'être pas né voici l'enfant  des trois lettres du non dans l'oui l'o seul demeure

Au cœur de l’estivant

Au cœur de l’estivant

j’allais à vide l’âme le sol rincé le ventre plein de chien mordant l’œil aiguisé d’appétit d’ombre j’allais ma force était telle que la mer d’un coup l’aurais tirée sur le rivage et là laissée sécher riant de l’agonie...

Mise au point

Mise au point

n’oublier pas que le migrant de l’homme est le semblable et le sédentaire le différent    remettre au Mouvement majuscule         croire que la Terre est territoiresseulement alors que tant de...

Oui, mais vite

Oui, mais vite

dorer décaper choisis il est temps la jetée du présent s’effondre la mer bout   © Frédéric Teillard

Tenir lâcher tenir lâcher tenir

Tenir lâcher tenir lâcher tenir

ce qui paraît la nuit déparaît au matinon vient au monde entre des mainsinconnues aux doigts imaginairesmais longs et fins qui tirent lapossibilité d’un fil et qui sait d’une toileet cependant déjà l’on...

Éloge du glissement

Éloge du glissement

être une valeur peusûreprendre le temps de navrerles espérancesavoir entendu de l’humain le chant de nuit puissance du non jouissance du bris et de la vue des débris longue goulées d’envers et de contraire ivresse des...

À quatre mains

À quatre mains

            en me levant à cinq heures chaque matin tu fais de moi le plus tenace des poètes debout la tête épanouie comme un houppier les doigts sur le clavier d’où monte la nuit j’attends             la grande...

Sous le ciel toujours bleu

Sous le ciel toujours bleu

dormir rêver peut-être de prendre rendez-vous chez le coiffeur fermé consulter un catalogue de poignées de porte acheter de la crème glacée de première nécessité dans l’espoir d’un autre monde et l’indifférence à son...

Au carrefour du présent

Au carrefour du présent

l’entrée se fit imperceptiblement dans des temps beaucoup plus difficiles les murs disent qu’avantils aimaient les gensmais que c’est finila philanthropiede pierre et de ferterminé y comprispour les jeunes filles qui...

Sauvons les mers, les océans

Sauvons les mers, les océans

elle me tenait le bras la vie la main posée sur l’alpaga vert de mon costume en un geste qu’on ne voit plus qu’au cinéma nous allions côte à côte la vie et moi

Résistances

Résistances

si rien ne se dit plus pas un mot qui ne soit poursuivi traqué frappé d’opprobre de censure et que la langue penche désolée sur son squelette le poème alors est un plaisir de bouche qu’on le mâche le bave le crache le morsure suçotement se le passe avec la langue entre les dents

Attendre hors-sol

Attendre hors-sol

nous aimions les allumettes qui bientôt ne seraient plus nous aimions les arbres aussi les animaux de toutes les manières les regarder leur parler les manger nous faisions à la vie de tremblantes dévotions et de furieuses à la mort nous nous préparions à la catastrophe

Trois destins du beau

Trois destins du beau

que dire de ce qui sitôt saisi s’évanouit et du panier où le parfum puissant des roses mures se mêlait à l’odeur tenue du poisson montaient une haleine de massacre et des cris de couleur on ne voulait pas le manger on désirait seulement que cela fût

Seul avec tous

Seul avec tous

salut Paris les platanes de la République effeuillée les foules des colères souterraines les impatients dans leur exosquelette de plastique et de verre Securit les trottinettes montées par d’indomptables individualistes
Car si pitié de nous pauvres avez

Car si pitié de nous pauvres avez

sa cabane tout un décor de meubles fatigués et de bibelots joyeux arrangés avec soin autour d’une banquette dans un renfoncement de la rue de Clignancourt sa cabane sans toit ni murs son intérieur dehors

Par notre ombre portés

Par notre ombre portés

ce qui nous heurtait alors dans le fait que les industriels programmassent l’obsolescence de leurs produits, c’était que cette planification de la panne, ce paramétrage de l’accident, cette organisation du vieillissement nous renvoyait sourdement et en la déplaçant sur des objets

Se souvenir de Jonas

Se souvenir de Jonas

les bêtes disparues jamais cependant ne prit fin le temps d’enfance où nous parlions aux animaux aux animaux vivants ou morts les bêtes empaillées des musées d’histoire naturelle ou des cabinets de curiosité les sauvages les domestiques les plumeuses les écailleuses…

Le déjeuner sur l’herbe

Le déjeuner sur l’herbe

Nous donnions alors aux séismes, aux tempêtes, aux éruptions des prénoms humains, c’est dire que malgré tout l’aveuglement et l’inconscience que manifestaient nos actes quotidiens, nous savions…