Le peintre, naturaliste, écrivain et grand voyageur Iphigénin Plomp (1771-1857) sort progressivement de l’oubli. Le succès de la grande exposition présentée il y a deux ans au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris y est sans doute pour beaucoup. Ainsi que le magnifique ouvrage que lui a consacré la grande “plompiste“ Olga Selzer, publié par les éditions Pharidon. Ce livre admirable a rencontré un grand succès de librairie, malgré sa taille et son prix (525 euros tout de même, une édition brochée en plus petit format… et plus abordable devrait paraître avant les fêtes de fin d’année). Un recueil de citations et d’aphorismes est actuellement en préparation. Il devrait apporter un nouvel éclairage sur ce personnage singulier.
Le petit cimetière de Chailly-en-Bière, où il repose à proximité d’autres grands artistes (Jean-François Millet, Théodore Rousseau, Karl Bodmer qui fut son ami et d’autres moins connus, Bachelais, Plonquet et Maltravers, pour n’en citer que quelque-uns) a connu grâce à cette reconnaissance tardive et bienvenue une fréquentation accrue. Et bien, il y quelques mois, la découverte fortuite d’une photo d’Iphigénin Plomp prise dans l’atelier de Félix Tournachon (Nadar) et datée de 1858, soit un an après la disparition de l’artiste a mis en émoi les spécialistes.
Rappelons que deux groupes opposés se réclamant de lui (les Plompistes et les Plompiens, ça ne s’invente pas! NDLR) s’affrontent régulièrement. Nous avons dernièrement relaté dans nos pages une de leurs navrantes rencontres qui comme souvent s’est terminée en pugilat. Cette fois, laissant de côté leurs querelles, ils se sont exceptionnellement associés pour réclamer l’exhumation du cercueil d’Iphigénin Plomp. Celle-ci a donc eu lieu hier. Tous s’attendaient à une surprise et le moins que l’on puisse dire est qu’elle a tenu ses promesses. En effet, dans la modeste tombe du petit cimetière, les enquêteurs ont trouvé un cercueil vide. Il serait plus juste de dire qu’il était vide du corps de l’artiste, car, à sa place, parfaitement conservé, se trouvait un armadillo lunatique (Dasypus lunaticus)* naturalisé ainsi qu’une demi douzaine de fiasques de vin de Toscane, toutes vides!
Mais le plus étonnant était la présence d’un encrier, d’une plume d’oie et d’une feuille de papier très jaunie sur laquelle figurait – parfaitement lisible – ce message sibyllin: Je reviens dans un instant. D’Iphigénin Plomp, on connaissait déjà le goût pour les plaisanteries absurdes et les mystifications, mais on était loin de penser qu’il irait jusqu’à oser des facéties posthumes.
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