Le festival Arte Flamenco, qui fait bouger la ville de Mont-de-Marsan et ses alentours, attire des amateurs du monde entier (notamment du Japon, fan de la discipline) et réserve de drôles de surprise. Ce fut le cas avec deux prestations d’Antonio Fernández Montoya, alias El Farru, ou encore Farruco, frère de Farruquito et petit-fils du génial bailaor El Farruco. Il a une sorte de don d’ubiquité.
Mardi 7 juillet, le public venu assister à un spectacle de son cru intitulé Flamenconcierto s’est retrouvé face à un super show bling-bling où il ne manquait plus qu’un feu d’artifice final. Des créatures de rêve, sorties tout droit de Dallas, ont descendu des escaliers telles des belles de nuit, cheveux lâchés, divinités infernales. Le piano a résisté on ne sait comment tant il fut frappé par Melchor Borja. On ignore tout autant comment on a pu résister à une telle débauche d’images, de sons, de costumes, de lumière. Quant à El Farru, il n’a rien fait pour nous rassurer. Côté pile, c’est-à-dire dans ce show à l’américaine, il s’est égaré, tentant parfois un “patinage” à la James Brown, parfois un coup de bassin à la Michael Jackson. Bref, il ne restait plus qu’à fermer les yeux et à se remémorer le spectacle qui précédait, un fort délicat concert du guitariste Dani de Morón. À écouter de toute urgence.
Le lendemain, on a retrouvé El Farru, cette fois côté face. Invité dans le spectacle &dentidades de Pastora Galván avec l’impressionnante chanteuse Juana la del Pipa, il a rendu un hommage à son grand-père, complètement habité par son fantôme. Avec la légendaire canne, le chapeau à larges bords, pantalon noir et chemise blanche, il avait retrouvé son zapateado prodigieux. Il était revenu à son propre chant intérieur, héritier mais aussi inventeur. Il interprétait d’ailleurs le seul homme auquel Pastora Galván (la sœur d’Israel) consacrait une partie de son spectacle dédié aux grandes dames qui ont marqué et marquent encore l’histoire du flamenco : Mathilde Coral, Manuela Carrasco, Milagros Mengíbar, Loli Flores et Carmen Ledesma. Avec des musiciens et chanteurs d’une grande précision rythmique, elle s’est laissé porter par la force de ces femmes aussi importantes que les grandes étoiles du ballet.
Traversée par ces figures, Pastora Galván s’est montrée à la hauteur, dans une mise en scène d’Antonio Canales qui expose les costumes pendus sur des cintres ainsi que la costumière-maquilleuse. Un clin d’œil à celles qui œuvrent dans l’ombre. Initié par Antonia Emmanuelli -la femme d’Henri, qui a conservé la présidence du Département des Landes- Arte Flamenco, très complémentaire du festival de Nîmes, étonne encore, après avoir invité plus de 2 000 artistes en 26 ans d’existence.
Marie-Christine Vernay
Danse
Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan, jusqu’au 11 juillet, 05 58 05 40 35
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