La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

La revue culturelle critique qui fait des choix délibérés.

2018 en séries
| 01 Jan 2018

De toutes les addictions qui nous minent, celle aux séries TV est sans doute la plus bénigne. Elle peut même être bénéfique quand ces séries nous embarquent vers le côté face de décors dont nous n’aurions même pas songé à explorer le côté pile. Si le contour des nouveautés 2018 reste un peu nébuleux, on peut déjà recommander les prochaines saisons de séries qui ont fait leur preuves tant par leurs qualités que leur capacité d’accoutumance.

 

Big Little Lies

Cette mini-série de sept épisodes diffusée par HBO (par OCS City en France), starring Reese Witherspoon et Nicole Kidman, fut une des bonnes surprises de 2017. Elle peut être vue comme une version californienne de la britannique Broadchurch : un crime et l’enquête qui s’ensuit permet de rentrer dans l’intimité de quelques foyers, de découvrir les drames qui s’y nouent et plus largement de s’imprégner la vie sociale du lieu. Pour Big Little Lies, c’est la ville aisée de Monterey, les violences conjugales et l’Amérique post-internet. La chose pouvait difficilement avoir une suite, tant cette mécanique scénaristique de précision semblait n’avoir été remontée que pour une seule saison – son réalisateur canadien, Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club), a d’ailleurs déclaré : « Si nous faisons une saison 2, nous casserons ce bel objet que nous avons créé et le gâcherons. » Eh bien non : vu son succès, la série en reprend pour un tour avec un nouveau réalisateur, mais le même scénariste, David E. Kelley. Bonne chance à lui ! Et tant mieux pour nous.

 

Shameless

On ne lasse pas des aventures de la famille Gallagher, habitants déjantés d’un quartier pauvre de Chicago. Aucun tabou ici : rarement on a vu la misère sociale être mise en scène avec autant d’alacrité, sur fond d’alcoolisme, de drogue et de sexe. Le rêve américain retourné comme une vieille chaussette. La huitième saison est en cours de diffusion aux États-Unis sur Showtime, et le sera probablement en France sur Canal+ Séries. Une neuvième a déjà été commandée.

 

Black Mirror

Cette série britannique d’anthologie de (légère) anticipation est glaçante mais souvent crédible. Son sujet : la technologie poussée à ses limites et ses conséquences sociales. La qualité de cette dystopie est très variable selon les épisodes (aux castings chaque fois différents) et les sujets, mais la moyenne reste excellente. La quatrième saison est diffusée depuis le 29 décembre sur la plateforme Netflix.

 

The Marvelous Mrs. Maisel

Les aventures d’une juive new-yorkaise, femme au foyer qui se lance presque par hasard dans le stand-up : drôle, rapide et doté de jolis moyens qui permettent à la série de recréer, avec un soin maniaque, le New-York de la fin des années 50. Cette production des studios Amazon, avec Rachel Brosnahan dans le rôle titre, a été diffusée fin novembre aux États-Unis. Sa deuxième saison entrera en tournage le printemps prochain.

 

The Good Fight

Cette suite de The Good Wife, « legal drama » de Michelle et Robert King qui a tenu le petit écran pendant sept ans, fut une autre bonne surprise de l’année. Exit la pimpante Julianna Margulies, mais rebonjour Christine Baranski. Car les cabinets d’avocats de Chicago ont encore sous le pied. Synopsis de la saison 2018 : le monde devient fou et le taux de meurtres à Chicago est en hausse. À retrouver à partir du 4 mars sur la plateforme CBS All Access. Et cette fois pour 13 épisodes.

 

House of Cards

Kevin Spacey ayant quelques problèmes, la série de Netflix continue sans lui pour une nouvelle et dernière saison de huit épisodes. Avec Trump à la Maison Blanche et Spacey en cure de « désintoxication », la réalité a fait mieux que rattraper la fiction : elle l’a devancée. Comment continuer après ça ?

 

Fargo

La série dérangeante, mais drôle et toujours surprenante, produite par les frères Coen pour FX aura sans doute une nouvelle saison, la quatrième, mais on ne sait pas quand. En 2020 ?

 

American Crime

Fin de parcours hélas pour la série américaine la plus intelligente et la plus fine, qui ne connaîtra pas de quatrième saison. Les audiences de cette création du romancier et scénariste John Ridley, diffusée par ABC aux États-Unis et Canal+ Séries en france, n’étaient pas suffisamment bonnes. Il faut croire que cette autopsie des faces les plus sombres de l’Amérique (les travers des systèmes judiciaires et scolaires, les esclavages sous toutes leurs formes) était plus que ce que les téléspectateurs ne pouvaient supporter. Pas de héros ici, que des perdants. Qui ont définitivement perdu.

Édouard Launet

GuardarGuardar

GuardarGuardar

GuardarGuardar

GuardarGuardar

0 commentaires

Dans la même catégorie

14 – En finir ou pas

Il y a trois types de séries:  celles qui se sont terminées trop tôt, celles qui n’en finissent plus et celles qui n’auraient jamais dû commencer. La dernière est de loin la plus fournie. 

13 – L’art et la manière

D’une série, on connaît souvent les acteurs et les créateurs, plus rarement les réalisateurs, et jamais le directeur artistique. Or cette dernière fonction est essentielle. L’esthétique d’une série ne se résume pas aux décors et aux costumes, c’est une question d’atmosphère globale, chose impalpable qui impressionne la rétine à chaque plan.

12 – L’éros des héros

Les bonnes séries sont de formidables fabriques de héros. D’épisode en épisode, d’aventure en aventure, on finit par tout connaître d’eux. Ces êtres chimériques sont de parfaits compagnons, presque des amis, même si l’on sait que ce ne sont que des marionnettes dont les fils sont tenus par des armées de scénaristes.

11 – Affaires de famille

Les histoires de famille tournent mal en général. Surtout dans les séries américaines. Il y a mille manières de détruire un foyer et autant d’entretenir un brasier, ce qui fait que les séries familiales alignent un nombre conséquent de saisons.

10 – Pour lendemains de cuite

Mal écrites, mal jouées, mal réalisées: ce sont les séries nanars. Il faut en voir quelques-unes pour mieux apprécier les autres. On ne va pas nécessairement jusqu’au bout de la première saison, ni même du premier épisode parfois, mais il est possible d’y prendre un plaisir pervers un lendemain de cuite…